11 septembre 2001 : dix ans après

Chacun se souvient d’où il était et de ce qu’il faisait le 11 septembre 2001, lorsque deux avions ont volontairement percutés les tours jumelles du World Trade Center, qu’un autre s’est écrasé sur le Pentagone, alors qu’un quatrième échouait dans sa tentative de s’écraser sur un autre bâtiment de la capitale américaine, probablement le Capitole, grâce aux passagers du Vol UA 93.

Journaliste chez AlloCiné, c’est depuis le bureau du directeur de la rédaction que j’ai vu le second avion s’encastrer dans le World Trade Center, et suivi en direct le déroulement de cette effroyable journée. Mais mon 11 septembre, je vous l’ai déjà raconté. Dix ans ont passé.

Saura-t-on jamais combien de victimes a fait le 11 septembre ? Au-delà des victimes officielles, dans les avions et sur les lieux des crashs, il ne faut pas oublier ceux qui les ont secourus –pompiers, policiers, …- et développés des pathologies liées aux poussières toxiques des décombres des tours jumelles. Ni les dommages collatéraux des guerres qui ont suivi ces événements, en Afghanistan comme en Irak. Ni la première victime de ce carnage, tuée avant même qu’il n’ait lieu : Massoud.

Une seule certitude, ce jour là, le monde a changé. Les Etats-Unis ont découvert leur vulnérabilité et leur incapacité à protéger leur sol. La menace terroriste fait désormais partie de nos vies. Dans leur quête pour retrouver Ben Laden et détruire Al Qaida, les Etats-Unis ont envahi l’Afghanistan, aidé par la coalition, dont la France -qui a perdu une soixantaine de soldats sur place. A la recherche d’armes de destructions massives qu’ils n’ont jamais trouvé, ils ont aussi envahi l’Irak, mais nous avons dit non à cette guerre là.

Et puis au printemps dernier, Ben Laden a été retrouvé au Pakistan, et tué lors de l’opération militaire visant à le neutraliser. Si le symbole est fort, Al Qaida n’a pas pour autant cessé d’exister. Mais surtout, Ben Laden nous aura contraint à modifier notre mode de vie : ironie de l’histoire, dans ce combat contre le terrorisme international, nous aurons en effet, au nom de la sacro-sainte sécurité, laissé beaucoup de nos libertés.

Sur le reste et au-delà du réel traumatisme de cette attaque et de ces milliers vies envolées, comme l’explique très bien Le Monde, l’effet 11 septembre reste à relativiser. Le meilleur exemple en reste le Printemps arabe, ces révolutions que ni les Occidentaux, ni les djihadistes n’ont vu arriver. Alors oui, dix ans après, personne n’a oublié la tragédie du 11 septembre. Mais le monde continue de tourner.

Président Candidat cherche Français pour campagne électorale et plus si affinités.

Nicolas Sarkozy était partout dans la télé ce mardi 16 novembre, pour parler aux Français. Un nouveau SarkoShow très attendu après ce remaniement fleuve, qui a pris près de six mois… et fait tourner les chaînes infos en spéciale pendant tout un week-end.

Que dire de cette émission ?

Sur la forme, le président s’est invité dans les médias pour lancer sa campagne présidentielle pour 2012 pour donner la feuille de route du gouvernement, alors que son Premier Ministre ne fera son discours de politique générale que mardi prochain, devant l’Assemblée Nationale. Preuve s’il en était nécessaire que François Fillon n’a nullement repris la main – le show autour de Fillon était simplement destiné à amadouer une majorité UMP un peu turbulente et à remettre tout le monde dans un esprit bien godillot- et que tout se décide encore à l’Elysée. Faut pas déconner.

Souvent énervé par les questions des journalistes – auxquels il a souvent préféré répondre par d’autres questions, voire changer de sujet, ou même exiger d’eux des réponses – Nicolas Sarkozy n’a pas su fixer un cap permettant de donner une nouvelle vision à la France pour les 18 derniers mois de son mandat. La feuille de route est claire : rien ne changera !

