Sarko : enfin la fin du ni-ni…

sarkoniniRégionales 2015, souvenez-vous : alors que les scores du FN faisaient courir le risque d’une présidence de régions Fn, Sarkozy persistait à refuser d’indiquer une consigne de vote pour le second tour en cas d’élimination de la droite, préférant laisser à ses sympathisants le libre choix de voter pour le FN.

C’était le fameux NI-Ni : ni gauche, ni FN, je m’en lave les mains. Pendant le même temps, Alain Juppé tempêtait, se prononçant, lui, en faveur d’un vote républicain, fusse à gauche.

Qu’on soit très clair : en vertu de notre constitution, le vote se fait à bulletin secret. In fine, l’électeur a donc toujours le choix de voter pour qui il souhaite. Autrement dit, quand un politique donne une consigne de vote, ça n’est qu’une recommandation aux électeurs qui ont porté leur voix sur lui. C’est une position politique. Et à partir du moment où le FN peut se présenter à des élections, les électeurs peuvent voter pour le FN. Ca ne se discute pas.

En revanche, quand un politique prend position, il ne s’agit plus du droit des électeurs à voter comme ils veulent –c’est garanti par la Constitution- mais à donner SA propre position. Quoi qu’ait pu en dire Nicolas Sarkozy et ses amis pendant les Régionales, prôner le Ni-Ni n’est pas un refuge visant à laisser les électeurs choisir : ils ont déjà ce droit et il est constitutionnel.

Le Ni-Ni est une arme bien plus insidieuse. Elle consiste à dire aux électeurs que  s’ils souhaitent voter FN, ça ne lui pose absolument aucun problème au politique qui prend cette position et que c’est un choix tout aussi respectable que de voter pour la gauche républicaine. Il ne fait aucune différence entre ces deux offres. Autrement dit, il banalise le vote FN. Prôner le Ni-Ni, c’est dire aux électeurs que s’ils n’ont pas choisi le parti du politique concerné, ils peuvent aller vers les extrêmes.

On peut réellement s’interroger sur une telle prise de position au sein d’un parti qui se dit républicain et le porte dans son nom, et des tentations d’alliance entre Les Républicains et le FN, qui ont traversé la tête de certains de ses représentants. En la matière, Nicolas Sarkozy a beaucoup joué avec le feu.

Qu’il tourne aujourd’hui sur le Ni-Ni en affirmant chez Jean-Jacques Bourdin qu’en cas de duel Hollande/Le Pen il voterait Hollande, et tourne ainsi casaque, est heureux.

Après est-ce sincère ? Plus personne ne peut savoir, aujourd’hui, ce que pense vraiment Nicolas Sarkozy : à force de changer tout le temps d’avis sur tout pour courir après un électorat qui n’a plus envie de lui, le peuple ne parvient plus à le comprendre. La présidentielle étant, en France, encore fortement marquée par la rencontre entre un homme et un peuple, il y a fort à parier que malgré ce revirement, heureux pour une fois, cela ne soit pas suffisant pour l’emporter in fine, c’est-à-dire en mai prochain au cas où il viendrait à remporter la primaire.

La droite d’après

Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, l’UMP n’a plus de tête. Ou plutôt elle en a plusieurs.

D’un côté Jean-François Copé, Secrétaire Général de l’UMP, et de l’autre, François Fillon, qui fut pendant 5 ans Premier Ministre. Mais aucun des deux n’est le leader naturel de la droite. Et rien ne dit que l’un des deux le deviendra. S’ils y aspirent, ils n’ont pour autant pas tous les atouts en main : l’un comme l’autre ont été nommés… et ne connaissent pas, pour l’instant, leur poids au sein du parti. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du monde en embuscade…

J’entends d’ici les pro Copé ou pro Fillon m’expliquer qu’enfin c’est évident… Probablement les mêmes qui se félicitaient en hurlant du sacre de Nicolas Sarkozy à la tête de l’UMP en 2004, sans connaître les arcanes du vote. Oui, Nicolas Sarkozy avait obtenu 85,1% des suffrages exprimés, ce qui est un excellent résultat. Mais quid du poids dans l’UMP ? Alors que l’élection avait eu lieu dans un climat de pression incroyable, à grand renfort de promotion, seulement  62300 adhérents avaient choisi de voter, sur les 132922 à jour de cotisation. Soit 55% de participation.

Quant au vote blanc, nul ne saura jamais vraiment s’il était bien de 35,3% comme semblait l’indiquer le chiffre mystère de 64,7% apparu lors de la répétition générale la veille du congrès, un chiffre forcément issu du scrutin (la machine étant verrouillée) et qui ne correspondait ni à la participation, ni aux suffrages recueillis par un des candidats. Personne ne peut l’affirmer, mais si le vote blanc a atteint ce chiffre, le poids de Sarko était inférieur à 30%. Quoi qu’il en soit, le poids devait être bien faible pour que Sarkozy serre la vis si rapidement après son élection, et s’assure du soutien des cadres par la création d’une catégorie sur mesure : la représentation des nouveaux adhérents dans les instances internes.

Bref, à moins d’être installé dans le parti depuis des années et d’avoir su y tisser un réseau, notamment au fin fond des fédérations, il reste très compliqué de disposer d’un poids de taille. Et en la matière, ni Copé, ni Fillon, ne dispose du moindre début de commencement de légitimité. Parce qu’ils ont été nommés. Parce qu’ils ont fait la guerre. Parce qu’ils ont parfois été maladroits.

