Si tu m’aimes, prouve-le en faisant le boulot de Pôle Emploi

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Tu es mon ami, mon pote, une relation ? Pôle Emploi demande que tu fasses SON job. Oui, tu as bien lu. Et si tu ne le fais pas, tu n’es pas mon ami. Tu ne tiens pas à moi. Tu t’en fous de ma gueule. Ou comment Pôle Emploi est devenu un terroriste relationnel sous couvert de la « démarche réseau ».

Reprenons depuis le début. A 42 ans, je suis une assistante de direction expérimentée, pleine de ressources, capable de réaliser un incroyable panel de tâches, une véritable collaboratrice de dirigeant digne d’une totale confiance, d’une parfaite loyauté, et à qui l’on peut confier des responsabilités bien au-delà du simple secrétariat (gestion des finances, relations clients et fournisseurs, production de notes, communication, etc…).

A priori, mes compétences font rêver. ERREUR. Mes compétences font peur car pour les recruteurs (non pas les patrons, mais les gens qu’ils mandatent pour recruter), l’expérience se traduit par « coûte cher » au lieu de se voir comme une opportunité. Ces mêmes recruteurs qui rédigent leurs annonces pour un mouton à 5 pattes dans mon genre, mais qui proposent de le payer au SMIC tout en exigeant « de l’expérience » dont le nombre d’années peut aller jusqu’à 10 ans (ce qui signifie qu’ils en veulent 15 à 20). SERIOUSLY.

Mais ils ne me veulent surtout pas moi : je suis le haut du panier, ça se voit sur mon CV (car si on cherche des compétences, il est bien fait) MAIS comme je suis le haut du panier, j’ai fatalement les prétentions salariales dues à mon rang, car ils ont conscience que j’ai trimé pour en arriver là et que c’est mérité. DING, candidature écartée. Et ce avant même qu’éventuellement on puisse négocier lesdites prétentions. Penses-tu, je sais dire « lesdites », on ne peut pas me payer 800 € par mois pour faire un temps partiel de 24h masquant un poste à 39h… Eh oui : qui dit « expérience » dit surtout « connaît ses droits » et « risque de nous foutre aux Prud’hommes si Maurice pousse le bouchon un peu loin ».

Ou comment comprendre le pourquoi de cette putain de #LoiTravail : oui, elle est nécessaire aux entreprises, parce que pour le moment, elles ne peuvent pas recruter des gens expérimentés, ces salauds qui revendiquent leurs droits. Les autres aussi revendiquent leurs droits, mais eux, les entreprises n’ont de toute façon pas le souhait de les embaucher. Sinon on aurait résolu le chômage des jeunes. C’est un peu (bon ok, très) caricatural, mais vous avez saisi l’idée : il y a tellement peu d’offre et tant de demande que les entreprises exigent le beurre, l’argent du beurre, le lait de la crémière mais évidemment pas le cholestérol. Fatalement, à un moment, ça coince.

Que peut faire Pôle Emploi face à cela ? Rien. Pôle Emploi s’est donc lancé dans une stratégie de fuite et d’hypocrisie face aux demandeurs d’emploi. Première idée, sous-traiter le suivi des chômeurs, en se débarrassant d’abord des plus chiants qui pourraient pointer l’hypocrisie de la structure. Je fais partie des heureux élus et je suis donc suivie par un « consultant ». Le mec est donc censé me conseiller sur mes démarches, afin que ma stratégie de recherche colle le plus possible au marché. En théorie, son cabinet est donc censé être compétent sur le sujet.

C’est là que ça se corse. Lors de mon RV de ce matin, il m’a en effet conseillé de… me recentrer sur mes démarches réseau, dans l’objectif d’obtenir, accrochez-vous bien, un rendez-vous avec un Consultant au sein d’un cabinet de recrutement, qui pourrait me conseiller sur mon CV, ma lettre, ma stratégie de recherche d’emploi. Vous ne rêvez pas : il me demande de rechercher dans mon réseau quelqu’un qui pourrait faire son boulot. SERIOUSLY ???

