Un système de santé à plusieurs vitesses

Ce mardi 15 novembre, le locataire de l’Elysée est parti en croisade contre la fraude sociale.

Au menu, les dépenses de maladie qui pourraient être évitées si certains ne fraudaient pas, en abusant d’arrêts maladie non justifiés.

Une quatrième journée de carence a donc été mise en place dans le privée, et une première dans le public.

Certes, ces abus existent. Mais ils représentent 1% des dépenses… Comment peut-on punir 100% des assurés pour 1% de fraudeurs ? C’est un terrible signal envoyé à la population : chacun devra désormais payer les erreurs de quelques uns. Comme l’a dit le député Alain Vidalies lors des Questions au Gouvernement, cela revient à vouloir limiter les excès de vitesse en retirant un point sur le permis de tous les conducteurs. Quelle injustice !

Ou comment dresser les uns contre les autres. Déjà, parce qu’au hasard de la médiatisation de ce sujet, nombreux sont ceux à avoir découvert que les fonctionnaires n’avaient pas de période de carence. Ensuite, parce qu’on le dit moins, mais certaines entreprises prennent en charge la période de carence, selon les dispositions de la convention collective nationale dont elles dépendent.

Si jusque là nous avions un système à deux vitesses –ceux qui n’avaient pas de carence (qu’elle soit prise en charge par leur entreprise, ou qu’elle n’existe pas) et ceux qui avaient 3 jours de carence (les autres), on passe maintenant à un un système à trois vitesses :

  • Ceux du privé dont la carence sera prise en charge : pas de carence
  • Les fonctionnaires : 1 jour de carence
  • Les autres, agent de service public non titulaire, salariés ne dépendant pas d’une CCN couvrant la carance, ou chômeurs : 4 jours de carence

Qui sera lésé ? Ceux qui ne pourront pas se permettre de perdre leur rémunération pendant la durée de la carence. Donc pas les salariés dont elle est prise en charge. Certes, une partie des fonctionnaires trouvera hyper dur de perdre une journée de salaire, soit 5% de leur traitement. Mais ceux qui seront vraiment dans la difficulté sont ceux qui perdront non plus 3 mais 4 jours de salaire, soit 20% de leur traitement. Un système totalement inéquitable, même si Valérie Pécresse a annoncé ce mercredi à l’Assemblée qu’il l’était. Mensonges…

SI le gouvernement se targue d’être courageux, force est de constater qu’une fois de plus, il n’a fait qu’une réformette, au lieu de réformer. Sans comprendre l’importance de la justice sociale, pour permettre de recueillir l’adhésion de la population.

Ainsi, pourquoi n’avoir pas aligné la situation du public sur le privé ? Pourquoi ne pas avoir passé la carence de tout le monde à 4 jours ? On pourra m’opposer que dans le privé, les entreprises prennent en charge la carence. Non, pas toutes. Et celles qui le font passent par des accords sociaux, lors des négociations des conventions collectives. Il s’agit d’un avantage qui existe au sein d’une entreprise, et non d’un acquis social que le salarié conserverait tout au long de son parcours professionnel. Exactement comme l’intéressement, la participation, le 13ème mois… Autant d’avantages qui n’existent pas pour tous les salariés.

A noter que si les fonctionnaires ne seront soumis qu’à une journée de carence, ça n’est pas le cas de leurs collègues non titularisés. En effet, les agents du secteurs public contractuels sont, en dessous d’une certaine ancienneté, également soumis à la carence, et eux aussi vont passer à quatre jours… Ou quand ces inégalités criantes peuvent exister au sein même du secteur public. Cruelle réalité.

Il aurait donc été juste que le gouvernement ne soit pas source d’inéquité, et imposent aux fonctionnaires les mêmes règles qu’aux autres. Réalisant ainsi une forte économie sur les dépenses de l’Etat, or c’est soit disant le but recherché. Dans la même veine, il aurait été judicieux aussi d’aligner le système de santé en vigueur en Alsace Moselle sur le régime général. Là encore, il y a une belle niche fiscale qu’aujourd’hui, plus rien ne justifie.