Copé, comptable de l’UMP

Copé, quant à lui, se heurte à un problème de taille. Bien qu’à la tête de l’UMP, il n’y est pas (encore) légitime, faute d’avoir été élu. Il pourrait se présenter au prochain congrès, mais a-t-il la poigne nécessaire ? Les débordements actuels démontrent qu’il est incapable de tenir cette famille politique. De plus, il ne s’est pas posé en chef de famille, et s’est fait imposer une direction collégiale pour mener la campagne des législatives. Une bataille sans chef de file. On pourrait appeler cela le rassemblement. Cela montre surtout l’incapacité de l’actuelle secrétaire général de l’UMP à se poser en patron, et à prendre ses responsabilités.

Enfin pour terminer, sa stratégie a toujours été de s’appuyer sur des élus qui lui doivent tout. Quels talents a-t-il fait émerger ? Oh certes, Copé a tenté d’acheter des soutiens, en nommant à droite à gauche des secrétaires nationaux, afin de les obliger. Mouais. L’armée mexicaine, ça dévalorise vite le poste, et ça ne permet pas de s’assurer un soutien fiable et durable. On ne peut pas dire que ses recrutements, à l’image de Valérie Rosso-Debord, aient vraiment été judicieux. Or ce sont autant de boulets qu’il n’a pas su gérer, et qu’il lui faudra traîner.

Quant à son réseau de députés, il est bien meilleur que celui de Fillon… et ne peut être considéré comme autrefois : on parle ici d’un réseau de députés dont il ne restera pas forcément grand-chose après les législatives, et qui en plus, est très volatile. Parce que le sarkozysme est mort entre temps. Et nombreux sont ceux à  suer en ce moment pour conserver leur circonscription, et avoir envie, une fois dans l’opposition, de donner de la voix. Encore un réseau finalement assez friable… Assez peu sur leur propre vote –le vote électronique ne garantissant pas l’anonymat, les cadres vont voter comme il faut- mais sur celui de leurs ouailles. Et c’est bien ce qui compte.

Sur le plan idéologique, il reste très marqué par des prises de positions très polémiques, qui entreront dans son bilan personnel, et peuvent froisser une partie des militants. En effet, Copé est intimement lié à ce que l’UMP a fait depuis qu’il en est le secrétaire général : qu’il le veuille ou non, il est comptable de toutes les polémiques qui ont émaillées la vie du parti. Et là encore, la preuve se fait par le contre exemple : entre 2005 et 2007, Sarkozy avait pris ses distances avec le gouvernement Chirac… justement pour se positionner pour la présidentielle.

Fillon, l’instable coucou

Fillon, lui, n’est hélas pour lui pas plus légitime, contrairement à ce qu’il imagine. Avoir été Premier Ministre est une qualité, mais est-ce suffisant ? En d’autres termes, qu’apporte-t-il de plus que Juppé ou Raffarin ? Rien. En revanche, il a de sacrés casseroles aux fesses. Première d’entre elles, sa passion pour la ventilation. Girouette de classe internationale, on l’a connu balladurien entre 1993 et 1995, devenu chiraquien en 2002 pour entrer au gouvernement, puis sarkozyste –et en opposition très marquée avec le gouvernement d’alors- lorsque Villepin ne l’a pas conservé en 2005. Il avait dit alors « Vous faîtes de moi le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy ». On a connue personnalité plus capable de rassemblement…

Non content de suivre son intérêt personnel au sein du parti, il fait de même pour ses aventures électorales : ça ne l’a en effet pas dérangé de quitter sa terre d’élection, la Sarthe, et sa circonscription qui menaçait de tomber à gauche, pour la confortable 2ème circonscription de Paris. Coucou dans le nid de Rachida Dati. On a connu personnalité politique plus courageuse… Mais à l’entendre, il l’a fait pour se présenter à Paris. Curieusement, il ne parle plus de la capitale : a-t-il enfin compris que briguer Paris lui barrerait la route pour 2017 ?

Et pourtant il devra y aller. Cet épisode l’oblige désormais à affronter la bataille de Paris en 2014, faute de quoi il passera pour le couard qui s’est mis à l’abri. Ce qui lui coupe sous le pied tout destin présidentiel : s’il n’ose y aller, il sera un lâche. S’il y va et perd, il aura été incapable de remporter une bataille capitale (sic !) et s’il gagne, il ne pourra abandonner les parisiens pour mener les troupes en 2017. Le piège s’est refermé. A moins qu’il ne soit pardonné, mais en échange de quoi ? Rien n’est jamais gratuit. Fillon, donc, n’est pas en position de force.

Qui d’autres ?

Enfin, il se pourrait que d’autres prétendants apparaissent. Les observateurs aiment à commenter les faits comme étant joués, mais c’est oublier un peu que l’UMP est une machine complexe qui obéit à d’autres principes que ceux qui ont été montrés sous l’ère Sarkozy. L’UMP, c’est d’abord un projet d’union entre les composantes républicaines de la droite et du centre (droit), quelque chose dont on n’a plus entendu parler depuis de nombreuses années. Mais l’UMP a-t-elle vraiment renoncé à incarner ce projet ? Bien que certains aient cédé à l’appel des sirènes centristes, rien n’est moins sûr. C’est justement l’un des enjeux qui attend l’UMP de demain : faire sa mue, dans un sens… ou dans l’autre.