Donc pour démontrer toute ma bonne volonté à être pro-active dans ma recherche d’emploi, il faut que je supplie mes amis, ma famille, et la moindre de mes connaissances pour qu’elle me lâche le nom d’une personne qui connaît une personne qui est le cousin du type qui est consultant en recrutement dans un cabinet recrutant sur mon secteur. Sachant que je n’ai pas un réseau aussi énorme que l’idée que les gens s’en font (dans l’esprit des gens, j’ai milité en politique donc j’ai un réseau démentiel de gens prêts à se damner pour moi, lolilol, bienvenue dans le monde des clichés).

Voilà, toi qui me connais, maintenant tu sais la vérité : si tu ne m’appelles pas pour me dire que tu vas me présenter quelqu’un qui va me présenter quelqu’un, tu ne m’aimes pas. On en est à me demander de faire du chantage affectif. Car comme l’a dit Conseiller : « Y’a bien des gens autour de vous prêts à quelque chose pour vous ». Oui, prêts à faire ce qu’ils peuvent. Et pour avoir énormément sollicité mon réseau lors de ma précédente recherche d’emploi, je peux dire que tous ceux qui pouvaient faire quelque chose et qui avaient de l’intérêt pour moi l’ont fait. Sans succès jusqu’à celui qui m’a finalement embauché dans sa propre structure. C’est excessivement rare.

Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas en parler avec l’entourage, c’est juste que ça ne peut pas constituer une stratégie fiable. Ça ne peut être qu’un plus de ma recherche d’emploi et non la stratégie centrale. D’ailleurs, comment oser dire que sur les postes d’assistante, je ne peux trouver que sur le marché caché ? Il y a des offres tous les jours. Offres auxquelles je réponds et pour lesquelles je n’ai aucun retour, pour les raisons exposées ci-dessus.

A mon sens, la stratégie centrale doit être d’obtenir des réponses sur ces offres qui existent. Et il y a quelque chose à tenter : il faut faire un fake CV, qui réponde aux attentes actuelles des recruteurs. C’est-à-dire un CV qui masque mes compétences, en montre bien moins sur moi, et me positionne comme ayant un peu d’expérience mais pas trop, un peu de compétences mais pas trop. De quoi laisser penser que le risque prudhommal est limité et permettant de négocier un salaire bien en dessous de ma valeur réelle. C’est triste, mais c’est une stratégie qui a plus de chances de fonctionner que d’attendre que mon réseau me trouve un hypothétique rendez-vous autour duquel on me donnera le constat que j’ai déjà effectué… Pardon d’avoir un cerveau et promis, c’est la dernière fois que je l’utilise.

Cerise sur le gâteau, je vous offre en exclusivité mondiale la réaction de Conseiller : « Rabaisser votre CV fera que vous trouverez un job qui ne correspond pas à vos capacités et ce sera très frustrant, ça me semble une très mauvaise idée ». Bienvenue dans le monde des Bisounours… Comme si aujourd’hui, les caissiers de Mc Do s’épanouissaient à mort à servir des gens toujours trop pressés alors qu’ils ont un Bac+8…  Comment peut-on conseiller des chercheurs d’emploi avec un discours aussi décalé par rapport à la réalité ? Quand j’ai répondu que je voulais juste un boulot, il m’a regardé d’un air ahuri. WOKAY.

Vous comprendrez bien qu’en ces temps de crise et consciente de l’extrême concurrence sur le marché de l’emploi, je ne puisse me limiter à rechercher le job de mes rêves ni même à chercher un quelconque épanouissement personnel dans le travail : ce temps est hélas révolu, ma génération s’est retrouvée complètement cocufiée par ce discours. Aujourd’hui, ma réalité est bien plus triviale : j’ai des factures à payer.

Naturellement, si à l’issue de la lecture de cet article, un lecteur connait quelqu’un qui connait quelqu’un qui connaît quelqu’un, ou se trouve être la perle rare qui voit sa future assistante comme étant une collaboratrice riche en compétences et dotée de véritables qualités humaines, il peut me contacter à zefml.news@gmail.com et je me ferai un plaisir d’y accorder la plus grande des attentions, à la hauteur de ma motivation à retrouver rapidement un poste pérenne. Bouteille à la mer lancée. Vous pouvez maintenant reprendre une vie normale.

