Sarkozy, candidat décomplexé

La journaliste Anna Cabana l’a révélé dans Le Point cette semaine : selon ses informations, Sarkozy envisagerait, en cas d’échec en 2012, de se représenter en 2017. J’ai ri.

Ainsi notre bon mètre imagine qu’en cas de défaite en 2012, après avoir échoué à sauver le monde, l’Europe, la France, et son propre siège, et avoir détricoté une très large partie de son bilan, il pourrait nous refaire le coup de la rupture –avec lui-même ?- et se représenter devant les Français en 2017 ?

Dans le jeu de l’oie de la présidentielle, le double (article) 6 (de la Constitution) lui permet en effet de rejouer. Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le mandat présidentiel a été précisé, à l’article 6 de la Constitution : « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Les modalités d’application du présent article sont fixées par une loi organique ». En conséquence, un ancien président peut se faire réélire une fois, et rien n’empêche qu’il soit élu de nouveau sous réserve qu’il n’ait pas effectué plus de deux mandats consécutifs. Un trip Poutinesque, en quelques sortes.

Mais dans ce jeu de l’oie, il y a aussi des cases Retour à la case départ. Et pour retourner à la présidentielle, le président-qui-se-sera-vautré devra en franchir deux. Premièrement, remporter la primaire à droite. Keuwa ??? Eh oui, les statuts actuels de l’UMP prévoient à l’article 14 que le candidat soutenu par le parti soit désigné par le Congrès, c’est-à-dire par un vote de l’ensemble des adhérents… au cours d’une primaire organisée en interne.

Si, si, rappelez vous… En 2007, Nicolas Sarkozy s’était bien présenté à la primaire. Bon, il était seul candidat. Mais tout de même, il avait gagné le droit d’être candidat à 100% des suffrages exprimés ! Si Sarko perd en 2012, il ne sera plus sortant, et devra se plier à une primaire en 2017. Et là, il faudrait alors que les adhérents du parti souhaitent reconduire celui qui les aurait alors mené à la défaite 5 ans plus tôt. C’est pas dans la poche… En effet, pour être l’unique candidat alors qu’il aura perdu en 2012, c’est une autre paire de manche.

Et là, nouveau Retour à la case départ : il faut se faire réélire président de l’UMP. Et une fois de plus, ça n’est pas gagné. Si en 2004 il a réussi l’OPA sur le parti majoritaire, c’est parce que Juppé s’est trouvé condamné dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, et que personne n’a vraiment cherché à éviter l’accession au trône du petit Nicolas. Peu probable que ce cas de figure se reproduise. Aussi, il pourrait être cette fois confronté à d’autres ténors pour cette élection. Keuwa ??? Une élection ???

Eh oui, là encore, les statuts actuels de l’UMP sont clairs : si lorsqu’un président de l’UMP devient président de la République, il n’est pas remplacé pendant son mandat, en vertu de l’article 48 –c’est la petite astuce de la réforme des statuts de 2007 pour permettre à Sarko de conserver la main sur le parti majoritaire pendant la durée de son mandat, et éviter que ne lui arrive ce que lui-même avait fait à Chirac en autonomisant le parti du Président-, passé ce mandat l’UMP retrouve son fonctionnement habituel… et ses élections. Le mandat de président étant de 3 ans, ce nouveau scrutin devrait être organisé dès novembre 2012, soit au terme de son mandat (moins les 5 ans de présidence de la République).

Rien ne prouve qu’il emporterait le cocotier, six mois après avoir emmené la droite à la défaite. Même si naturellement, ce sont les statuts d’aujourd’hui. Qui pourraient très bien changer une nouvelle fois au gré des intérêts de Nicolas Sarkozy. D’autant qu’il pourrait très bien récupérer son mandat de président de l’UMP dès le 7 mai 2012, en cas de défaite à la présidentielle. Il l’était quand il s’est fait élire, et rien ne précise ce qu’il advient de ce rôle à l’issue de sa présidence… Seule la durée du mandat est précisée -3 ans- il lui resterait donc 6 mois à effectuer. Le temps de préparer les nouvelles élections internes.

Toutefois, il serait délicat de faire passer une modification des statuts dans l’intervalle. En effet, la convocation du Congrès, même extraordinaire, peut difficilement se faire  avant l’été pour modifier les statuts en sa faveur, et après l’été pour le réélire. Seule éventualité, faire modifier les statuts pour lui modifier les statuts et prolonger son mandat.