Autocentré et psychorigide, Nicolas Sarkozy a certainement produit là sa plus mauvaise prestation, à mi-chemin entre A Bout de Souffle et Men In Black tant il a souvent tenté d’utiliser le neuro-laser, cette arme qui permet d’effacer la mémoire de ceux que l’on vise avec. Entre approximations, omissions, mensonges, et chiffres dont tous les observateurs confirment qu’ils sont fantaisistes, Nicolas Sarkozy s’est fermé sur lui même, en total décalage avec les attentes de la population.

Faute de profondeur politique, scrutons le détail…

Sur le désastre du feuilleton du remaniement, le président a écarté d’un revers de la main la lenteur du processus, rappelant qu’il avait indiqué que le gouvernement précédant la mènerait jusqu’au bout. Un peu court… Il eût gagné à avouer avoir commis une erreur en annonçant si tôt ses intentions.

D’autant qu’il a effectué une légère reculade, en reconnaissant pour la première fois des dérapages liés au débat sur l’identité nationale… sans toutefois remettre en cause le discours de Grenoble, dans lequel selon lui « il n’y avait pas une outrance », avant de faire porter le chapeau à la presse, qui a osé ouvrir les JT sur les faits divers, en « stigmatisant sur l’attaque de la gendarmerie ». Attaque violente et gratuite contre la presse, mais sur le fond, si l’on part par là, alors quid des députés qui, aux Questions au Gouvernement, n’ont pas hésité à faire l’amalgame entre l’incendie d’un collège au Mans et les casseurs, alors que les jeunes venaient d’entrer dans les manifs ? Alors que l’enquête débutait à peine ? Les journalistes sont des salauds, mais pas les députés UMP qui pose ces questions destinées à mettre en avant son ministre de l’Intérieur, sans que celui-ci ne réagisse sur ces amalgames ? Il y aurait d’un côté les vilains journalistes, de l’autre les gentils députés UMP ? Quand cesseront ces clivages ?

Ne reculant devant aucune posture ridicule, président de la République est même allé jusqu’à minimiser le conflit social autour de la réforme des retraites. Son attitude de girouette a d’abord atteint des sommets lorsqu’il a indiqué, yeux dans les yeux, que « ce conflit a eu lieu sans violence, à part quelques débordements, lors de 9 journées d’actions nationales». Souvenez vous pourtant qu’à l’époque, le gouvernement s’exprimait dans tous les médias sur le fait que l’entrée des jeunes dans le mouvement apportait les violences, avec une certaine tendance à l’amalgame entre jeunes et casseurs…  Les jours passent, la manière d’aborder l’histoire change, selon la soupe à vendre…

Sur les soit disant réussites, Nicolas Sarkozy s’est félicité lors d’une question sur les déficits publics de la réduction entamée du nombre de fonctionnaires (« 135 000 »). Lier la réduction des dépenses à la suppression des moyens est audacieux (comme si la masse salariale était l’unique variable d’ajustement…), le présenter comme une réussite est surréaliste : que ce soit dans l’éducation, dans la police, à l’hôpital, en zone rurale, les français ont besoin des services publics. La meilleure preuve de l’échec de cette politique, c’est bien sur la sécurité : la police ne peut même pas mettre en place ce qui est annoncé à grand renfort de communication… Quant à l’éducation, ce n’est pas en créant quelques internats d’excellence que l’on résout les problèmes d’illettrisme. Soyons sérieux ! Il ne s’agit pas d’avoir une gestion purement comptable des fonctionnaires, en disant « on en retire tant », mais d’ajuster leur nombre aux besoins du terrain, en priorisant les chantiers, pour supprimer les fonctionnaires en trop, sans délester bêtement les administrations qui sont en sous-effectifs.