Noir et blanc

J’ai souvent raconté ici mes déboires avec les recruteurs. Leur manière de se focaliser sur le négatif, sur les clichés usuels, voire sur leur comportement à la limite de l’indécence.

J’en ai encore eu un exemple hier. Mais aujourd’hui, ce fut tout le contraire. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas, je vais vous conter les deux histoires en mode photographie, l’une étant l’exact négatif de l’autre.

Il y a deux jours, je vois sur le net une annonce pour un syndicat professionnel. C’est exactement le type de structure auquel je peux convenir, je candidate donc immédiatement. Hier, je suis rappelée par ce qui s’apparente plus à un télé-conseiller lisant un argumentaire pré-établie qu’à un véritable professionnel. Les questions ne portent jamais sur mes compétences ou mes expériences, mais uniquement sur le type de contrat pour chacun des jobs occupés. Première question : « Vous avez souvent changé de structure DONC vous êtes instable ». Me prend l’envie de répondre : « non connasse, j’ai su saisir des opportunités et si tu me laissais l’occasion d’en placer une ET que tu branchais ce qu’il te reste de neurones, tu pourrais t’en rendre compte aisément ». Je m’arrête à : « j’ai su saisir les opportunités qui se présentaient afin de progresser dans mon métier ». Gling ! Mauvaise réponse ! Ou non prévue sur la fiche…

Question suivante : « Mais là vous êtes partie parce qu’on vous a virée ». Réponse : « non, c’était un choix parfaitement mesuré de ma part et que je peux vous justifier». Nouvelle question affirmation : « Enfin il faut être stupide pour avoir quitté un poste comme chez Sony ! ». Sympa le jugement de valeur sur mes choix avant même de m’avoir laissé parler. Surtout que non, ça n’avait rien de débile : j’étais dans un poste pépère, sur des rails, tout était super, j’adorais ma boss qui me le rendait bien… et on m’a proposé un challenge : mettre en place un poste de A à Z, créer tous les process, et devenir une assistante réellement pro-active. Débile d’accepter à l’âge de 30 ans ? Non, simple opportunité d’évoluer. Un vrai choix, totalement assumé.

L’entretien se poursuit. Arrive enfin le moment où j’ai été virée. Mais où nous avons transigé, étant donné que la raison de mon départ était purement politique. Croyez moi ou non, elle ne savait pas ce que signifiait transiger… Manifestement déçue de n’avoir pas réussi à me coincer, elle a stoppé l’entretien avant même d’avoir remonté tout mon parcours. Et m’a quitté avec le sempiternel : « on vous rappellera ». Ce qui n’est autre que l’équivalent dans le domaine de la recherche d’emploi du célèbre « Je vous demande de vous arrêter ». Elle ne rappellera jamais, et c’est tant mieux : nulle envie de grossir le fichier d’un cabinet qui manifestement, ne saura pas vendre mes qualités…. Puisqu’elles ne l’ont à aucun moment intéressé.

Aujourd’hui, je rencontre un autre cabinet de recrutement. Que je connais déjà pour y avoir été reçu il y a 3 ans. J’en avais gardé un bon souvenir : consultants sympathiques, professionnels, sérieux, focalisés sur les qualités, respect du candidat et de la législation sur le recrutement (oui, le chercheur d’emploi à des droits, mais on s’assoit souvent dessus pour ne pas se griller sauf quand on tombe sur des gens vraiment irrespectueux et là on s’autorise à jouer un peu)… C’est donc totalement sereine que je me rends à cet entretien. Et mes impressions d’il y a 3 ans se confirment. Le chargé de recrutement connaît parfaitement le secteur pour lequel il recrute, ce qui m’évite les clichés stupides auxquels je suis habituée. Le bonheur. Virée pour raison politique puis transaction ? Ca lui parle. Changements réguliers de postes en raison du métier et d’une évolution évidente dans ce secteur ? Il le comprend de suite. Et surtout, il s’intéresse à mes compétences.