Rien n’est donc joué que ce soit entre Copé et Fillon… ou d’autres prétendants. Le mandat de président de l’UMP est de 3 ans. Si la droite renonçait enfin à être la plus bête du monde, elle pourrait profiter de ce mandat 2012-2015 pour remettre de l’ordre dans le parti, dans les fédérations, dans les statuts –avec notamment, la mise en place éventuelle d’un ersatz de courants, et des primaires pour la désignation du candidat-, retravailler la ligne politique de l’UMP qui s’est bien éloignée pendant 5 ans de la charte des valeurs de l’UMP, …. Ce mandat de 3 ans devrait, si la droite était maligne, être confié à une personnalité de droite indiscutable en interne, crédible, et surtout, qui ne soit pas candidate pour les présidentielles de 2017.

Et des personnalités de ce type, il en existe dans l’UMP. Elles pourraient même, ensemble, former un ticket Président-Vice Président-Secrétaire Général. Sauf que pour qu’elles se présentent, il faudrait une paix armée. Une paix que toutes les tendances s’imposeraient, en acceptant de reporter la grande baston de 3 ans, au moment des éventuelles primaires.

Copé et Fillon seront-ils assez intelligents pour choisir cette option ? L’attrait du pouvoir étant ce qu’il est, rien n’est moins sûr. Mais la possibilité existe. Et les autres prétendants aux primaires de 2017 pourraient bien être intéressés par cette perspective. Sans parler des tendances oubliées sous le sarkozysme, qui n’ont pas vraiment envie de voir les mêmes se comporter de la même manière. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’en la matière, il n’y a que les héritiers directs du sarkozysme pour penser que tout est écrit.

L’avenir immédiat

Et pourtant, l’UMP devra rapidement se trouver un chef. Et plus rapidement qu’il n’y paraît aux yeux des observateurs néophytes. En effet, les statuts de l’UMP prévoient un congrès en novembre pour désigner le nouveau président de l’UMP. En 2004, Nicolas Sarkozy avait été élu pour un mandat de 3 ans qui prévoyait alors une nouvelle élection à la fin de l’année 2007. Soucieux de ne pas trouver à la tête du parti un opposant qui aurait pu se comporter avec lui comme il l’avait fait avec Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy avait fait procéder à une modification des statuts, qui prévoyaient, à l’article 48, une disposition transitoire instaurant un secrétariat général pour la durée du quinquennat. Nicolas Sarkozy n’étant plus président de la République à compter du 16 mai prochain, l’UMP se trouve dans l’obligation de procéder à l’élection d’un nouveau président.

Si François Baroin a annoncé qu’il n’y avait aucune urgence à convoquer un congrès avant l’été, ça n’est pas, contrairement à ce qu’ont pu penser ceux qui ne connaissent pas l’UMP sur le bout des doigts, pour renvoyer l’élection à plus tard. C’est tout simplement parce que le congrès n’est pas prévu avant… et que le processus de l’élection du président ne permet pas de l’anticiper. L’articles 26 des statuts précise que « Le Président de l’Union est élu au suffrage universel, par l’ensemble des adhérents, au scrutin majoritaire à deux tours ; les modalités de vote sont définies par le Règlement Intérieur. »

Mais les conditions de cette élection sont déterminées très précisément par le Règlement Intérieur de l’UMP. L’article 26 nous apprend ainsi que les candidatures doivent être transmises 2 mois au plus tard deux mois avant le scrutin, et disposer du parrainage de 3% des adhérents à jour de cotisation. Ces éléments posés, il devient donc strictement impossible d’anticiper l’élection avant l’été. En revanche, pour être dans les temps prévus par les statuts et permettre à l’UMP de disposer de son président en novembre, il faut que les candidatures soient parvenues aux instances en charge de l’élection au plus tard mi-septembre… et donc lancer le processus de parrainage au cours de l’été. Exactement comme en 2004.

Pour y échapper, il ne reste que deux possibilités : ne pas respecter les statuts, ou convoquer un conseil national modifiant le règlement intérieur pour permettre de reculer le congrès. Dans un cas comme dans l’autre, l’UMP se montrerait incapable de respecter ses institutions, ce qui aurait un retentissement important sur son image… à un moment où le parti tangue déjà. Et cela affaiblirait encore plus Jean-François Copé. Nul n’ayant intérêt à reculer l’échéance, l’UMP devrait logiquement convoquer un conseil national juste après les législatives, et lancer le processus, en informant les adhérents.

C’est la raison pour laquelle, à titre personnel, j’ai décidé de reprendre ma carte à l’UMP. En effet, le règlement intérieur est clair : « figurent sur les listes électorales, les adhérents à jour de cotisation au 31 décembre et au 30 juin précédant le scrutin. » Si les adhérents 2011 pourront renouveler leur cotisation jusqu’au vote, tous les autres devront, pour figurer sur les listes, être adhérents au 30 juin. Or par définition, les non adhérents n’ont pas à être informés. Il est donc important que les sympathisants de droite qui souhaitent participer à la reconstruction de l’UMP et porter leur voix pour déterminer à quoi ressemblera la droite de demain (union de la droite et du centre, ou dérive droitière ?) doivent absolument prendre leur adhésion avant le 30 juin. Même s’ils ne seront pas décisionnaires sur les candidatures qui elles, seront certainement l’objet de discussions entre les intéressés…

J’suis un chômeur abandonné…

Ce jeudi soir, les candidats se sont virtuellement affrontés sur le plateau de l’émission Des Paroles et des Actes, à une dizaine de jours du second tour de la présidentielle.