Ce qui constituerait un abus de pouvoir, et même si l’UMP en a vu d’autres -comme la modification des statuts de 2007, réalisée sur mesure pour lui permettre de diriger le parti tout en étant président de la République, la situation d’un homme en capacité de devenir le prochain président de la République ne se compare pas à celle d’un homme qui va échouer. C’est pourquoi il y a tout de même peu de chances que ce qui serait perçu comme un signe fort d’une OPA à des fins strictement personnelles puisse être suivi par beaucoup de monde. Le risque d’explosion du parti n’en serait que plus grand.

Reste que le simple fait d’évoquer l’hypothèse de se représenter en cas d’échec en 2012 est osé. D’une part, cela revient à afficher un doute quant à son éventuelle réélection, ce qui n’est pas rassurant pour son électorat comme pour les adhérents de l’UMP. Mais pire, Sarkozy se montre franchement présomptueux : imagine-t-il vraiment qu’il pourrait conserver son leadership sur la droite ? Cherche-t-il une issue de secours pour son avenir, les ténors de droite pariant justement sur son échec pour se faire une place au soleil dans la reconstruction de la droite ? Ou veut-il entraîner l’UMP dans sa chute, en la faisant exploser ?

Quelle que soit la réponse, l’info de la semaine reste la suivante : même pour Sarkozy, la question de son éventuelle défaite en 2012 n’est plus taboue… tout comme le fait d’évoquer la reconstruction de la droite, qu’il a détruite. A la fois lucide, et gonflé. Si selon la célèbre maxime attribuée à Jacques Chirac, lui marcher dessus du pied gauche portait bonheur, force est de constater qu’il entend bien faire vivre la métaphore, et coller aux semelles de la droite.

SarkoShow, Acte I : J’ai sauvé l’Europe et dans quelques jours je vais sauver le monde

Les deux sommets européens passés, ayant accouchés dans la douleur d’un accord arraché au forceps –pour faire comme Carla ?- il reste maintenant le G20, les 3 et 4 novembre prochain à Cannes.

Dernier temps fort de la présidence française, mais aussi gros risque pour Nicolas Sarkozy. Le programme est ambitieux, notamment en ce qui concerne la régulation mondiale et la réciprocité. Autant dire que si la montagne accouche d’une souris, ce sera un sacré handicap pour Sarkozy, qui joue depuis la crise de 2008 sur son image de sauveur, sans avoir réellement de bilan pérenne en la matière. Des rustines ont été posées, certes, mais elles ne tiennent déjà plus. C’est dire s’il joue gros.

D’entrée, Yves Calvi demande si nous sommes sortis de la crise ou si nous colmatons la brèche. Selon le président, « ni l’un ni l’autre ». Et repart sur un long historique partant de la crise de 1929, pour finalement arriver à la crise depuis 2008 : « Lorsque les américains ont décidé de laisser tomber Lehman Brothers cela a entraîné une catastrophe dans le monde entier ». Donc c’est la faute des Ricains. Ouais, mais si les Ricains n’étaient pas là, nous serions tous en Germanie, à parler de je-ne-sais-quoi, à saluer je-ne-sais-qui… puis il enchaîne, en disant que nous –les européens- ont a essayé d’éviter ça. Bref, on a sauvé le monde, parce que sinon on allait tous mourir : mode Superman enclenché. Enfin presque : « nous sommes face à une crise de la dette colossale qu’il s’agit de régler ». Parce qu’avant Lehman Brothers, y’avait pas de problème de la dette peut être ?

Revenons à l’accord de cette nuit. Pour le président, déclarer la Grèce en faillite aurait entraîné la totalité de la zone Euro. Donc « Les Grecs font des efforts mais comme ils ne pouvaient pas rembourser 200 milliards d’euros nous avons demandé aux banques d’effacer 50 % de leurs créances. » Hum… amusant lorsque l’on sait que quand DSK avait évoqué cette hypothèse, Fillon l’avait traité d’irresponsable. Doit on comprendre que notre bon mètre serait irresponsable ? Ou qu’il a baissé son slip de Superman ? Au passage, ça n’est pas 50% de la dette grecque qui est effacée, mais 50% de sa dette privée. Elle doit quand même encore un paquet aux Etats et institutions internationales (Etats, FMI, FESF, BCE) mais bizarrement Sarko n’en pipe mot.