Pour une fois, on ne me regarde pas comme une bête curieuse. Pour une fois, j’ai une vraie chance de me présenter sous mon meilleur jour. Pour une fois, il me reçoit pour une annonce qui colle parfaitement à mon profil. Parce qu’au lieu de recevoir des candidats à la chaîne pour tenter de justifier de son rendement, ce cabinet raisonne qualité et non quantité. Soucieux d’apporter la meilleure réponse à la demande de ses clients, il sélectionne des profils qui correspondent, sans s’embarrasser de recevoir  des tonnes de candidats pour prétendre avoir bossé. Il bosse, mais intelligemment. Il prépare ses entretiens en amont, en ne recevant que les candidats qui peuvent coller, pour valider que ceux-ci correspondent… et que l’offre peut leur plaire.

Conséquence, ma candidature sera présentée au client. Restera la troisième mi-temps : convenir, face à d’autres candidats qui ont eux-mêmes un excellent profil. Ce sera l’habituel dernier round, celui où ça ne se joue plus sur les compétences, mais sur le feeling avec le client. Conformément à la règle du jeu. Mais dans l’intervalle, le cabinet aura parfaitement fait son job. Heureuse de savoir, après mes multiples déboires, qu’il en reste encore sur le marché.

Pôle Emploi, l’usine à gaz…

Ce matin, j’ai reçu dans ma boîte mail une offre d’emploi via Pôle Emploi. Enfin une offre… Une injonction de candidater, car l’offre correspond à mon profil, et donc, je suis obligée de candidater.

C’est la fameuse politique des « deux offres d’emploi proposées », et si on n’accepte pas, on sera radié. Magnanime, Pôle Emploi m’offre la possibilité de ne pas candidater mais alors, je devrais justifier en long, en large et en travers pourquoi je refuse cette offre.

Aussitôt je me précipite, et constate que l’offre me correspond mais en plus, m’intéresse. Bon, je vous l’avoue d’emblée, pas grâce à Pôle Emploi : l’offre est obscure et ne précise pas vraiment ce que l’employeur attend. Mais un petit tour sur le site de l’employeur –qui est nommé- me permet de me faire une idée, même si le site ne relaie pas l’offre. Je décide donc logiquement de candidater. Et c’est là que tout se complique.

Je file sur le site de Pôle Emploi, je retrouve l’offre, et pas de coordonnées : seule la télécandidature est possible. Comme je dispose d’un dossier complet sur le site de Pôle Emploi, j’use de ce système. Je remplis donc un formulaire et là surprise : impossible de joindre un CV et une lettre de motivation. Le formulaire ne porte que sur les diplômes et les langues, et une liste ultra restreinte de compétences très généralistes, sans trop de lien avec l’annonce. Quant à l’espace de motivation, il fait.. 400 signes ! Super pour une lettre de motivation.

Mais le pire reste à venir. Lorsque je valide, je découvre le menu des réjouissances et attention, ça envoie du lourd : si ma candidature convient (à Pôle Emploi), mes coordonnées seront transmises à l’employeur. Pardon ???? Si ma candidature convient ? Pôle Emploi décide maintenant à la place des employeurs ??? C’est devenu un cabinet de pré-recrutement ???

Pourquoi pas, mais à ce moment là, sur quelle base Pôle Emploi décide ??? Sans lettre de motivation et sans CV ??? Parce que ces éléments, je les transmets comment ? Par la pensée ?

Des gens bien renseignés me disent via Twitter qu’une fois ma télécandidature faite, Pôle Emploi va décider si je corresponds, et là, je serai invitée à envoyer ma candidature. Deux choses :

  1. Je corresponds puisqu’on m’a gentiment poussée à candidater.
  2. De quel droit Pôle Emploi décide d’exclure des candidats d’un recrutement sans CV et lettre de motivation ?

Voilà, ça aurait pu être drôle si l’annonce ne m’avait pas réellement intéressée. Parce que j’ai eu beau chercher sur le site de l’employeur, il n’existe pas de contact sur leur site pour que je me passe de Pôle Emploi sur ce coup là, sauf à l’envoyer via l’adresse générale de contact, et de risquer qu’elle n’arrive jamais au destinataire, les webmasters transmettant rarement ce type de mail au bon service. Autrement dit, difficile de contourner l’usine à gaz.

Bref, j’attends maintenant de savoir si Pôle Emploi va être cohérent avec lui-même et sélectionner ma télécandidature. Et j’hallucine devant la perte de temps dans cette histoire. Envoyer CV et lettre de motivation par mail, fusse à Pôle Emploi, aurait tout de même été plus simple.