L’un après l’autre, François Hollande et Nicolas Sarkozy ont répondu aux questions des journalistes.

L’occasion pour eux d’évoquer enfin, mais très succinctement, la question de l’emploi… et du chômage. Et de constater que l’un comme l’autre n’envisage que des mesures « rustines » inadaptées. N’y allons pas par quatre chemin sur le constat : chômeurs, les politiques ignorent totalement ce que vous vivez, et n’ont pas l’intention de le découvrir. A force de clichés, ils  vous ont abandonnés. Décryptage.

Le mirage de la formation

Pour Nicolas Sarkozy, la solution se trouve dans la formation professionnelle. Selon lui, le vrai problème du chômage se trouve là. Les chômeurs ne disposeraient pas d’une formation suffisante pour trouver un emploi, ou alors, elle ne serait pas adaptée à la demande. Le mirage du plombier polonais. Les chômeurs seraient tous soit sortis du système scolaire trop tôt, soit des dangereux et irresponsables gauchistes dotés d’un BAC + 5 en socio, qui ne pourraient être absorbés par le monde du travail.

Donc Nicolas Sarkozy veut remettre tout le monde à l’école, sans aucune distinction. L’objectif est simple : donner une formation à tous, et obliger le chômeur à accepter une offre d’emploi correspondant à cette formation. Que vous soyez cadre ou manutentionnaire, peu importe. La philosophie ce cette proposition, c’est que tout est lié à vos (in)compétences, et vous devez passer au rattrapage.

Peu importe qu’il y a encore un mois, vous fûtes un excellent élément de votre entreprise, qui a mis la clé sous la porte. Il n’y a plus de crise qui tienne, vous êtes au chômage, vous êtes coupables. D’avoir eu des problèmes scolaires, peut être. D’avoir choisi la mauvaise orientation, c’est possible. Mais surtout, d’avoir perdu votre boulot. Chômeur, ton chômage, c’est de ta faute. Et on va te le faire payer cher.

Naturellement, certains sont concernés par les problèmes de formation. En premier lieu, ceux qui n’arrivent pas à entrer sur le marché du travail. Leur formation est-elle adaptée ? Si non, pourquoi les a-t-on orienté vers ces formations ? Personne ne se pose la question : mieux vaut les accuser de l’avoir choisie. Ca évitera de se demander pourquoi les entreprises refusent de faire confiance aux jeunes diplômés.

C’est tellement plus facile de faire croire que tous les jeunes qui ne s’insèrent pas sur le marché du travail sortent de formations inadaptées. Ce qui est naturellement faux. Combien d’entre eux s’entendent répondre qu’ils n’ont pas d’expérience ? Combien d’entre eux se voient proposer uniquement des stages ?  Combien d’entre eux vivotent de petits boulots très éloignés de leur formation –cette sacro-sainte putain de formation- juste parce qu’à la sortie on ne leur donne pas leur chance ? Cachez ce problème que l’on ne saurait voir !

Ensuite, il y a ceux qui n’ont pas de formation. Naturellement, ceux là ont besoin d’aide. Mais d’ailleurs, pourquoi n’en ont-ils pas ? J’entendais hier Nicolas Sarkozy pleurnicher sur les artisans qui cherchent des apprentis et n’en trouvent pas. Ce qui me donne l’occasion de vous donner l’exemple du petit frère d’une de mes meilleures amis. Romain a 18 ans. Il veut être plombier. Ca tombe bien, on manque de plombier. Mais voilà, Romain a 18 ans, et c’est son plus grand problème. Il voudrait bien retourner au lycée, pour décrocher une formation en alternance de plombier.

Mais pour être admis au lycée public qui assurerait cette formation, il doit trouver lui-même le patron qui le prendra en alternance. Bref, trouver le job. Sinon, pas de place au lycée. Mais personne ne veut de Romain. Parce que Romain a 18 ans, et que le patron devra le payer plus qu’un jeune de 16 ans qui ferait la même formation. Alors Romain s’est tourné vers Pôle Emploi. Réponse : attendre un an et sa demande sera étudiée, et il obtiendra peut être une formation de plombier.

Pour ceux qui ont besoin d’une formation, c’est déjà très compliqué. Mais tous les chômeurs ont-ils vraiment un problème de formation ? Et quelle est la part de crédit accordée à l’expérience professionnelle, appelée aussi « formation sur le tas » ?  Pour ma part, je suis titulaire d’un Bac + 3 en organisation de spectacle. Un métier que je n’ai jamais exercé. Et pour cause, c’est un secteur bouché. Je n’ai pas attendu de pointer des lustres au chômage pour remettre en cause ma formation. J’ai travaillé. Je me suis formée à partir de compétences comme l’écriture ou la communication, et j’ai appris non pas un, mais plusieurs métiers. J’ai de multiples compétences qui m’offrent l’accès à pas moins de trois jobs différents. Et ce serait un problème ?