Juste un détail : les chômeurs sont aussi concernés. A l’heure actuelle, je suis en arrêt maladie. L’indemnité journalière étant plafonnée, je perds 18,6% de revenus par rapport aux Assedics avant même de tenir compte de la période de carence. Imaginez un peu ce que cela représente en cas de maladie. Or le chômeur, lorsqu’il n’est plus en mesure pour des raisons de santé de rechercher un emploi, de se rendre aux entretiens, ou de reprendre un travail, est obligé d’accepter un arrêt de travail : ne pas le faire constituerait une fraude aux Assedics…

Les entreprises, elles aussi, devront toutefois passer à la caisse. Celles qui couvrent déjà la période de carence de 3 jours devront certainement payer ce 4ème jour de carence. Et elles n’auront pas directement leur mot à dire, si ce n’est par la voix de leurs représentants dans les instances de négociations. En effet, le paiement des jours de carence dépend de l’affiliation à une convention collective nationale (CCN) qui la prévoit, ou pas. Les CCN devront être renégociées pour inclure ou non ce 4ème jour. Il est fortement probable qu’elles choisissent d’en accorder le paiement.

Enfin les malades qui abusent seront soumis à des sanctions financières en cas d’arrêt abusif : il leur faudra rembourser les prestations indues. Les contrôles seront plus fréquents. C’est plutôt une bonne intention. Reste que dans certains cas, il est compliqué de déterminer avec exactitude le bon timing pour un arrêt, ou la notion d’abus.

Il serait illusoire de nier la mise à l’abri de salariés qui sont en souffrance au travail, et pour lesquels l’impact est difficile à évaluer. Faut-il alors les renvoyer de force sur leur lieu de travail, et attendre qu’ils s’y suicident ? Ce problème ne peut être déconnecté du fonctionnement même du travail. Et par exemple, de la difficulté à faire reconnaître un harcèlement moral quand aucun collègue ne veut témoigner, par craintes de représailles, et que les preuves sont difficiles à recueillir. Ou les effets de la pression constante dans certains emplois, qui nécessitent parfois un court arrêt pour mieux repartir… Pour mémoire, le burn-out, c’est 3 à 4 mois d’arrêt. Faut il en arriver là, ce qui coûtera bien plus cher ?

Reste qu’il aurait fallu aller plus loin. Lorsque l’on demande un effort aux citoyens, il faut aussi demander un effort aux autres acteurs économiques. En l’occurrence, il aurait été alors nécessaire de proposer un véritable plan de lutte contre la fraude sociale au sein des entreprises, notamment aux cotisations sociales, et l’assortir de très fortes contraintes, suffisamment dissuasives pour que les entreprises concernées cessent de frauder.

Mais non. Le gouvernement a choisi de s’en prendre uniquement aux citoyens, et pas n’importe lesquels : les malades. Au final, ce 4ème jour de carence, et 1er dans le secteur public, renforcera les inégalités entre citoyens, aggravera la situation des malades les plus démunis, et augmentera les charges des entreprises.

A noter que ces mesures interviennent à peine deux mois après l’augmentation des taxes sur les mutuelles, qui elles aussi auront de lourdes conséquences sur la santé de nos concitoyens : une augmentation des charges pour ceux qui pourront encore se payer une mutuelle, et une baisse de la prise en charge pour ceux qui ne pourront plus.

Désormais, il y aura donc les citoyens avec avantages en fonction de leur entreprise, et ceux sans. Mais aussi les citoyens avec mutuelle, et ceux qui ne peuvent se l’offrir. En d’autres termes, le système social ne cesse de régresser, et l’esprit dans lequel il a été instauré en 1945 est bel et bien mort.

Tous délinquants !

Journée de campagne classique pour Nicolas Sarkozy. Aux frais de l’Etat, notre bon mètre s’est déplacé chez les gueux pour livrer la mère des batailles : la lutte contre la fraude, cette délinquance mesquine, celle qui sommeille en chaque citoyen et peut se réveiller à tout moment, à la faveur d’un accident de la vie.