Sur les annonces, c’est à la fois peu clair et inquiétant. Sur la dépendance, son grand chantier, le président a annoncé une grande consultation, pour une prise de décision à l’été 2011 pour une traduction dans le PLFSS 2012. Et enclenché le mode replay : « Je souhaite la création (…) d’un nouveau risque, d’une nouvelle branche de la Sécurité sociale, le cinquième risque ». Une annonce déjà faite… le 9 juin 2007. Au rayon financement, juste des questions « à affiner lors de la concertation : « Faut-il faire un système assurantiel ? Faut-il obliger les gens à s’assurer ? Faut-il augmenter la CSG (contribution sociale généralisée) ? Faut-il (…) avoir recours sur les successions quand les enfants n’ont pas la volonté ou pas les moyens (d’aider leurs parents).Espérons que cette montagne là n’accouche pas d’une souris…

Sur l’emploi, le président s’est contenté de se déguiser en perroquet, en promettant que le chômage allait reculer (bis repetita, il nous l’a déjà faite lors du SarkoShow du 25 janvier dernier), en proposant d’améliorer la formation en alternance pour les jeunes (bis repetita, il l’avait déjà proposé l’an dernier), avant d’endosser une fois de plus le costume de la police anti-chômeur, prêt à dégainer le Karchër : en substance, les chômeurs auront un contrat avec le Pôle Emploi, et accepter l’offre d’emploi qui leur sera faite. C’est à croire qu’il regrette de ne pouvoir renvoyer ces délinquants du travail dans leur pays ! Une fois de plus, Sarko ne connaît pas le sujet : d’une part, chaque chômeur signe un PARE avec le Pôle Emploi. D’autre part, il est rarissime que Pôle Emploi respecte ce même contrat, et remplisse ses propres obligations vis-à-vis des chômeurs. Si côté Assedics ça marche à peu près (si l’on excepte l’augmentation croissante des ratages dans les radiations), le côté ex-ANPE est incapable d’assurer un suivi digne de ce nom pour les demandeurs d’emploi. Mais bon qu’importe, ce ne sont que des délinquants… Vade retro les chômeurs !

Enfin sur la fiscalité, et après un petit détour sur le bouclier fiscal allemand qui n’a jamais existé, Sarko nous a annoncé une réforme qui ne peut que nous faire craindre que les inégalités se creusent encore un peu plus entre les Français. La réforme fiscale porterait à la fois sur un nouvel impôt sur les revenus du patrimoine, et un élargissement de l’assiette au lieu d’avoir des taux hauts, en échange de la suppression de l’ISF et du bouclier fiscal… Sur la réforme annoncée, n’importe quel économiste sait que cela signifie faire encore porter l’effort à la classe moyenne, qui ne cesse de s’appauvrir. Une réforme fiscale est nécessaire, mais à condition de répartir l’effort. Pourquoi ne pas dire qu’il est nécessaire d’augmenter les impôts, tout en annonçant une réforme qui tende à plus de justice fiscale ?

D’autre part, on ne peut évoquer une éventuelle augmentation de la CSG pour financer la 5èmebranche de la sécurité sociale, et annoncer dans la même émission avec certitude que les impôts n’augmenteront pas. C’est jouer sur les mots : qu’on parle d’impôts qui n’augmenteront pas, et qu’on augmente les taxes et les prélèvements obligatoires, ça fait toujours moins de revenu disponible et donc moins de pouvoir d’achat. A un moment ou un autre, il faut cesser de nous prendre pour des jambons, et appeler un chat un chat. Damnit !!!