D’ailleurs, 15 ans après l’obtention de mon dernier diplôme, il me semble que l’expérience professionnelle suffit à mes candidatures. Très honnêtement, j’ai entendu tous les prétextes du monde pour voir mes candidatures rejetées, mais jamais, ô grand jamais, personne ne m’a encore dit que c’était parce que je n’avais pas le bon diplôme lorsque je candidatais pour mon activité principale. Et pour cause : j’ai plus de 10 ans d’expérience ! Tous les recruteurs reconnaissent que cela vaut largement un diplôme…

Concrètement, va-t-on m’obliger à suivre une formation pour m’obliger à accepter ensuite deux offres d’emploi dans le domaine dans lequel je cherche déjà un job depuis un bail… ou peut on passer directement à la deuxième partie de la phrase ? Ce qui serait utile à un profil comme le mien serait plutôt une validation des acquis –qui ne prennent pas des mois comme la formule actuellement proposée par Pôle Emploi- ou une formation à la carte sur des compétences telles que les langues ou l’informatique. Mais là, ce serait plus compliqué d’appliquer l’obligation d’accepter une offre d’emploi correspondant à la formation.

Naturellement, un autre problème se pose. Si tout le monde doit obligatoirement suivre une formation lorsqu’il est au chômage, quid des CDD multiples ? Devront-ils enchaîner les formations entre deux CDD et changer tout le temps de métier, ou auront-ils une dispense ? Or c’est bien ces gens « qui travaillent quelques mois pour toucher des droits » que le président sortant vise… sans avoir conscience que pour quelques fraudeurs, l’écrasante majorité subit cette précarité et rêve du CDI qui viendrait enfin rompre la chaîne des CDD, qui rime avec logement précaire et insécurité financière.

Enfin, si la formation obligatoire pour tous est vraiment LA solution à tout, peut-on m’expliquer pourquoi Gilloux 99, qui a fait une formation payée par Pôle Emploi, correspondant aux métiers et besoins professionnels de la région dans laquelle il habitait alors (superviseur de centres d’appels, en Picardie) n’a pas trouvé d’emploi dans sa région à l’issue de cette formation si capitale pour le remettre sur le marché de l’emploi, et pointe aujourd’hui au RSA bien qu’ayant déménagé sur une région encore plus porteuse ? La solution miracle serait-elle faillible ?

Sans compter que personne n’évoque le problème capital du financement, et de l’indemnisation. Pour Nicolas Sarkozy, les chômeurs seront indemnisés pendant leur formation. Tous ? A quelle hauteur ? Aujourd’hui, un chômeur en formation continue de percevoir Assedics. Du moins, tant qu’il dispose de droits aux Assedics. Car une fois encore, la durée d’indemnisation dépend de la durée de cotisation. Certains chômeurs ne touchent donc pas d’Assedics. Pour les autres, la durée maximale est de deux ans, mais peut tout à fait être de quelques mois.

A l’issue de la période d’indemnisation Assedics, l’indemnisation durant la formation peut exister, sous conditions. Elle n’est donc pas, aujourd’hui, automatique. Elle dépend  de multiples critères, et  ne peut excéder 650 euros. Mais ce montant peut être bien inférieur. Ainsi, un de mes amis ne touchait que 200 euros pendant sa formation, qui de plus, avait lieu dans une autre région que la sienne. Il n’a pu survivre que grâce au maigre salaire de son épouse.

Mais cela choque-t-il vraiment ? Hier un internaute me disait sur Twitter : « Si tu es au RSA, tu as 400 euros par mois. Mieux vaut en toucher 650 ». Merci pour ce beau projet de vie qui nous est promis. La logique semble être la suivante. Si l’on touche 400 euros de RSA, il vaut mieux toucher 650 euros pendant une durée de formation a priori longue (si on veut disposer d’une bonne formation) et au résultat forcément aléatoire (rien ne garantit l’insertion immédiate sur le marché du travail à la sortie de ladite formation) que de risquer toucher près de 900 euros en trouvant un job au SMIC peut être le lendemain. Expliquez moi. Mais alors si, comme dans le cas de mon ami, la formation n’est indemnisée que 200 euros, alors qu’on avait 400 au RSA, c’est mieux aussi ? Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu ?

Tout ceci au nom de quoi ? De la valeur travail. Le « vrai » travail. Le glissement idéologique n’est pas innocent. Le « vrai » travail n’est plus avoir un emploi qui permet de tirer un salaire de son labeur. Le vrai travail, c’est être occupé, fut-ce pour une tâche qui ne correspond ni à ses aspirations, ni à ses compétences, en échange d’une indemnisation standardisé qui n’est pas fonction du marché. Pour sortir les chômeurs du travail, Sarkozy est prêt à soviétiser le travail : tous au boulot, pour un pécule uniforme, et sans rapport avec les aspirations. Et il se prétend de droite ? Sa-vou-reux !

Les emplois aidés… pour tous ?

En face, ça n’est guère mieux. En effet, pour François Hollande, la solution au chômage de masse, c’est l’emploi aidé. Fatalement, de masse aussi. Parce que pour le candidat socialiste, les gens au RSA sont éloignés de l’emploi depuis trop longtemps. Erreur. Certains n’ont jamais connu l’emploi, comme nombre de jeunes diplômés. Mais d’autres parce qu’ils n’ont pas cotisé suffisamment longtemps. Non, le RSA n’arrive pas nécessairement au bout de longues années de galère… En même temps pour François Hollande, le RSA est de 700 euros, pas étonnant qu’il ne maîtrise pas le sujet.