En ce mardi, Sarkozy vit son D-Day. Enfin, il peut vomir sa haine des démunis, ces assistés qui grèvent le budget de l’Etat. Haro sur les pauvres et les malades ! En cette fin de mandat, il est nécessaire de marteler une fois encore le message de ce quinquennat : tous des délinquants !

Non, il ne s’agit pas de sécurité. Mais de santé et de travail. Ou plutôt, de non travail. Désormais, chaque actif qui ne sera pas au turbin sera considéré comme délinquant, qu’il ait ou non commis une fraude. Eradiquer la délinquance avant même qu’elle n’ait lieu, en captant les signes précurseurs d’un comportement délictueux à venir : chômage, minimas sociaux, maladie… autant de signes pris en compte par la PréCrime sarkozyste pour punir a priori au nom du principe de précaution. C’est Minority report, version Sarkozy.

Premiers visés, les citoyens qui se permettent de prendre un arrêt maladie. Nan mais sérieusement, quelle idée ! Pour passer l’envie aux travailleurs de buller tranquillement chez eux, la période de carence sera désormais renforcée : elle passera de trois à quatre jours pour les salariés et instaurée pour les fonctionnaires, qui jusque là étaient épargnés, au tarif d’une journée.

Dis comme ça, tout cela semble le plus juste du monde : il faut réduire les déficits, et notamment celui de la Sécurité Sociale, alors mettons tout le monde à contribution. Mais voilà : tout le monde n’est pas mis à contribution, et la mise en lumière de l’indemnisation journalière révèle de fortes disparités. Au final, le système passe de deux à trois vitesses.

Mais ça n’est pas tout. Passé cette nouvelle contribution des citoyens –et des entreprises- à l’effort national, le gouvernement entend remettre tout le monde au travail. Et notamment les titulaires du RSA, ces odieux profiteurs des minimas sociaux. Il leur sera donc demandé exigé de travailler 7h par semaine, sous peine de sanctions, dont la suppression du versement de leur allocation.

Cette obligation pose de nombreuses questions : quel contrat, quel recrutement, quelle disponibilité pour le retour à l’emploi, quelle rémunération, quel projet professionnel, quid des incapacités, … mais tout cela, le gouvernement s’en fiche : ce qui importe, c’est de remettre fissa ces glandeurs au travail.  Quitte à prendre des dispositions non réfléchies, quitte à faire exploser l’usine à gaz qu’est déjà la gestion des personnes hors emploi. Un nouveau Bopal…

Autant dire que ces mesures ne sont  ni de taille à combler le trou de la Sécu, ni d’assainir nos finances publiques. Mais bien plus symptomatique de l’instauration d’un projet de société visant à détricoter peu à peu notre modèle social, et le remplacer par la stigmatisation des plus faibles. Quand il aurait été possible de mettre en place une réforme d’envergure, qui lutte contre la fraude, mais en s’attaquant aux fautifs, tous les fautifs y compris au sein des entreprises, et en adoptant des mesures plus justes.

Ainsi, l’augmentation de la CSG et la mise en place de la TVA sociale aurait permis de mieux répartir l’effort à faire en matière de dépenses sociales, sans peser sur les seuls malades. Les fraudeurs, eux, auraient également pu être puni. Tous les fraudeurs, et pas uniquement les citoyens fraudeurs. Par exemple, les laboratoires pharmaceutiques auraient pu être également visés par le remboursement des dépenses engendrées par les coûts faramineux des dépenses liées à leurs mensonges sur leurs médicaments.

De telles mesures courageuses auraient permis aux citoyens d’accepter l’effort qu’on leur demandait. Mais non. Les citoyens n’ont pas de lobby performant. Ce sont donc eux, et eux seuls, qui paieront. Le gouvernement avait annoncé vouloir conserver la note AAA à tout prix. Chacun en connaît désormais le prix: l’abandon pur et simple de toute idée de justice sociale. Français, marche ou crève !