Vidéo Gag

Comme à chaque SarkoShow, j’ai plus vu un comique qu’un président de la République, et les perles n’ont pas manqué. Au rayon des grosses poilades, j’ai particulièrement aimé que Nicolas Sarkozy fasse une petite mise au point sur la présomption d’innocence, qu’il a souvent oublié de s’appliquer à lui-même, Ivan Colonna ou Dominique de Villepin s’en souviennent. Et plus tard dans la soirée, toujours sur Villepin : « Je ne pense pas avoir dit quoi que ce soit contre Villepin ». Non, ce n’est pas lui qui l’a traité de coupable, c’était son jumeau maléfique…

Ou encore cette pépite : « Je propose une action inédite en 2011 : supprimer des lois existantes dans ces domaines, pour que le dicton « nul n’est censé ignorer la loi » puisse s’appliquer » . C’est plein de bonnes intentions tout ça, mais il faudrait tout de même rappeler que l’inflation législative est exponentielle depuis son élection en 2007. Mais qu’il est drôle…

Sans oublier cette petite vanne sur les affaires : « A la minute où je vous parle, personne ne peut me reprocher une affaire quelconque ». Et pour cause, à la minute où il parle, il jouit de l’immunité présidentielle, qui le rend inattaquable jusqu’à la fin de son mandat. Il nous prend vraiment pour des idiots…

Sur l’international aussi, j’ai bien ri. Si le nouveau président du monde du G20 a assuré de ses petits poings qu’il fallait un « nouvel ordre monétaire », parce que vous comprenez, c’est le bordel. Sauf que juste derrière, pour montrer ses compétences ses lacunes en la matière, il a assuré le zapping en rapportant après qu’à sa création, l’Euro était à parité avec le Dollar. Ou comment il a réinventé les maths, selon l’axiome de Sarko 1,18=1, 1 Euro valant à sa création 1,18 dollars. Grotesque.

Mais le must, c’était quand même la justification qu’il ne fallait pas une bonne idée que les partis politiques incitent les jeunes à manifester. Parce que « Les lycéens, il y en aura un sur deux qui vivra jusqu’à 100 ans ». Ou quand Sarko se la joue Madame Irma : en effet,  personne ne peut aujourd’hui confirmer cette projection démographique.

En route pour 2012

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy n’a pas entendu les français. Il n’a fait que parler de lui, sans présenter de vision, restant sourd aux attentes de changement des Français, et restant enfermé dans un autisme politique qui pourrait être touchant si au moins il était intelligent. N’est pas Rain Man qui veut.

Finalement Sarkozy n’a convaincu que sur une chose, bien qu’il ait tenté de faire croire au contraire, c’est qu’il sera bien candidat en 2012. Sa priorité n’est pas de s’occuper des Français, mais de fédérer le socle de la droite dure, sur laquelle il compte s’appuyer. Les autres composantes de l’UMP seront prises en compte plus tard… ou pas. Pour les Français, le message de Sarkozy est clair : retentez votre chance en 2012 !

Face à un Sarko incapable de se réinventer, il est indispensable de construire une alternative républicaine à Nicolas Sarkozy, qui sera capable de proposer aux Français un projet politique réaliste en terme de finances publiques, tout en répondant aux aspirations très légitimes de plus de justice sociale, tout en redonnant à la France une vrais dimension internationale.

Sarko : de la sécurité en politique à l’insécurité politique

Ce lundi 23 août marque la rentrée politique en France. A deux jours du prochain conseil des ministres, nombreux sont les politiques à reprendre la parole dans les médias. Le Monde publie aujourd’hui pas moins de trois tribunes, toutes à charge contre la dérive sécuritaire de Nicolas Sarkozy.

Ce matin, Dominique de Villepin réagit très fortement, dans une tribune au Monde, s’indignant de la « tache de honte sur notre drapeau » et de la « Faute morale, faute collective commise en notre nom à tous, contre la République et contre la France. » Estimant que « Se taire, c’est déjà être complice », il appelle au « devoir à remplir pour tous les républicains de France, face à l’hydre qu’un président et ses courtisans voudraient réveiller au fond de chacun de nous, face à la tache qui menace de flétrir l’idée même que nous nous faisons de la France. Un devoir de refus. Un devoir de rassemblement. Un devoir de courage politique pour préparer l’alternative républicaine qui s’impose. Un devoir que nous devons assumer tous ensemble, aussi longtemps qu’il faudra, avec toute l’énergie qu’il faudra.» Autour de lui il s’entend. Ou comment lancer la rentrée politique de son mouvement République Solidaire… Reste à concrétiser par des propositions afin de construire cette alternance à laquelle il appelle, et 2012 deviendra peut être une ligne de mire pour le hérault de la République.