Donc pour le socialiste en passe d’emporter la présidentielle, tout le monde aurait besoin d’un contrat d’insertion, pour se remettre au travail. Là encore, ça peut tout à fait convenir à certains publics en perte de confiance, ou dont les qualifications très techniques peuvent nécessiter une remise dans le bain. Mais une secrétaire qui a cessé de travailler il y a 6 mois et qui est au RSA, on imagine qu’elle ne sait plus décrocher le téléphone ??? M’enfin, qu’est ce que c’est que cette manière de systématiquement prendre le chômeur pour un demeuré ? Alors on peut avoir travaillé des années, avoir des compétences reconnues par ses anciens employeurs, et tout à coup ne plus savoir rien faire parce qu’on est au chômage ?

Mais dites moi les politiques, ce n’est pas vous, par hasard, qui prétendiez que la crise ralentissait les embauches ? Alors pour les entreprises, l’argument de la crise tient, mais par contre pour les chômeurs, ça ne peut expliquer leur période sans emploi : ils sont forcément devenus débiles ! Autrement dit, on distille dans la tête du reste de la population que le chômage n’est ni plus ni moins qu’une sorte de pathologie dont les effets seraient de rendre subitement incompétent. Ma-gni-fi-que. Voilà qui va aider le chômeur à retrouver du lien social, tiens !

De toutes façons cette proposition est fantasque. Vu le nombre de chômeurs, elle serait bien trop onéreuse… Il y aura certainement à nouveau des emplois aidés, mais ils ne seront ni obligatoires (au moins le candidat PS ne veut pas obliger les chômeurs à quoi que ce soit), ni accessibles à tous (comme auparavant, il y aura des conditions). Rien de neuf sous le soleil, donc. Et tout ceci ne nous dit donc pas comment les chômeurs seront aidés. Probablement parce que comme d’habitude, ils ne le seront pas.

Mais diantre, quand les politiques comprendront-il que ce que veulent les chômeurs, c’est un emploi ? Pas une formation. Pas un sous emploi. Pas un vrai travail. Un vrai emploi. Comme ceux qui sont issus des offres publiées sur internet ou dans les journaux. Des vrais jobs. Et non des cache-misères destinés à sortir des chiffres du chômage un maximum de chômeurs afin de prétendre avoir résolu le problème. Les formations comme les emplois aidés ne sont que des outils à mettre à destination de ceux qui en ont le plus besoin. Mais en aucun cas basculer dans le pérenne.

L’objectif de tout chômeur est de retrouver un véritable emploi, payé à sa juste valeur, en fonction du marché.  Ce serait bien qu’il en soit de même pour les pouvoirs publics… Hélas, ils y ont renoncé. Personne ne s’intéressera donc au comportement des entreprises de recrutement, qui utilisent des logiciels de tri de candidatures massives pour écarter des candidatures pourtant valides, et notamment celles de candidats dépassant un certain nombre de mois sans activité.

Ou encore celles qui organisent de faux entretiens en recevant des candidats ne pouvant pas répondre aux critères des entreprises clientes, le tout en 5 minutes chrono, pour prétendre avoir vu XX candidats, toucher la prime relative au poste, qui sera en réalité attribué à un membre du réseau. Ou encore l’absence d’obligation de réponse à un candidat. Ni du poids prépondérants des diplômes. De celles qui écartent des candidats sur le physique. Sur la raison politique. Ou autres discriminations. De celles qui profitent de la crise pour sous-payer leurs nouveaux salariés, et tirer ainsi les salaires vers le bas. Non, on ne parlera jamais de ce qu’il se passe de l’autre côté du miroir, ni de la mauvaise foi qui devient vraiment tendance chez les recruteurs, puisque de toutes façons, tout est de la faute du chômeur.

Entre mesures coercitives culpabilisantes et mesurettes, aucun politique ne propose de se préoccuper sérieusement de l’accès à l’emploi, en regardant dans plusieurs directions. Non, les politiques préfèrent se cacher la tête dans le sable, et omettre ce sujet. Le message reste le même que d’habitude : chômeurs, démerdez-vous !

Dimanche je voterai… François Hollande

Longtemps, je me suis demandée ce que j’allais bien pouvoir voter lors de cette présidentielle. En tant que ChiracoJuppéiste absolument pas convaincu par le bilan de Nicolas Sarkozy, je suis naturellement orpheline de candidat, faute d’un choix plus probant à droite.

Durant deux années, j’ai milité pour Dominique de Villepin, tout en doutant de ses capacités non pas de président, mais de candidat. La suite de l’histoire m’a d’ailleurs donné raison, puisqu’il ne s’est pas qualifié. N’étant représentée par personne, que faire ?

Nombreux ont été les amis à tenter de m’orienter vers deux candidats. D’une part, Nicolas Dupont Aignan. Au nom du gaullisme. Bon, j’ai toussé. De nos jours, aucun candidat n’est réellement gaulliste. Ce terme est tellement galvaudé par les profanateurs de croix de Lorraine que j’ai du mal avec ceux qui s’en prétendent.