Taxer plus pour rembourser plus… Mais qui ?

Depuis le SarkoShow de jeudi soir, c’est désormais officiel : les perspectives de croissance pour 2012 sont revues à la baisse, à 1% au lieu de 1,75%.

Ce qui nécessite de trouver 6 à 8 milliards d’euros supplémentaires pour boucler le budget 2012. Ca tombe bien, le Projet de Loi de Finances (PLF) sera bientôt à l’étude à l’Assemblée.

D’ici là, pour le moment, c’est le Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS) qui est en discussion. Et là aussi, il s’agit de trouver du pognon. Parce que les dépenses de santé coûtent cher, la dette sociale culminant pour l’instant à 190 milliards d’euros. A défaut de combler ce trou, il convient au moins d’éviter de le creuser. Donc le chantier pour la dépendance attendra, coincé au point mort.

La priorité est à trouver des ressources et pour cela, on doit bien pouvoir rogner un peu sur les malades. Ou pour être plus précis, encore un peu. Parce que depuis 2007, les déremboursements de médicaments se sont succédées. Sans oublier la franchise médicale. Ni la hausse du forfait hospitalier. Ou l’ajout d’un forfait non remboursé de 18 euros sur les actes hospitaliers.

En effet, le choix du gouvernement consiste à faire payer les malades. Vous me direz, ce sont les consommateurs. Certes, mais il existait d’autres voix. Ainsi, un député UMP avait proposé d’instituer une taxe basé sur le chiffre d’affaires des cigarettiers, soutenu par les députés socialistes. Las ! Le gouvernement comme la majorité ont rejeté cet amendement qui aurait pourtant rapporté 50 millions d’euros à l’Assurance Maladie. Victoire des lobbies…

C’est donc bien vous qui paierez.  Cela prendra la forme de taxes qui seront in fine ponctionnées dans votre porte-monnaie. Tout d’abord, la taxe sur les mutuelles. Comme je l’ai déjà expliqué, cette hausse vise à supprimer l’avantage fiscal –autrement dit « niche fiscale »- dont bénéficiaient jusque là les mutuelles, qui vont donc être plus taxées. Ces structures fonctionnant selon un système mutualiste, d’ù provient leur nom, elles n’ont pas d’autres ressources que les cotisations de leurs épargnants. Qui dit hausse de leur taxe dit donc forcément hausse des cotisations. Combien d’entre vous renonceront en conséquences à s’offrir une mutuelle, ce nouveau produit de luxe ?

Autre projet à l’étude, la réforme des indemnités journalières, que vous touchez lorsque vous êtes en arrêt pour maladie ou accident. Si le gouvernement avait d’abord envisagé une baisse pure et simple des IJ de 6%, le tollé que cette annonce a déclenché a produit un classique rétropédalage. Mais attention au second effet Kiss Cool : c’est maintenant une journée supplémentaire de carence que vise le gouvernement, passant ainsi de 4 jours au lieu des 3 jours actuellement.

En conséquence, beaucoup de personnes malades ne s’arrêteront pas à moins d’être affectées suffisamment gravement pour disposer d’un arrêt de 5 jours consécutifs. A moins, elles en seront de leur poche. Qui peut renoncer à quatre jours de salaire ? Ni les plus démunis, ni les classes moyennes basses. Au niveau sanitaire, c’est un recul : désormais, il faudra aller bosser avec une angine ou la grippe…  Quitte à contaminer vos collègues de travail. Qu’importe, ils viendront bosser aussi.