Jusque là, on a surtout compris qu’on n’a pas sauvé la Grèce, mais surtout les banques. Et le vilain Yves Calvi ose poser justement cette question là. Et je vous le donne en mille, Sarko botte en touche, en donnant un bon coup de bâton aux grecs, qui ne sont pas blanc-blanc… Et n’y va pas par quatre chemin : « La Grèce est rentrée dans l’euro avec des chiffres qui étaient faux et elle n’était pas prête, son économie n’était pas prête à rentrer dans la zone euro et nous en avons payé les conséquences ces derniers mois ». Mais n’oubliez pas, c’est le candidat qui vous parle… Il n’hésite donc pas à rajouter qu’elle est entrée dans la zone Euro en 2001, et qu’il n’était pas aux affaires. Ca n’est pas sa faute à lui : mode Lolita enclenché. Au passage, Jospin, Chirac, bandes de gens qui soutenez Hollande de plein gré ou par humour corrézien, suivez mon regard…

Sarko passe ensuite sur le douloureux passé entre la France et l’Allemangne. Décidément ce soir on voyage dans le temps. Après le XXème siècle et sa crise de 1929, nous voilà reparti jusqu’en 1870, puis les deux guerres mondiales. C’est un bon moyen pour les élèves de 3ème de réviser rapidement et à moindre frais leur BEPC. Autant rentabiliser le cours magistral de notre cher nain Prof. Sauf que pas trop quand même, vu que pour Sarko, nous avons eu trois guerres avec l’Allemagne dans le même siècle. Aïe Aïe Aïe… D’ailleurs le voilà qui verse dans le mélo : « Puis des hommes ont dit on va ensemble construire la paix… ».

Je me vois déjà, courant nue dans les prés, un bouquet de marguerites dans les mains, et un peace and love tatoué sur le sein gauche, hurlant « Angela, ich liebe dich » à tout bout de champ, c’est le cas de le dire. Ah ah. Bref, je rêve sur ce nouvel épisode des Feux de l’Amour version amitié franco-allemande, celui dans lequel Nicolas et Angela sont un peu en froid –Nicolas balance Angela et trouve leur couple moins francs que d’autres couples franco-allemands dans le passé- mais se décident finalement à signer un accord européen pour ne pas qu’on se foute de leur gueule au G20.

Et n’allez pas dire, odieux que vous êtes, que cet accord n’est pas brillant et qu’il met seulement l’Euro sous perfusion. Vous seriez alors d’odieux colporteurs de ragots, tel ce Jacques Sapir, économiste pro-démondialisation, qui publie ce soir dans Marianne son analyse sur ce qu’il appelle « le pire accord envisageable ».

Parce qu’il entraînera selon lui la baisse de l’indépendance de l’Eurpe en internet –poids décisif de l’Allemagne et non plus du couple franco-allemand- et en externe –entrée probable de la Chine dans le FESF ce qui au passage, annule de facto toute tentative de mesure protectionniste, et met à mal la négociation sur la réciprocité-, ne rassurant que temporairement les marchés qui comprendront que ce n’est pas suffisant et reprendront rapidement la spéculation.

Jacques Sapir, lui, préconisait plutôt l’auto-dissolution de la zone euro. Et Sarko n’a pas répondu à cette tendance là, pourtant croissante dans l’opinion, des extrêmes à Montebourg. Mine de rien, ça fait tout de même entre 15 et 20% de personnes qui sont lâchées dans la pampa sans avoir eu la moindre contre argumentation. Ou le danger de faire une primaire tout seul, sans contradiction. Bref, de toutes façons on va tous mourir. Ou comment Superman a baissé sa culotte, faute d’avoir les moyens de s’en acheter une propre.

Et Pernault (Ricard ?) refroidit encore un peu l’ambiance autant que le glaçon dans le Pastis (Ricard !) : « Combien ça coûte aux français ? ». Le mec monomaniaque. Depuis le lancement de l’émission Combien ça coûte en 1990 –eh oui, ça date !- JPP n’a jamais quitté son fond de commerce. Donc selon Sarko, « La France a prêté à la Grèce 11,5 milliards d’euros. Aujourd’hui ce prêt n’a rien coûté au contraire, cela a remporté des intérêts ».