Rachida Dati, symbole de la discrimination positive sauce Sarkozy, en disgrâce depuis de nombreux mois en raison de ses apparitions médiatiques jugées intempestives par l’actuel locataire de l’Elysée, se lâche elle aussi via le même procédé et dans le même journal. Entre un coup de brosse à reluire à l’UMP, dont elle reprend certains des arguments et à qui elle fait plaisir en cédant au leitmotiv consistant à taper sur le PS, et à Daniel Cohn Bendit qu’elle encense, Rachida Dati tisse son argumentaire à partir de la devise nationale : liberté, égalité, fraternité. Malgré un texte un peu mièvre qui enfonce bien souvent des portes ouvertes, on ne peut lui reprocher de dresser le même constat que ses petits camarades : « Notre défi aujourd’hui, en tant que responsables politiques, c’est de contribuer à créer un nouveau climat d’apaisement pour que tous les Français soient de nouveau totalement en phase avec les valeurs fondamentales de notre République. »

Enfin Lionel Jospin, candidat malheureux à la présidentielle de 2002, notamment pour avoir sous estimé l’enjeu sécuritaire, prend sa revanche en livrant lui aussi dans Le Monde ses « quelques vérités sur l’insécurité », lassé de voir l’UMP se livrer sans cesse à des attaques sur le Parti Socialiste. Osé, mais brillant. Lionel Jospin se paie donc Estrosi, ce roquet de bas étage qui me fait penser à Michael Yaoun quand il animait le Morning Live, un mégaphone à la main : Estrosi c’est un peu ça, un sarkofan toujours prêt à aboyer dans vos oreilles la politique sécuritaire du gouvernement. Tellement qu’à force, plus personne ne l’écoute : aucun crédit…

Mais là où Jospin tape dans le mille, c’est en dressant le constat d’échec de la politique de Nicolas Sarkozy en matière sécuritaire : « Certes, le président et ses ministres ne sont pas avares de proclamations. La majorité a voté une cascade de textes législatifs dont la succession même souligne l’inefficacité. En pleine surenchère aujourd’hui, l’exécutif annonce même des projets qu’il reconnaît comme non constitutionnels et dont il sait qu’ils seront censurés ! ». Après une démonstration sur la baisse des moyens affectés à la sécurité –contradictoire avec le discours du gouvernement, Jospin enfonce le clou : « Faudrait-il croire alors que pour le pouvoir et son chef, si contesté, l’objectif est moins de réduire l’insécurité que de l’exploiter ? Le président s’effacerait-il derrière le candidat ? L’espoir d’une réussite électorale reposerait-il en dernier recours sur cette exploitation ? Si ce jeu devait se poursuivre, il serait peut-être hasardeux pour le candidat, mais à coup sûr dangereux pour le pays. » CQFD.

Quand je vous annonçais que les fissures dans la majorité se transformaient en crevasse, je n’étais pas loin de la vérité. Plus les jours passent, plus la sécurité, cet enjeu qui permis à Nicolas sarkozy de monter les marches du pouvoir, désintègre sa propre majorité. Après les remous des parlementaires cet été, qu’il s’agisse des villepinistes Marie Anne Montchamp, Jean-Pierre Grand, Marc Bernier, ou de députés UMP prenant leurs distances avec le parti comme Yannick Favennec ou Etienne Pinte, c’est maintenant Christine Boutin qui confie au Point s’interroger sur son avenir au sein de l’UMP au vu de la « fêlure » provoquée par l’affaire des roms et la réaction du pape Benoît XVI, tout en indiquant que la rupture n’est pas consommée : lorsqu’on lui demande si ce serait la goutte d’eau qui pourrait entraîner une séparation ? « Pour l’instant, à l’heure où je vous parle, non ». Que ce soit par simple revanche personnelle ou volonté réelle de se démarquer sur un sujet qui interpelle l’Eglise, Christine Boutin menace en douceur d’une candidature dissidente non tranchée, mais…