Pour tous les français sauf les alsaciens et mosellans qui ont leur propre régime… qui constitue une énorme niche qui brise l’égalité mais ça, personne n’envisage d’y toucher. Même s’ils prennent plus d’arrêts maladie que les autres, comme le démontre cette étude de 2011 réalisée par Ben Halima Debrand et Regaert (merci à Ménilmuche pour l’info). Des fois qu’on aurait une révolte à Strasbourg ou Colmar…

Pendant ce temps, déjà 40% des français renoncent à des soins ou les diffèrent, faute de pouvoir les payer. Y compris les titulaires de mutuelles car en plus de payer les cotisations, chacun doit évidemment avancer des frais pour des remboursements souvent longs, notamment en ce qui concerne les examens. De moins en moins de Français peuvent se permettre d’avoir autant de frais dehors, dans l’attente d’un remboursement, qu’il soit partiel ou complet.

C’est dire si notre système de santé modèle en a pris un coup. A force de le démanteler, pas sûr qu’on parvienne à le sauver…

SarkoShow, Acte III : Je suis le candidat qu’il vous faut

Après avoir sauvé l’Europe et bientôt le monde, puis la France, il était assez logique que Sarko songe à tirer les fruits de son dur labeur, et face enfin son autopromo, de manière plus claire. Afin que chacun comprenne qu’il sera bien candidat, et qu’en fait il l’est déjà. Sauf qu’il ne veut pas le dire.

Donc pour faire patienter, il indique que ce n’est pas le moment de se poser la question de savoir s’il doit redevenir président ou pas : « Quand nous avons fait la réforme des retraites, tout le monde m’est tombé dessus, les syndicats, l’opposition (…) Moi je m’en moque de savoir si je vais être réélu » Attention lecteur, il ne se pose pas la question parce que c’est évident : Sarkozy est bien plus candidat que président, et ce en permanence ! Tout ceci me fait penser à Zéro Janvier, le businessman-qui-a-le-blues de Starmania, dont le slogan était, dans cette comédie musicale, « Zéro c’est l’homme qu’il vous faut ». Zéro, oui, c’est bien ça. D’ailleurs j’aimerais bien savoir si Sarko aussi aurait voulu être un artiste. Et voir ses œuvres en poterie et macramé. Just sayin’.

Et d’ailleurs il se lance immédiatement dans son tube du quinquennat matraqué à longueur d’éléments de langages de #QAG –Questions au Gouvernement- en plateaux télés, à savoir une diatribe anti-PS –parce que même si le PS n’a pas gouverné depuis 10 ans, c’est toujours la faute du PS- en martelant en boucle son discours sur les retraites : « Cette réforme des retraites a protégé la France et les Français. La Grèce, l’Italie, l’Espagne n’ont pas fait de réforme des retraites ». Parce que lui est responsable, il fait les réformes…Réformettes. Faut pas déconner. Mais il est mieux que tout les autres et grâce à lui la France est au top. Bon, pour avoir le comparatif avec les autres systèmes européens, c’est sur l’Observatoire des Retraites. Reste que tout ça sent toutefois le vieux disque rayé : il fait souvent le coup des retraites lors de ses déplacements en province.

Sauf que d’une part, la Grèce n’est pas dans une telle situation juste parce qu’elle n’a pas fait la réforme des retraites –ça, c’est un raccourci vraiment moisi…- et d’autre part, le Sarko qui annonce qu’en France il n’y a eu ni baisse des salaires ni des pensions de retraites est le même qui laisse son gouvernement préparer un décret prévoyant la baisse des indemnités journalières de maladie. Certains vont donc bien voir leurs revenus diminuer, et pas n’importe qui : ceux qui sont en difficulté.

Le tout par décret, sans passer par ces curieux petits bonhommes qui s’agitent dans un, pardon deux hémicycles dont l’un dirigés par de dangereux gauchistes, ils pourraient amender l’article du PLFSS dans lequel cette disposition aurait du se trouver vu qu’il est en ce moment à l’étude à l’Assemblée. Du coup le gouvernement va passer par décret et ni vu, ni connu, ce sera adopté à l’unanimité du signataire, le président de la République ou le Premier Ministre. Franchement, y’a pas de quoi se vanter.