Mais surtout, je déteste les petits candidats qui font des promesses qu’ils ne pourraient jamais tenir s’ils étaient élus. NDA nous propose de sortir de l’Euro. Mais alors, pourquoi chiffre-t-il son programme en Euro ? Pourquoi ne pas parler en francs et estimer la parité qui pourrait exister ? Parce que ça ferait mal ? Pour sûr. Lorsque j’en ai parlé à ceux qui me conseillaient NDA, j’ai tout de même eu droit à un argument collector : « OK, mais à part ça ? Il est gaulliste ». A part ça ? Ca ne me semble pas un détail…

On a aussi essayé de m’orienter vers Bayrou. Soit disant le plus proche de mes idées. Un de ses soutiens a même poussé le vice jusqu’à me dire qu’il était gaulliste. J’ai toussé aussi. Je me suis également demandé pourquoi  tout le monde tenait à utiliser avec moi l’argument du gaullisme. Sûrement un raccourci de plus en raison de mon parcours Chiraco-Juppéiste avec un passage chez Villepin. C’est très court, mais bon. C’est aussi ça les élections.

Revenons à Bayrou. Certains points du programme me séduisent. Mais voilà, ça ne me suffit pas. La présidentielle, dans notre Constitution, c’est avant tout la rencontre entre un homme et un peuple. Le programme fait partie de l’homme. Mais ne fait pas l’homme. Et en 2007, j’ai déjà voté Bayrou au premier tour. Pour quoi ? Pour que le soufflé retombe, que le Modem reste à 56k, et qu’il ne se passe rien pendant 5 ans. Jusqu’à la présidentielle.

Si encore Bayrou avait eu mieux à faire que de monter un parti, comme par exemple faire son job de député à l’Assemblée nationale, j’aurais pu me laisser tenter. Oui mais voilà… L’homme qui entend rendre la présence obligatoire au Parlement affiche un bilan en la matière… quasi nul. Encore une fois, je n’aime pas qu’on me prenne pour une truffe.

Cette situation, je l’avais anticipée dès l’été dernier. A l’époque, je venais de quitter Villepin, imaginant déjà qu’il n’irait pas au bout, et j’imaginais que peut être, Bayrou finirait par me convaincre. Mais faute d’en être certaine, je m’étais préparée à voter pour le candidat de gauche. J’ai donc participé à la primaire, pour choisir celui pour lequel je serais prête à voter sous réserve de sa qualification si au second tour le candidat PS venait à être opposé à Nicolas Sarkozy. J’avais choisi François Hollande.

Restait alors la question du premier tour. J’ai un temps envisagé l’abstention, faute de ne pas trouver de candidat qui me permette d’exprimer ma sensibilité. Non, NDA n’est pas proche de moi. Non, je ne suis plus dans le mood(em) de la génération orange, déçue de 2007. Et enfin non, je ne voterai jamais Nicolas Sarkozy. Question de principe.

J’ai d’ailleurs évoqué cette idée de m’abstenir sur Twitter. Certains retours m’ont outrée tant le politiquement correct a désormais envahi cet espace. J’ai eu de l’argument collector. Par exemple, « tes grand-mères se sont battues pour que tu puisses voter ». Non, mes grand-mères ne se sont jamais battues pour ça, merci de ne pas les mêler à ces clichés. Il y a eu de nombreuses batailles dans ma famille, mais pas celles-ci. En même temps, elles étaient toutes les deux en cloque.

J’ai aussi eu droit à « des gens sont morts pour qu’on puisse voter ». Euh… des gens sont aussi morts pour la monarchie. Et les gens qui sont morts pour qu’on puisse voter, c’était à quelle époque et avec quel résultat ? Nan je demande…

Bref, les gens ont globalement du mal à comprendre qu’il existe deux types d’abstentionnistes. Celui qui n’en a rien à faire de la politique et qui a la flemme de bouger jusqu’au bureau de vote. Et puis il y a celui qui ne trouve pas parmi les dix candidats quelqu’un qui lui convienne, qui sait que le vote blanc et nul n’est jamais commenté, et qui se dit qu’en s’abstenant, il aura un vrai poids. Il pourra faire passer son message. Et ça, c’est aussi de la politique. Toujours se souvenir qu’en toute chose il y a le champ et le contre-champ…

Bref, j’ai tergiversé. Réfléchi. Etudié la question. Et pensé à 2007. Cette année là, il était hors de question pour moi de voter pour Ségo –je n’avais pas été l’une des animatrices du site Segostop pour rien- et encore moins Sarko. Au premier tour, j’ai choisi Bayrou. Les terres du milieu. La génération orange. Qui m’a déçue ensuite, mais sur le coup c’était chouette. Et au second tour… j’ai voté Chirac.

Si c’était en 2007 l’expression d’une fidélité sans faille au président –j’ai toujours voté Chirac- ça n’a plus de sens aujourd’hui, même si ma fidélité à Chirac sera éternelle. Elle est simplement plus affective que politique depuis qu’il est retiré des affaires, ce qui ne lui accorde plus vraiment de place sur un bulletin de vote.

Reste alors le plan B. Celui pour lequel j’ai voté lors de la primaire socialiste en octobre dernier. Lorsque j’ai fait le choix d’y participer, c’était précisément pour me donner une chance de « choisir » le socialiste qui pourrait figurer au second tour… dans l’idée de voter pour lui contre Nicolas Sarkozy.