Mouais mouais mouais. Donc ça ne nous aurait pas coûté d’argent, ça nous aurait même rapporté. Parce que la Grèce ne peut pas payer sa dette, mais elle peut payer ses intérêt. Comme nous, quoi. Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu ? Parce que dans la vraie vie, on a tout de même payé tout ça par le Plan de Rigueur de Fillon hein. Faudrait peut être voir à pas trop nous prendre pour des jambons… Parce que tous les buveurs de Coca s’en souviennent. Même si notre président s’appelle Ni-Cola(s). Ah ah.

Bon sinon, entre deux fautes de syntaxe qui nous rappellent que le président qui met en place un examen de français plus drastique pour les étrangers visant la naturalisation ne le réussirait sans doute pas lui-même, on apprend ça a coûté 100 milliards aux banques. Bah oui, 50% de 200 millions d’euros. Jusque là on sait encore compter… Les banques qui, d’ailleurs, étaient bien obligées de jouer le jeu, sinon elle faisait face à un défaut de paiement –de la Grèce- et boum, le monde explosait. Et on allait tous mourir. Sarko se rengorge d’ailleurs, pas à une contradiction près : « Le marché c’est la quintessence du court terme (…) mais je préfère avoir une bourse qui augmente et des marchés qui nous font confiance ».

Ainsi s’achève l’acte I et l’explication du sommet européen sur cette anaplodiplose : Sarko a sauvé le monde. Et fait des figures de style, à l’insu de son plein gré. Et si on passait à la France ?

UMP Paris : Petits meurtres entre amis

Paris, Ville Lumière. De celles qui attirent autant les talents que les mouches autour de la lanterne.  Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en matière politique, il y a du monde à droite autour du pot de miel.

Déjà Rachida Dati, lors des municipales 2008, avait été parachutée dans le 7ème par le fait du Prince –sa proximité avec Sarkozy- au nom de la discrimination positive, dans un arrondissement acquis à la droite et où, comme je l’ai déjà dit, mon chien pourrait se faire élire s’il portait un collier UMP.

Mais voilà, Rachida manque de sens politique et n’est pas la dernière à jouer les Rastignac, aussi c’est sans aucun complexe que la belle s’est lancée dans la fronde anti-Fillon… l’insolent ayant eu la mauvaise idée de venir lorgner sur ses terres. Ce même 7ème arrondissement. Ce lieu magique acquis à la droite et qui à force de subir l’idiotie de l’UMP, finira bien par voter DVD. Juste pour faire chier. Comme le fit l’audacieuse Neuilly aux municipales de 2008, choisissant le dissident Jean-Claude Fromantin contre l’élyséen David Martinon. Qui depuis se la coule douce à L.A.

Mais quelle mouche a piqué Dati ? Certes, elle visait la même circonscription –vu que c’est celle qui englobe la majeure partie de son arrondissement- mais tout de même, la beurette de service est tout de même bien récente dans la capitale, et se prendra naturellement l’effet boomerang consécutif à son audace. Parce que vraiment, Rachida ne manque pas de culot. Dire que le Premier Ministre irait ailleurs s’il avait du courage –sous entendu ailleurs que dans une circo acquise-, c’est tout de même pointer du doigt… sa propre absence de courage en 2008.

Pour mieux comprendre pourquoi Rachida part au combat, il suffit de se rappeler qu’elle n’a pas vraiment le choix si elle veut se faire une place au soleil du Palais Bourbon –rappelez-vous, Bruxelles c’est loin et chiant- mais aussi, de chercher qui la soutient, et de voir à qui profite le crime. Et là, on tombe sur une frange de la vieille droite parisienne, bien décidée à prendre sa revanche. Comprendre : ne pas se laisser dicter les ordres depuis l’Elysée. Parce qu’ils ont déjà donné.

Regardez bien, on trouve dans les soutiens –ou plutôt marionnettistes- de Rachida des gens comme Charon ou Goasguen. Le premier, bien qu’ami et ancien conseiller de Sarko, ne s’en laisse plus compter. Et n’a pas hésité à mener sa liste dissidente aux sénatoriales, pour se mettre au vert au Palais du Luxembourg. Au chaud pour six ans le Charon !