Mais mes aïeux, vous n’avez encore rien vu. Alors que notre bon mètre veut évoquer la stratégie de dumping de certains pays émergeants, on nage vraiment dans le show télé, avec cette référence à la série télévisé les Borgia : « Depuis 30 ans, les grands pays émergents, Inde, Brésil, Afrique du sud, Mexique, ils ont des bouches à nourrir, ils ont envie de progrès ». Les Borgia. Au XVème siècle, en Italie. Avec en option, la petite touche mini bling-bling qui nous apprend que notre bon mètre a Canal + puisqu’il regarde cette série. Bon, on n’est plus dans la Rolex, mais ça reste un peu tape à l’œil, le chef de l’Etat qui se la joue avec son accès au pay-per-view… Dis, tu ne veux pas me passer tes codes Foot + ? Nan parce que pour mes articles sur le PSG, je rame à trouver des streaming potables…

Sarkozy multiplie les allusions aux échecs des précédents gouvernements socialistes, avec pour leitmotiv le bilan désastreux des 35 heures : « Il faut accepter de prendre les mesures courageuses nécessaires… à partir du moment où on vit plus longtemps il faut cotiser plus longtemps pour sa retraite… (…) l’affaire des 35 heures a été une folie payée par les ouvriers et les salariés les moins formés… (…) y’a eu une délocalisation et une pression supplémentaire sur les salaires, ça a été une catastrophe sociale ».

Euh… N’ont-elles pas été démantelées ? A part dans certaines structures, elles ne sont plus en vigueur. Et la loi TEPA, sa grande loi, a tout de même servi à mettre en place les heures supplémentaires… achevant ainsi d’enterrer les 35 heures. Aussi, il serait peut-être temps de changer de disque. Ou alors de constater que les dispositifs qu’il a mis en place pour les enrayer ont échoué. Eh ouais. Faut rester cohérent.

Peu importe, de toutes façons, c’est la faute des socialistes. Et sur ce sujet, notre bon mètre attaque grassement : « C’est pas mon genre de dire que c’est la faute des autres, je prends mes responsabilités, mais je n’étais pas ministre en 1983… ». Sarko, toujours autant rat de caniveau, tout ceci manque de hauteur… Mais la fin justifie les moyens. Parce que le socialiste, voyez-vous, Sarko aimerait bien l’éliminer au premier tour. Histoire d’affronter Marine et qu’on soit obligés de se foutre une pince à linge –ou le panier de pinces tout entier- sur le nez pour aller voter. Ce serait bien pratique…

Et donc, il martèle sa vision manichéenne du bien et du mal, ou plutôt du travail et de l’assistanat : « Nous avons tous une responsabilité… Mais ce modèle d’assistanat qui consiste à laisser les gens chez eux… non (…) la stratégie est claire : travail, innovation, formation, investissement ». En enjolivant largement son bilan sur les heures supplémentaires en affirmant que «c’est 9 millions de salariés qui ont gagné en moyenne 450 euros de plus » -en français correct, on dirait « ce sont », mais passons, Monsieur Bescherelle est déjà mort plusieurs fois ce soir- et en omettant évidemment les nuances. Notamment en terme d’aggravation du déficit budgétaire, ou sur l’absence d’impact sur le chômage. Des chômeurs, qui justement, aimeraient travailler mais ne trouvent pas d’emplois. Effectivement, perso, avant de travailler plus, je voudrais bien travailler tout court. Et on est plusieurs millions dans ce cas.

Puis il annonce gentiment que « quelle que soit sa situation professionnelle on a le droit de se faire bien soigner ». Là, je m’étrangle ! Six paragraphes au dessus j’ai déjà expliqué que le gouvernement veut baisser les indemnités journalières de maladie, et en plus le gouvernement a déjà fait voter à l’Assemblée l’augmentation des taxes des mutuelles ! Et bien que les éléments de langages de l’UMP prétendent que les mutuelles ne sont pas obligées de répercuter la hausse, c’est un mensonge. Comme je l’ai déjà expliqué, ces structures sont par définition mutualistes, c’est-à-dire qu’elles n’ont pour seules ressources que les cotisations des épargnants. Et que dire des déremboursements de médicaments, qui touchent notamment certaines affections de longue durée ? En quatre ans, Sarko n’a cessé d’attaquer les malade au porte-monnaie !