Aujourd’hui, je souhaite toujours le départ de Nicolas Sarkozy, au terme d’un quinquennat à mes yeux calamiteux sur bien des plans, notamment sur les libertés et les institutions (dont la réforme territoriale), sans parler de la déliquescence de la fonction présidentielle, de sa confusion avec l’UMP et même sa famille, de cette habitude de dresser les français les uns contre les autres, de voir des délinquants partout (y compris chez les chômeurs et les malades), d’user de l’appareil législatif à chaque fait divers, des pressions sur ceux qui le dérangent, et de flirter avec l’extrême droite. De nombreux articles sur ce blog expliquent mes divergences avec Sarkozy et bien qu’étant de droite, je ne mettrai jamais un bulletin portant son nom dans l’urne.

Et je veux voir face à lui celui qui dispose des meilleures chances de l’emporter, mais également de gérer la France. Donc, qualifier au second tour celui qui à mes yeux, et parmi ces dix candidats, est le meilleur. Bayrou m’ayant démontré ses limites en 2007 en terme d’équipes, je crois toujours que c’est François Hollande qui pourra non seulement battre Nicolas Sarkozy, mais aussi gouverner. Pour toutes ces raisons, je voterai dès le premier tour pour François Hollande.

TVA sociale, injustice fiscale

A l’origine, la TVA sociale est une bonne idée. Elle permet de faire baisser les charges des entreprises, ce qui est censé faire baisser le coût du travail, et favoriser tant l’emploi que la consommation.

En contrepartie, le poids des cotisations sociales, reporté sur la TVA, est partagé par tous. Le système semble pertinent vu que tout le monde bénéficie d’une protection sociale. Mais alors pourquoi une telle levée de bouclier ?

Parce que la France est en crise, et que les inégalités sociales ne cessent de se creuser. Mais surtout, les dernières décisions du gouvernement en matière fiscale ont quasi systématiquement touché tout le monde. A force, la pression fiscale est devenu très élevée pour les plus pauvres, et bien plus légère en proportion pour les plus riches qui eux, n’ont pas été bien fortement mis à contribution.

Résultat, le système s’est totalement déséquilibré. Dans un tel contexte, la TVA sociale n’a plus l’effet escompté de faire participer tout le monde tout en dégageant de la compétitivité pour les entreprises. Elle n’est plus qu’un impôt de plus, qui taxe, taxe, taxe… sans que l’effort ne soit jamais partagé.

Pire, pour vendre la TVA sociale, le gouvernement argumente avec des éléments de langage faux. Selon la droite, la baisse des cotisations sociales permettra mathématiquement au salaire net d’augmenter. Certes, mais quid des plus démunis qui touchent des prestations comme le RSA, les retraites, les Assedics ou les Indemnités Journalières (maladie ou accident) ?

Eux verront leur montant net de prestations baisser, du fait de l’augmentation probable de la CSG. D’autre part, si mécaniquement le salaire net va augmenter, quid du pouvoir d’achat ? Depuis 2007, le gouvernement a mis en place une quarantaine de taxes : sur la durée, peut on prétendre que le pouvoir d’achat a augmenté ? Non, Sarkozy n’a pas été le président du pouvoir d’achat.

Enfin si le salaire net et le revenu disponible augmente légèrement pour ceux qui ont un emploi, pourront-ils pour autant consommer suffisamment pour relancer l’économie, et atteindre l’objectif de cette réforme ? Rien n’est moins sûr car avec la TVA sociale, les prix vont eux aussi mécaniquement augmenter. Quand aux plus démunis, ils peuvent déjà commencer à faire la liste de ce dont ils devront se passer : les chômeurs, malades, retraités, titulaires du RSA, handicapés seront définitivement les indigents de cette politique fiscale.

Pour que ce système fonctionne, il aurait fallu l’insérer dans une réforme fiscale d’envergure, en le couplant avec d’autres impôts progressifs, permettant ainsi l’implication fiscale de tous les citoyens en mettant au centre ce principe simple : que tout le monde participe à l’effort fiscal nécessaire… mais à la hauteur de ses moyens.

Malheureusement aujourd’hui, la deuxième partie est complètement occultée. Chacun étant ponctionné selon un pourcentage qui est le même pour tous, il est évident que cette pression fiscale pèse lourdement sur les plus démunis, et nettement moins sur les plus aisés : c’est le monde à l’envers !

Or les plus démunis disposent aussi du droit de vote, et représentent pas loin de 15 millions d’électeurs. Nul doute que le moment venu, ils exprimeront dans les urnes leur ras-le-bol d’avoir été abandonné au bord de l’autoroute par des politiques flashés en flagrant délit de lobbying. Quitte à se tourner vers le FN, ou l’abstention : des valeurs refuges idéales pour exprimer la frustration d’une population exclue, qui, à force de subit la loi du plus fort, n’a finalement plus rien à perdre, puisque c’est déjà fait.

Et c’est bien là le danger. Nul doute d’ailleurs que tu côté de Nicolas Sarkozy, c’est un choix parfaitement assumé. Le candidat de l’UMP a tout intérêt à faire mécaniquement monter le FN pour parier sur un second tour à droite toute. Sauf qu’à trop jouer avec le feu, la bombe pourrait exploser…

Reste donc à attendre les ajustements programmatiques annoncés pour janvier par les candidats de gauche et du centre, pour espérer disposer lors de la présidentielle d’un panel de propositions visant à endiguer cette politique injuste fiscalement et donc, socialement. J-107 avant le premier tour : tic-tac, tic-tac, tic-tac…