Le second, Claude Goasguen, s’est prêté au jeu des primaires parisiennes en 2008… jeu dans lequel il a rencontré quelques petits soucis. Arrivé en seconde position, il s’était retiré pour laisser Françoise de Panafieu, arrivée largement en tête du premier tour, mener la liste… et l’avait soutenue, en traînant les pieds. Les autres candidats avaient en effet pris fait et cause pour l’élue du 17ème arrondissement.

Quels points communs entre Charon et Goasguen ? Ce sont de vrais parisiens. Investis depuis longtemps sur la capitale, ils entendent bien tirer les marrons du feu sur Paris, et ne pas se laisser enquiquiner par les parachutages de personnalités en mal de terre d’élection. Mais alors pourquoi cette alliance de la carpe et du lapin avec Rachida ? Et bien c’est simple : Rachida est le jouet qui va partir en première ligne, éventuellement se cramer, pendant qu’eux resteront en arrière-ligne à compter les points.

Au risque de vous surprendre, en dehors de leur idée un peu stupide de s’allier à Rachida –qui n’est pas crédible, en tant que parachutée également-, ils ont raison sur le fond. Il est anormal que des élus qui travaillent sur Paris depuis des années soient éclipsés au profit de la star de l’instant : tout ceci ne participe pas de la méritocratie. Et soyons honnêtes, Fillon n’a pas plus de chances qu’un autre d’emporter Paris. D’où la volonté de tout ce petit monde de voir le système des primaires reconduit à Paris. Ils ont d’ailleurs signé un appel en ce sens, très bien analysé par Francilie11. Histoire de bien faire comprendre à Fillon que tout Premier Ministre qu’il est –et ne sera probablement plus en 2014, rappelons le…- il devra s’y plier.

Evidemment Philippe Goujon, le président de la Fédération de Paris, est incapable de gérer toute cette agitation, étant lui-même de parti pris pour le camp du Premier Ministre. De même que Lamour, le président du groupe UMP au Conseil de Paris. Et ce n’est pas Copé qui, en rajoutant une couche ce soir en recevant tout ce petit monde à l’UMP, va débloquer le dossier : sa mésentente avec Fillon le disqualifie d’emblée… même si les deux ont plutôt intérêt à s’entendre, comme les rumeurs de Pacte Fillon-Copé le laissent penser. Hum, aujourd’hui peut être, mais ce serait étonnant qu’un éventuel accord survivent aux fourches caudines de 2012…

C’est donc le bordel intégral, d’autant que Fillon a bien préparé son coup : nombre de ses proches, issus de son cercle de réflexion France.9, se sont fait élire délégués de circonscription l’an dernier, avec le soutien de Philippe Goujon. Déjà dix ans que ces séguinistes attendent l’occasion de prendre leur revanche des municipales de 2001, et je peux vous dire qu’ils ont faim. Certains même s’y croient déjà… L’un d’entre eux, ainsi, se présente sur Paris comme directeur de cabinet de Fillon alors qu’il n’est que simple trouffion à Matignon. Ca pourrait faire rire s’il ne s’agissait pas d’occuper un jour des responsabilités… Ou comment la droite parisienne s’enferme dans le concept de droite la plus bête du monde, et reste, plus que jamais, terriblement divisée.

Quant à François Fillon, il réussit, en se déclarant déjà candidat aux législatives tout en lorgnant sur les Municipales de 2014, le double exploit de mettre à feu et à sang la Fédération de Paris, tout en affaiblissant l’exécutif qu’il est censé diriger. En effet, comme je l’ai déjà évoqué, comment peut il à la fois croire en la victoire de Sarkozy en 2012 et se lancer dès maintenant dans une campagne personnelle ?

S’il était confiant sur la victoire, il se serait déclaré au lendemain du 6 mai, pour surfer sur la vague, profiter de l’élan, avec toutes les chances de l’emporter. Là, il part en loser dans une circo facile, qu’il négocie gentiment avec le tenant de la partie 5ème/6ème arrondissement –JeanTibéri- histoire d’atterrir en douceur dans une zone sans trop de turbulences. Tous les signes d’une défaite présidentielle sont donc annoncés.