Quand la raison politique s’invite dans le recrutement…

Lundi, j’ai revu mon agence d’intérim chérie. Celle dans laquelle j’ai commencé ma carrière d’assistante de direction il y a dix ans, et qui est une merveille.

Dans cette petite agence, pas question de placer les gens n’importe comment : on fait selon leur profil et leurs aspirations, partant du principe que si le salarié est bien dans son job, il le fera bien, et tout le monde sera content. Notamment le client, qui confiera alors de nouvelles missions à l’agence. Bref, des gens qui ont tout compris, et que j’aime pour cela.

J’avais rendez-vous avec la patronne, pour faire un point sur ma situation, mes envies, et voir ce que l’on pouvait faire ensemble. Elle avait une mission en tête. Un de ses clients, une grosse entreprise publique, cherchait une assistante de direction, avec un cerveau, et capable d’assister un big boss bien pressurisé. Pour elle, qui me connaît bien et qui dispose de très bons retours de clients sur les missions déjà effectuées par le passé, je collais parfaitement. Jusqu’à ce qu’un grain de sable vienne s’immiscer dans le processus de recrutement.

Comme prévu, elle a transmis mon dossier de candidature et sa chaude recommandation à son client, et le retour a été rapide : un gros non. Quelque chose aurait-il échappé à la patronne de l’agence ? Manquerais-je des compétences nécessaires pour le poste ? N’avait-elle pas compris la demande de son client ? Non, rien de tout cela. Je disposais bien des qualités requises. Mais alors, pourquoi ce refus catégorique de me rencontrer ?

J’ai travaillé comme permanente au sein du parti politique UMP. Et cela pourrait, selon le client de cette grande entreprise publique, remonter aux oreilles des syndicats, et en particulier de la CGT. Qui fait encore la pluie et le beau temps dans l’entreprise. Ce qui pourrait nuire à la bonne marche du service de celui qui ne sera donc pas mon futur patron. En gros, avoir travaillé pendant 18 mois, en tant que simple assistante de direction, au sein de l’UMP, représente un risque stratégique. Soit.

Peu importe que je n’ai pas occupé de fonction politique au sein de l’UMP, ou même que j’ai été virée pour raison politique par l’équipe du président du parti de l’époque, qui s’appelait Nicolas Sarkozy. C’est toute l’ironie de l’histoire : on me refuse pour une étiquette associée au sarkozysme, alors que j’ai été virée par l’équipe Sarkozy pour chiraquisme non conforme avec le sarkozysme. Et ce alors que j’étais reconnue en interne comme l’un des meilleurs éléments… sur le plan strictement professionnel. La raison politique, déjà, à l’époque… C’est dire si je connais le sujet !

Reste que tout ceci relève de la discrimination et du délit de prétendue opinion. Car avoir été assistante de direction au sein de l’UMP ne signifie pas que j’en partage les valeurs : il ne s’agit pas d’un poste politique, et contrairement au mythe répandu, nombreux sont les permanents à ne pas être encartés. Plus drôle, les non encartés sont en général ceux qui tiennent des postes politiques, comme par exemple au service des études, ceux qui rédigent le programme. En tout cas à l’époque.

C’est dire le non sens profond de ce rejet à mon égard, qui relève d’une toute aussi profonde méconnaissance du fonctionnement des partis. Cette décision tient à un mythe. En ce qui me concerne, j’étais à l’époque encartée. Dès mon licenciement, j’ai cessé d’adhérer à l’UMP : je n’allais tout de même pas donner du fric à ceux qui venaient de me faire un gros chèque pour licenciement abusif…

Ca n’est pas la première fois qu’une telle mésaventure m’arrive et qu’on me dit franchement que la politique a bloqué ma candidature. Et il m’est arrivé de nombreuses fois d’avoir le doute. Pourtant, je n’envisage pas de maquiller mon CV. Je n’ai pas honte des endroits où j’ai travaillé, et en tant qu’assistante de direction, j’ai eu à l’UMP de nombreuses expériences probantes qui sont extrêmement révélatrices de mes qualités à ce poste. C’est donc un point de force dans mon parcours. Je ne vois pas en quoi je devrais le cacher.