Last but not least, les militants, dont certains d’interrogent. Amine, le jeune beur auquel Brice Hortefeux avait dit « Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes » et qui avaient valu au ministre de l’intérieur une condamnation le 4 juin 2010 à 750 euros d’amende et 2 000 euros de dommages et intérêts pour injure à caractère racial (une condamnation dont il a fait appel), annonce quant à lui sur sa page Facebook qu’il quitte l’UMP. Histoire d’enfoncer le clou, il a aussi indiqué à Europe 1 qu’il pourrait rejoindre le parti de Dominique de Villepin.  La boucle serait-elle bouclée ?

Quoi qu’il en soit, à pousser le bouchon un peu trop loin sur la sécurité, Nicolas Sarkozy a finit par affoler la boussole, et complètement perdre le Nord. L’overdose sécuritaire et l’excès de postures toujours plus dures sur ce thème ont fini par perdre le président, et dresser une large partie de la classe politique, hormis son fan club de wannabe -Morano, Estrosi, Besson et Ciotti en tête-, contre lui.

Mais qu’en pensent les français ? Pour l’instant, les sondages contradictoires s’accumulent, et il est difficile de tirer une conclusion définitive sur le sujet. Cependant, l’image de la France dans le monde pâtit de l’agitation sécuritaire de l’actuel locataire de l’Elysée, et le peuple français rarement indifférent à cette donnée : la presse étrangère, l’ONU via le Comité pour l’Elimination de la Discrimination Raciale, et maintenant l’église catholique se sont exprimés contre la politique très dure d’expulsion des roms et les amalgames sous tendus par ces choix.

En analysant de près l’action de Nicolas Sarkozy, tout un chacun peut maintenant noter que si Nicolas Sarkozy est né aux yeux des français par la sécurité, cette escalade dans la politique sécuritaire ne fait que mettre en exergue l’échec du président sur ce sujet. Depuis 10 ans, il n’a eu cesse que de déclarer la guerre à l’insécurité et pourtant, cette fuite en avant sonne comme un constat d’échec.

Au-delà des dérapages, il y a fort à parier que les français attendent plutôt des résultats concrets, sur ce thème comme sur les autres, et notamment des actions fortes sur le pouvoir d’achat, le chômage et la réduction des déficits publics plutôt que sur des postures de communication qui divisent la population au lieu de privilégier l’unité républicaine et la solidarité nationale. A bon entendeur…

Majorité : des fissures aux crevasses

Le débat sur l’identité nationale, lors des dernières élections régionales avait déjà montré quelques fissures dans la majorité sur la stratégie redondante de Nicolas Sarkozy depuis 2002 : le recours systématique à la thématique sécuritaire.

Les agitations actuelle du président de la République ont creusé l’écart : désormais, il y a les fous de Dieu, qui suivent leur maître contre vents et marées quitte à dire n’importe quoi, et ceux qui s’élèvent contre la fuite en avant, porteuse de vieux relans des sombres heures de notre histoire. Autant dire que les fissures sont devenues crevasses !

Dans la première catégorie, se trouvent comme d’habitude les excités du président, qui ne vivent politiquement que par lui –Morano, Paillé, Lefèbvre- et quelques électrons libres en mal de médias, comme Vanneste. Paillé comme Vanneste, en mal d’argumentaire politique percutants, s’en sont ainsi pris ce matin à la composition du Comité pour l’Elimination de la Discrimination Raciale () ou comment détourner des critiques portées contre la France… en attaquant un organisme de l’ONU. Minable…

Ces éternels seconds couteaux, désespérés wanna be de la vie politique française, sans autre foi que celle du chef, sans autre idéologie qu’« un pour tous, tous pour un », peu importe le sujet pourvu qu’il soit électoralement porteur… pour le chef, ce roi qu’il faut satisfaire, ce qui leur permettra de rester à la cour et d’exister encore un peu. Ce ne sont que les stormtroopers de la Sarkozie.