Ou comment, en voulant négocier son avenir personnel, le Premier Ministre a mis le feu à la majorité. Tout ça n’est pas faire preuve d’un grand sens des responsabilités : une fois de plus, hélas, l’intérêt particulier l’emporte sur l’intérêt général. Et cela confirme la donne à droite : en ce moment, de la base jusqu’au sommet de l’excutif, c’est sauve qui peut, quittons le Titanic, en un mot, Courage, fuyons Fillon !

Politique et internet : et les blogueurs dans tout ça ?

Participer au petit-déjeuner Politique et Internet : Je t’aime, moi non plus ? proposé par APCO Worldwide et La Revue Parlementaire était intéressant.

Chacun a pu gloser sur la place de la politique sur internet, et de la place d’internet dans la politique. En substance. Naturellement, l’échange ayant duré deux heures, nous n’avons pas pu passer la journée dessus. Subsistent donc quelques questions, auxquelles j’ai déjà pu, en tant que blogueuse, me heurter.

Pour l’instant, les politiques s’interrogent sur la manière d’intégrer internet dans leur campagne, mais sont encore dans le mythe du contrôle. Aussi, ils n’imaginent internet que comme un outil dont ils pourraient faire ce qu’ils voudraient. Et réfléchissent en terme d’applications appropriées. Dans cette optique, Internet est vécu comme un progrès. Mais dès que vous passez à l’internet comme média et source de points de vue, il n’y a plus personne. Internet est encore trop considéré comme un simple outil de propagande.

Et je sais de quoi je parle. Blogueuse, je cherche depuis quelques temps à me faire connaître des staffs de campagne des uns et des autres, pour couvrir leurs événements dans le cadre de la présidentielle. Et bien… Rien. Si j’ai pu réaliser un gros dossier sur la primaire, c’est grâce aux retransmissions télévisées. Seule exception notable, le PS local, qui lui, était ravi de disposer de ma couverture de l’événement. Sans rien me demander en retour, et surtout pas un papier favorable.

Du côté des états majors, en revanche, c’est plus compliqué. Si le staff d’Hollande m’avait permis l’accès à un de ses meetings –mon dos m’a finalement empêchée de m’y rendre- le PS national ne m’a pas accordé d’accréditation pour sa convention d’investiture. Autant je veux bien croire l’argument du manque de place, autant qu’ils ajoutent dans leur mail de réponse « dans nos locaux » alors que la convention se tient à la Halle Freyssinet –et non à Solférino- me laisse perplexe. Comment vous dire que je n’y ai pas vraiment cru ?

Quel est le problème ? J’avoue ne pas le savoir. D’autant que personne n’a cherché à tester mon influence, aussi l’on ne peut argumenter sur un potentiel manque de visibilité. Je me souviens juste qu’en 2007, il avait été bien plus simple d’être accréditée par l’équipe de Bayrou, y compris en fin de campagne, et ce sans avoir à montrer une quelconque appartenance à la génération Orange. Cette équipe avait tout simplement compris qu’il nous est plus simple de disposer une table où brancher notre matériel, et de disposer des discours remis à la presse pour traiter plus rapidement l’événement. Et donc, s’en faire l’écho au rythme 2.0.

J’espère que ces prochaines semaines, les différents partis sauront traiter ces demandes sans parti pris -ah ah-, et faire de la place au-delà des blogueurs « maison ». Faute de quoi, internet perdra de son intérêt, et la campagne sur le web avec, faute de disposer d’un regard différent, venu non point des appareils, mais de la simple populace. Politique et internet, Je t’aime, moi non plus ? C’était bien la bonne question à poser.

Ci-gît l’UMP…

Pendant la primaire, Martine Aubry qualifiait François Hollande de gauche molle… et bien je n’hésiterai pas à qualifier l’UMP de droite folle.

L’après-primaire est en effet vécu de manière totalement disproportionnée à droite. En la matière, l’UMP n’a pas manqué de faire quelques jolies sorties de route.

Face à cette attitude responsable, encore une fois la droite me fait honte. Tout a commencé pendant la primaire. Le parti majoritaire n’envisageait pas de voir l’opposition intéresser les médias, fascinés par cette nouveauté. L’UMP a donc commencé à aboyer, notamment par la voix des habituels débiteurs d’éléments de langages préfabriqués à l’Elysée : Copé et Morano. Dans le même temps, le secrétaire général de l’UMP, obnubilé par le PS, s’est mis en tête d’organiser la riposte.