Aussi, j’assume totalement d’avoir quitté un poste prometteur au sein d’une major hollywoodienne pour entrer à l’UMP et y créer le poste d’assistante au sein des Jeunes Populaires. Je suis fière d’avoir instauré tous les process, géré l’agenda et les déplacements de ma Boss, répondu à la centaine d’appels téléphoniques par jour, rédigé les dizaines de courriers de réponse à ceux qu’elle recevait, aux centaines de mails qui arrivaient chaque jour sur nos boîtes, accueilli ses rendez-vous mais aussi les cadres et les militants qui venaient à notre bureau, organisé les réunions de service, établi les notes de frais pour la centaine de cadres que comptait notre départements, géré et envoyé les fichiers à ces mêmes cadres… bref, d’avoir fait le job de l’assistante de direction que j’étais.

Mais encore plus fière des missions annexes, comme l’organisation générale d’événements jusqu’à 5000 personnes pour les jeunes, et 40 000 pour les aînés. Un exemple. La veille de son accession à la tête de l’UMP, Nicolas Sarkozy avait exigé que nous organisions une soirée pour les jeunes, la veille. L’objectif était de réunir 2000 jeunes populaires à côté de Paris, de les loger le soir, et de les emmener sur site au Bourget le lendemain.

Ce qui signifiait, pour les jeunes de province (1500) :

  • Transport en train ou avion jusqu’à Paris
  • Transfert Gare ou Aéroport/Bodega en car
  • Bagagerie à la Bodega
  • Transfert Bodega/Hôtel en car
  • Nuit à l’hôtel
  • Transfert Hôtel / Palais des expositions du Bourget en car
  • Transfert Bourget / Gare ou Aéroport en car

Le tableau de bord récapitulait, pour chaque département, toutes ces étapes. Sachant qu’il fallait :

  • faire coller les heures d’arrivée et de départ des trains et avions, pour remplir les cars à leur capacité maximale, à savoir 50 personnes (que les départements viennent à 3 ou 27)
  • utiliser au maximum les mêmes cars pour aller à la Bodega et à l’hôtel afin de ne pas surcharger la bagagerie
  • faire coïncider ces mêmes cars avec les capacités d’hébergement, donc gérer la répartition des chambres en fonction.
  • Gérer les cas particuliers (venu en voiture mais ayant besoin d’une chambre, ou l’inverse, arrivé par un autre train, …)

L’ensemble représentait 7 points d’arrivée et de départ (5 gares, 2 aéroports), 30 cars et 11 hôtels. Et j’étais seule pour faire ce tableau et les feuilles de route pour l’ensemble des départements… en veillant à ne pas me tromper : toute erreur aurait eu pour conséquence de perdre les militants en route. Tout en assurant naturellement la gestion des relations avec les prestataires, pour la réservation des billets, l’ajustement du nombre de chambres, la réservation du bon nombre de cars…

Un mois seulement pour gérer tout ceci entre l’annonce de l’événement jusqu’à sa tenue. Des inscriptions à la réalisation : tout à concevoir, planifier, gérer, et réaliser. Et non un mois pour faire uniquement le tableau, les inscriptions étant arrivées jusqu’à deux jours avant ce meeting. Tout en gérant le reste de la vie classique du bureau –appels, mails, Boss, cadres, …- mais aussi le recrutement et l’organisation de l’équipe en charge de toute cette organisation (accueil aux gares, navettes, tenir la bagagerie…), vous l’aviez compris. Oui, tout ceci a nécessité un paquet d’heures supplémentaires pour nécessité de service. A-dap-ta-bi-li-té !

C’est un exemple parmi tant d’autres, mais voilà une de mes réalisations probantes. Qui n’aimerait pas avoir une assistante de direction capable d’assurer le quotidien, mais aussi de faire face, dans l’urgence, aux exigences de l’entreprise ? Franchement, je ne vois pas une seconde pourquoi je me priverais d’exposer une expérience qui en dit tant sur mes compétences et mes capacités.