On passe à l’aspect programmatique et aux bonnes recettes de Docteur Nicolas and Mister Sarko. Tout d’abord, il nous apprend qu’il n’a pas la recette miracle pour réduire le déficit en un seul mandat. Nan par contre on a vu dans l’Acte II qu’il avait bien la méthode pour l’augmenter dangereusement, puisqu’il est passé de 3,2% du PIB à 7,5% en 2010 avant de redescendre à 7,1% cette année. Si ça c’est pas du foutage de gueule en règle… Donc en la matière, sa solution reste de supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. D’ailleurs, il ne se prive pas de s’en vanter : « nous avons supprimé 150 000 postes de fonctionnaires, il faut continuer ». Supprimer à la hache, n’importe comment, alors qu’il serait plus utile de raisonner par secteurs, en fonction des besoins… Fichue RGPP qu’il faudrait brûler…

L’occasion pour Sarko de taper encore un peu plus sur le programme du PS, irréaliste selon lui : « J’entends qu’on parle d’embaucher 60000 enseignants de plus, mais avec quel argent ? ». Bon déjà, il s’agit non pas d’enseignants, mais de personnels de l’Education Nationale, et qu’ils seront créés sans embaucher de fonctionnaires mais en les redéployant, dixit Michel Sapin. Rien à voir donc, avec ce qu’en dit Sarkozy.

Et là, de sortir son petit couplet sur l’assistanat, clin d’œil à Laurent Wauquiez et sa droite prétendument sociale : « Il faut que la France investisse, il faut moins d’assistanat et plus d’investissement, voilà la martingale gagnante dans tous les pays ». Une nouvelle fois, notre bon mètre, qui a cette fois endossé le costume de Grincheux, stigmatise les français : que ce soit sur le chômage ou la santé, ce sont des délinquants qui ne pensent qu’à vivre aux crochets de la société. Peu importe les réalités, le discours il faut marteler. Pour la quatrième fois. Et aucun journaliste ne l’interrompt. Cirage de pompe…

Enfin on passe à l’idée de convergence franco-allemande, un sujet sur la table depuis des lustres : «La logique de la monnaie unique c’est l’intégration économique et la convergence. Nous avons fait la monnaie unique sans rapprocher nos gouvernements (…) Il faut bien réparer toutes ces erreurs, quand on rentre chacun avec sa fiscalité (…) ça ne peut pas marcher (…) Ca n’a pas de sens que nous ayons pas les mêmes taux d’imposition avec l’Allemagne ». Sarko penche fichtrement vers le fédéralisme européen. En même temps, c’est bien par là qu’on va.

Cette petite séquence franco-allemande m’aura permis d’apprendre, grâce à la prononciation de notre bon mètre, que le ministre de l’économie allemand –monsieur Chahubleuh dixit notre président qui ne parle pas allemand- n’est autre que Robert Hue déguisé en chat bleu. Même si en vrai il s’appelle Wolfgang Schaüble, ce qui se dit Chaobleuh en bon teuton et que se serait donc plutôt un chat au bleu. Ca, c’est bon pour l’harmonisation avec les fromages-qui-puent !

Bref, rien de neuf sous le soleil pour le candidat Sarko, à part une constante qui se fait jour depuis quelques temps à l’UMP, à savoir prétendre être le meilleur sous le prétexte d’être déjà au pouvoir. Un peu court sur pattes, et pas sûr que ça suffise aux français au printemps prochain… et côté programme ?

Vers la réduction des indemnités maladie

Quand vous êtes en arrêt de travail, vous pouvez recevoir –sous certaines conditions– des indemnités journalières, appelées IJ, par l’assurance maladie, en remplacement de votre salaire. Déjà, le mode de calcul de ces IJ a déjà été modifié l’an dernier – à la baisse évidemment. Et cette année, rebelote.