Ainsi durant les trois débats de la primaire, les jeunes de l’UMP étaient invités à se retrouver au siège du parti, au 55 rue La Boétie, pour… tweeter ensemble sur les débats, en direct de l’UMP. Que doit-on penser d’un parti qui ne se positionne pas sur des valeurs, pour un projet, mais contre celui du voisin ? C’est un peu court… Et négatif. Me revient à ce moment là en tête un tract que les jeunes pop avaient réalisé en 2004 contre les extrêmes de droite comme de gauche. Avec cette accroche : « Ils veulent tout détruire. Nous, nous voulons tout construire ». Les Jeunes Pop de 2011 semblent avoir rejoint le côté obscur de la force, celui qui détruit mais sans rien proposer. Adieu les idées.

Au soir du second tour, le parti majoritaire en remet une couche, allant de plateau télé en plateau télé pour beugler les mêmes phrases compilées sur les petites fiches préparées à cet effet. C’est étonnant cette incapacité à s’approprier des éléments de langage pour les exprimer avec ses propres mots… Parfois je m’interroge sur le niveau des politiques qui se sont prêtés ces derniers jours à l’exercice : simple fainéantise ou réelle incapacité ?

Ainsi Pécresse, sur le plateau d’I-télé, débite bêtement les éléments de langage avec lesquels on l’a droguée, et évoque justement les divisions de la gauche, notamment sur l’aspect programmatique. D’une part, elle ne semble pas bien avoir compris le principe de la primaire. Qui figure pourtant dans les statuts de l’UMP et que son parti a déjà expérimenté, notamment aux municipales à Paris en 2008.

Comme le rappelle très justement l’excellente Cécile Renson, lorsque le processus fut lancé, Nicolas Sarkozy disait alors : « Paris donne l’exemple, mais ce n’est qu’un début ». « Ce que j’ai voulu pour Paris, je le veux tout autant pour l’échéance présidentielle ». Et maintenant la primaire serait un mauvais système ? Toujours ce manque de cohérence sur la durée… D’autre part, Pécresse oublie les divisions de la droite, qui sont telles qu’une partie s’est déplacée pour voter avec conviction à la primaire, faute de se reconnaître dans le soi disant candidat naturel de Tribord !

Mais le pire était encore à venir, avec la tenue annoncée sur tous les plateaux d’une convention de l’UMP destinée à démonter le projet socialiste. Une fois de plus –et malgré le hashtag trompeur de #Projet2012, à moins que le projet de l’UMP ne soit celui du PS !-, l’objectif n’était pas de faire des propositions, mais bien de taper sur celles des voisins. Ou quand l’UMP a un petit problème d’autonomie dans la construction –hypothétique à ce stade- de son projet… Hélas, lors de cette convention, j’ai simplement vu la droite la plus bête du monde céder à la facilité.

Comme prévu, ce fut un florilège de petites phrases, d’attaques gratuites, de manipulation mentale à base de chiffrage du programme du PS erroné –les nouvelles mesures ont été comptabilisés, pas celles supprimées et de surcroît, le mode de calcul n’a pas été communiqué, et même le Premier Ministre reconnaît que les prévisions de croissance sont impossibles à réaliser, ce qui rend caduque tout chiffrage de projet-, sous le haut patronage de quelques ministres priés de venir communier, d’élus, et de secrétaires nationaux que personne ne connaît. Certes, du monde s’est bousculé à la tribune pour afficher son appartenance à l’UMP. Mais toujours pas l’ombre d’une idée.

Tout ça pour ça. Tant de foin au sujet du temps de parole accordé au PS –parce que c’était l’actualité- pour finalement ne rien proposer d’autres qu’attaques sans fond et autres quolibets type affichés en A3 sur les pancartes de fortune distribuées à l’entrée. Ou l’incohérence mise en scène et reprise par toutes les télés.

Si les intervenants sont venus nombreux –souvent des seconds couteaux poussés par le souci de décrocher leur investiture- ils n’ont pas su développer autre chose que des phrases toutes faites. Copé a présenté un discours d’une violence rare, que rien ne justifiait. Lancar a exposé un argument contre les emplois jeunes… qui pourrait être utilisé pour défendre le contrat de génération d’Hollande ! Les plus hardis ont évoqué la politique gouvernementale, se livrant à un exercice de bilan, et non de campagne. A ce jeu Baroin et Le Maire se sont montré bien au dessus du lot… hélas totalement hors sujet. Mais était-ce vraiment un hasard ?