Aussi, si cette personne commet l’erreur de bloquer sur un sigle qui ne signifie en rien mon positionnement politique actuel –j’ai voté à gauche aux cantonales, et si je suis favorable à une hypothèse Juppé (mon rêve) ou Villepin, je ne m’interdis pas de faire preuve d’humour corrézien en cas d’absence d’un de ces hommes-, il n’en reste pas moins que mes opinions politiques relèvent du domaine privé.

Voilà pourquoi j’estime qu’on ne peut en aucun cas me reprocher d’avoir travaillé au sein de l’UMP. Et d’ailleurs, je ne compte pas renier cette excellente expérience, très formatrice, et dans laquelle j’ai pu m’épanouir sur le plan strictement professionnel, grâce à la confiance de ma Boss. Non, je ne me réfugierai pas derrière l’appellation « société confidentielle » !

Heureusement, tous les recruteurs ne sont pas si fermés. Et si ce directeur n’a pas voulu en savoir plus sur le service que je peux apporter à sa structure, nous n’avions, effectivement, pas les mêmes valeurs : heureuse donc de ne pas travailler avec un tel Boss. Next !

Photomatronche

Vendredi, j’ai envoyé une candidature pour un poste sur lequel je pouvais convenir. Une vraie candidature, loin de celles « quota Pôle Emploi » accumulées juste pour démontrer que je cherche du travail sans avoir la moindre chance d’être retenue parce-que-je-ne-suis-pas-comme-ci-ou-comme-ça. Ca se passe comme ça chez Pôle Emploi… Enfin si l’on veut éviter la radiation.

Trois minutes après, le portable a sonné : au bout du fil, la recruteuse, qui semblait avoir flairé le bon plan. La conversation s’est éternisée bien au-delà des quelques minutes prévues, et nous avons disséqué mon CV comme les souris en classe de 5ème B.  Tant et si bien que lorsqu’elle m’a proposé de nous rencontrer ce lundi, je me demandais bien ce que nous pourrions avoir à nous dire de plus.

Elle m’a également demandé de lui envoyer par mail ma photo « sur demande du client ». Des fois que je serais moche, ce qui est loin d’être le cas. Rappelons tout de même que lorsque la photo est demandée dans l’annonce, je ne candidate ja-mais : je n’ai pas pris l’option Bimbo.

C’est néanmoins toute pomponnée et toute guillerette que j’ai quitté mon appartement douillet et préservé de la chaleur par mes superbes nouvelles fenêtre à double vitrage, pour effectuer ¾ d’heure de trajet en plein cagnard, dans un RER puis un bus. Va faire tenir ton make-up par ce temps, tiens ! Et va éviter de planter un talon dans les pavés, aussi !

C’est en un seul morceau, encore relativement fraîche, mais au bord de la déshydratation que je suis arrivée au cabinet de recrutement. Une dame charmante m’a accueillie et proposé un verre. Après avoir hésité à lui demander un pastis, je lui ai gentiment demandé un verre d’eau : le Saint Graal ! J’aurais presque pu repartir illico tant j’étais heureuse d’avoir pu me sustenter. La dame m’a également proposé de prendre ma veste, et c’est moi qui lui en ait mis une. Ah ah. Après tant d’efforts, je tenais à être absolument impeccable pour cet entretien. C’était sans compter sur la salle de réunion surchauffée dans laquelle elle m’a demandé de patienter. Sans mentir, il y faisait bien plus chaud que dehors !

Au bout de quelques trop longues minutes, la dame –en fait la recruteuse- et une de ses copines –une autre recruteuse- sont revenues, pour entamer l’entretien. Là, il m’a été demandé de rappeler mon CV de manière rapide –comprendre moins de 2 minutes-, puis la copine de la recruteuse est partie. S’en est suivi un échange surréaliste. La recruteuse m’a demandé deux précisions techniques proches de l’enculage de mouches sur mon parcours, et m’a ensuite donné le nom du client. Voilà. En 5 minutes, nous avions fait le tour de cet entretien.

Tant d’acharnement à lutter pour rester fraîche sous le cagnard et à prier pour ne pas choper des ampoules dans mes nus pieds à talons, pour 5 petites minutes d’entretien. Raison invoquée : « il fallait que je vous vois et que je vous donne le nom du client ».Autrement dit, il fallait voir ma tronche. La photo ne suffisait pas ?