Ces feignants de français étant un peu trop enclins à rester au chaud au fond de leur lit, le gouvernement a décidé de prôner haut et fort le slogan « travaille ou crève », en rabotant une fois de plus les IJ de nos malades de 6%. Soit pour un salaire au SMIC, une indemnité qui passerait de 50% du salaire brut pour les IJ Maladie et de 60% du salaire brut pour les IJ Accident du Travail à 60% du salaire net. Ce qui revient pour un SMIC à une IJ pour Maladie de 640 euros au lieu de 680 euros. Or à ce niveau d’indemnités, 40 euros c’est énorme !

Pire, le gouvernement envisage de passer par un décret sans passer par la case Parlement. Certes, la Constitution le lui permet, mais il n’en reste pas moins que c’est une utilisation abusif du décret. En effet, on pourrait penser que c’est pour aller plus vite, l’exécutif souhaitant que ce décret prenne effet au 1er janvier. Or le Parlement discute justement en ce moment le budget de la Sécu, et va donc voter le PLFSS –Projet de Loi de Finances pour la Sécurité Sociale- qui va s’appliquer… pour 2012. L’argument du temps ne tient donc pas : le PLFSS sera voté le 16 novembre. Enfin en première lecture à l’Assemblée. Et après, y’a les gauchistes du Sénat, avant le retour de la navette. Reste qu’il devra être voté avant la fin de l’année.

Une fois de plus, le gouvernement cède à sa vision grotesque de la société, en prenant les gens qui ne travaillent pas pour des délinquants. Une fois de plus, chômeurs ou malades sont pris pour des voleurs qui cherchent à se planquer du monde du travail. Peu importe qu’ils ne trouvent pas d’emploi ou qu’ils soient en incapacité de travailler, ce sont des assistés, et aux yeux du gouvernement, le cancer de la société. Ils sont fautifs, et donc taxés.

Certes, il existe une minorité de chômeurs qui abusent du système, tout comme certains jouent les faux malades, en se mettant en arrêt pour un oui ou un non. J’en connais. Lorsque j’étais en poste dans une collectivité territoriale, une assistante à la comptabilité s’était mise en arrêt de complaisance, tout en arpentant gaiement les rues de la ville. Ah, pour traîner à la brocante, son mal de dos n’existait plus ! Pire, elle avait confirmé son voyage en République Dominicaine avec l’Amicale du Personnel.

Perso j’ai une hernie discale, je suis alitée depuis 3 mois et demi, je suis sortie 5 fois en 15 semaines, et mon dos n’aurait pas supporté 8h d’avion. Et bien la collectivité lui avait envoyé un inspecteur de la sécu. Bon, franchement, le système n’est pas tout à fait au point : d’une part, la sécu prévenait jusqu’à récemment les malades de son passage, qui donc pouvait feindre allègrement. D’autre part, c’est à l’entreprise de payer le passage de l’inspecteur, ce qui freine les prescriptions… Peut être vaudrait-il mieux travailler là-dessus ?

Reste que ce n’est pas parce que quelques uns abusent honteusement d’un système qu’il faut généraliser et taxer les gens de mauvaise volonté. On le voit bien dans le domaine du chômage : notre pays bat des records… Et donc tout à coup 10% de la population active se serait mise à frauder ? Quelle mauvaise foi ! Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de la rage. C’est bien ce que le gouvernement tente de faire avec les populations les plus fragiles : les étrangler financièrement. Alors que la très grande majorité d’entre elles aimerait juste travailler. Et accessoirement, travailler plus pour gagner plus. Si ça n’était pas un mirage de plus…

Ou comment le gouvernement tente de passer en douce une mesure visant à stigmatiser financièrement les populations les plus fragiles, en excluant tout contrôle de la représentation nationale.

[Edit du 28 octobre 2011] Face au tollé contre cette éventuelle disposition, le gouvernement cherche d’autres pistes… et envisagerait maintenant un éventuel quatrième jour de carence. En savoir plus sur le blog de Ménilmuche.