Comment le parti majoritaire peut-il imaginer parvenir à rassembler la droite sur un mouvement négatif, fusse ce contre ses opposants ? Une campagne, c’est un élan, quelque chose de positif, qui entend apporter un avenir meilleur à nos concitoyens. Aussi comment, par cette action de dénigrement, espère-t-il  réunir la droite, déjà bien dispersée ? Comment fédérer, avec ce triste spectacle qui a omis l’essentiel, à savoir les idées ? Si la sécheresse mène la vie dure à nos paysans, il semblerait que l’UMP soit également en rade d’idée. Et l’agressivité ne constitue pas un programme : si les militants peuvent un instant se consoler en tapant sur le vainqueur de la veille –la primaire a donné une image favorable au PS- ça ne peut en aucun cas suffire pour rassembler la droite et les Français.

L’absence de plusieurs personnalités d’ampleur à droite semble confirmer la donne, même si Copé persiste à clamer que la majorité est rassemblée. Méthode Coué, certainement. En effet, si tous les premiers ministres ayant officié depuis les vingt dernières années étaient absents. Si Balladur ne se montre plus guère et que Villepin a quitté le parti majoritaire pour fonder (puis quitter) le sien et annonce au même moment lors d’une intervention à l’Université Paris Dauphine que son « engagement à participer à la présidentielle de 2012 est total », reste tout de même Fillon, l’actuel locataire de Matignon, Juppé et Raffarin. Pas un d’entre eux n’a fait le déplacement : les éminents fuiraient-ils l’UMP ? La question mérite largement d’être posée.

Raffarin, d’abord, qui depuis quelques temps, a pris ses distances avec le parti majoritaire, lassé par les sorties de route des perroquets sans envergure. Alain Juppé, quant à lui, persiste à tenir son rôle de numéro 2 du gouvernement, en soutenant Nicolas Sarkozy. Mais en appliquant le service minimum. S’il déclare officiellement soutenir Nicolas Sarkozy de toutes ses forces, il faut tout de même lire les petites lignes tout en bas du contrat : le meilleur d’entre nous ne vas tout de même pas jusqu’à participer à ce show grand-guinolesque. Faut pas déconner.

Et que dire de Fillon ? Le Premier Ministre semble avoir définitivement jeté l’éponge. Candidat aux législatives puis municipales déjà annoncé à Paris, il a en effet donné un signe tangible du peu d’espoir qu’il porte en la droite pour 2012 : en additionnant son statut de Premier Ministre, la circonscription très favorable dans laquelle il envisage de se présenter (la 2ème, qui comprend une partie du 5ème, du du 6ème et du 7ème arrondissement), la Fédération de Paris dans laquelle il a placé ses collaborateurs depuis longtemps, et l’élan censé être donné par la présidentielle, il devrait être élu les doigts dans le nez. Alors pourquoi partir si tôt ? La confiance règne…

Puisque le PS était l’objet de cette convention, je ne saurai que conseiller à l’UMP de s’inspirer de son irritante chanson, et d’envisager sérieusement de tourner la page de Sarkozy… l’homme qui a mis l’UMP en état de mort clinique, puisqu’elle nous a montré aujourd’hui disposer d’un encéphalogramme plat. En ce sens, c’est le fond bleu –pour la droite- dans lequel se sont noyés les intervenants qui était le mieux pensé.

J’y ai vu l’océan glacé, et la majorité rester vaillamment sur le Titanic, prise au piège du mastodonte, avec un Copé chef d’orchestre jouant jusqu’à ce que mort s’ensuive… ce qui ne manquera pas d’arriver. Que ce soit au printemps prochain –et le plus tôt sera le mieux- ou dans cinq ans. Pendant que quelques uns, ont déjà pris les canaux de sauvetage, faisant l’impasse sur 2012, pour mieux œuvrer à la reconstruction de la droite.

Quant au capitaine, il reste dans sa cabine, maintenant droit le cap sur l’iceberg. Plus personne n’en doute : si sur un malentendu, il parvient à survivre en tant que président, ce sera de toutes façons au prix de la mort de l’UMP. Copé l’a déjà enterrée. RIP.