Dans la seconde catégorie se trouvent les ténors de la droite, ceux que les aléas de la vie politique a privé d’un autre destin, mais qui disposent encore d’un cerveau. Exemple type : Alain Juppé. Ce dernier, soucieux de préserver une certaine union de la droite, qu’il contribua à construire à la création de l’UMP, ne veut pas diviser. Pour autant, il ne peut tout accepter, et livre sur son blog ses impressions quant à la dérive . C’est ainsi que « le meilleur d’entre nous » tente le grand écart entre ses idéaux, et la droite parlementaire actuelle, incarnée par la Sarkozie. Au nom de la droite dont il ne veut participer à la désintégration.

Au-delà du sujet Sécurité, ce malaise, à droite, et ces prises de position de plus en plus éloignées du chef tiennent essentiellement à la méthode Sarkozy, de plus en plus critiquée. A force de jouer, trop de com a tué la com… Le sondage CSA/Marianne à paraître demain, et qui contredit le sondage IFOP de la semaine dernière, sur ce même sujet de la sécurité, fait vaciller la politique des sondages :  selon les chiffres de CSA, les français seraient 69% à trouver inefficace la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis 2002.

Prémonitoire ou pas, pour ce qui est de sa gestion de la France, le sondage sera grandeur nature en 2012…

Allumer le feu

12 août 2010. Une journée d’été, assombrie par la diffusion d’un rapport du comité pour l’élimination de la discrimination raciale(OCDR), organisme de l’ONU, sur la France. Notre pays, celui des Lumières, de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, a été épinglé en raison de la politique menée par le gouvernement.

Passé le choc de ce camouflet, cela n’a rien d’étonnant. Depuis 2001, Nicolas Sarkozy repose toute son action politique sur la thématique de la sécurité. Eternel rappel pour flatter les plus vils instincts de l’être humain, il va toujours plus loin, dans le seul but de faire oublier le mécontentement de la population à son égard. A chaque nouveau recours à la sécurité, une nouvelle étape est franchie. Un nouveau pas vers les thèses du Front National. Une nouvelle division de la population. Par idéologie ? Bien pire : par électoralisme.

Après le débat sur l’identité nationale pendant les régionales, voici l’apetizer de 2012 : en question, la déchéance de la nationalité, et la chasse aux roms. Peu importe qu’ils soient roumains et donc européens, ou même qu’ils soient français pour les gens du voyages… Il faut les exclure, les rejeter, les montrer du doigt. Parce qu’ils contreviennent à la loi en occupant des camps illégaux.

Petit problème de maths : si la moitié des camps de gens du voyage sont illégaux, et que la moitié des communes de plus de 5000 habitants ne sont pas en règle avec la loi imposant de créer des aires d’accueil pour eux, existe-t-il une solution pacifique à ce problème ? Ou envisage-t-on tout autant de renvoyer chez eux hors de leur pouvoir de maire tous ceux qui ne se seraient pas mis en conformité ? Absurde, mais pas moins que de chasser les roms…

Sarkozy joue avec les peurs des français. En agitant le chiffon rouge,  il démontre qu’il n’a jamais réussi à monter sur la plus haute marche et à devenir un président. Il est resté un chef de parti, plus préoccupé par le sort de son camp que l’avenir de la France. A flatter les électeurs, il a oublié qu’il était président de tous les français. Garant de la cohésion nationale. Quelle cohésion, lorsque l’on dresse les uns contre les autres ?

Qu’en est-il du peuple français ? A nous de réagir et de faire parler la solidarité nationale. Faute de quoi, l’agitation purement politicienne de Sarkozy produira un nouveau 21 avril… à l’envers.