
- © C.Gavelle/PSG
La nuit a été calme, tout le monde s’est couché tôt en perspective du match. Ce matin, au petit déj, tout le monde a la pêche. Les joueurs comme le staff attendent impatiemment le choc avec Milan.
Au programme de la matinée, un petit réveil musculaire sur le terrain, histoire de se mettre en jambes pour le match de ce soir. Les garçons sont au taquet, ils mettent une grande énergie à sauter des petites barrières jaunes et autres jeux en tous genres. Puis séance de photos, de dédicaces, repas et sieste, avant le départ pour le stade.
Après un petit tour de terrain, les garçons rejoignent les vestiaires, un lieu qui m’est interdit. Question de concentration. Leonardo m’indique que si je suis sage, je pourrai y aller après le match. Enfin, si je suis prête à courir le risque de me faire sauter dessus par une trentaine de mâles en rut, en pleine forme, et qui n’ont pas vu leur nana depuis plus de trois jours. Dit comme ça, ça ne fait pas très envie. Fear.
Pour l’avant-match, et comme c’est un match amical, j’ai le droit de rester en bordure du terrain. Ménez me présente à Mexes : « C’est notre nouvelle Zahia ». Je balance à Mexes : « De toutes façons Jerem est dans un trip Emilie du 59153 alors Zahia, c’est un peu la Champion’s League qui fait rêver un mec de CFA ». Je me retourne vers Ménez et l’achève d’un tacle: « Rep à sa bo loulou ». Chantôme glousse. Gameiro applaudit. Menez pleure. Mexes me file son 06. Je ne sais pas comment je dois le prendre.
Le match est sur le point de commencer, je me joins à Chantôme, Ménez, Matuidi, Gameiro et Armand dans les tribunes. Les joueurs sortent du tunnel. Je chante à tue-tête l’hymne du PSG. Lugano se gratte les couilles. Classe… Sur la pelouse, Néné discute le bout de gras avec son compatriote Pato, pendant que le gang de Palerme –Sirigu, Pastore, Nocerino- fait de même un peu plus loin. L’arbitre siffle : c’est parti pour ce match de gala entre le PSG et le Milan AC !
Et là, c’est le drame. A la quatrième minute, Sirigu se prend un but. Je fais une syncope. Puis je pleure. Vraiment. A chaudes larmes. Chantôme me passe un mouchoir. Puis la boîte. Je finis de chialer dans son maillot. Gameiro me console : « C’est pas de sa faute, c’est un csc de Pato ». A de nombreux millions près, c’est pas faux. C’est vrai que lui aussi joue à la Foot Academy… Néné tente la frappe de 25 mètres. Puis Jallet. Je passe par toutes les couleurs de mon maillot : rouge, et bleu. Debout sur mon siège, j’encourage mes petits. Mention spéciale à Jallet. J’ai toujours aimé Jallet.
Un type accroche Bodmer. J’hurle « Touche pas à Joli Cul ! ». Matuidi me dit que je vais finir par le déconcentrer. Tu parles, rien n’arrête notre armoire normande, on dirait un tsunami à lui tout seul. Qui rentre dans Pato. Et un canard laqué, un ! Hoarau met le gardien dans le but, celui-ci est donc refusé. Je trouve le concept intéressant et malin. De son côté, Jallet est toujours au taquet. Sirigu, pour contrôler, se met à dribbler. Je cache mes yeux avec mes mains. Mais en écartant les doigts, pour voir quand même. Fear.
La deuxième mi-temps est sucrée-salée. A la fois ennuyeuse et relevée. Ca dépend des moments. Douchez arrête deux tentatives. Mais se troue sur la troisième, heureusement sans conséquence au score. Pour le reste, c’est toujours un festival de Jallet, et surtout, de Néné. Mais notre brésilien joue de malchance, butant sans cesse contre le portier milanais et ça ne rentre pas. Pire, quand ça rentre, on lui refuse le but. Groumpf. Le score en reste là, Milan remporte ce match amical par 1 à 0.
Sur la pelouse, l’ambiance est bonne. Les joueurs échangent leurs maillots, occasion unique pour Tiéné de porter le maillot du Milan AC. Les deux équipes passent d’un vestiaire à l’autre, moments d’échanges entre potes des sélections nationales qui font plaisir à voir. On fait la hola dans les vestiaires. Armand fait tourner les serviettes. Comme à son habitude, Sirigu arrose tout le monde avec des bouteilles d’eau. Et plus particulièrement moi : il prétend qu’il faut me baptiser. Forcément, je me retrouve très vite trempée et grande gagnante du concours de T-shirts mouillés, à l’insu de mon plein gré… Leonardo avait raison : il est temps de fuir la testostérone !
Le temps de passer un maillot sec, et Ancelotti me demande quels sont les joueurs que j’ai préféré sur ce match. Il paraît qu’il fait passer cet oral à tout le staff, pour évaluer le niveau. Je joue Néné gagnant avec Jallet et Bodmer placés. J’enchaîne : « Très gros Néné ce soir, ne pas lui retirer ses prothèses PIP ». Hoarau se marre. Sirigu traduit. Ancelotti le tweete et se fait RT 466214 fois. Je n’ai pas besoin de transcrire en Ribéry : dès que ça parle nichons, comme par hasard, tout le monde comprend.
Quelques garçons répondent aux interviews d’après matchs, dont Sissoko qui se prend une question sur Kombouaré. Armand, Chantôme et Jallet lui proposent de signer la carte qu’ils vont lui envoyer ce soir de Dubaï. Je suggère qu’on lui adresse plutôt un Tiéné de jardin, ça fera une petite référence à Amélie Poulain. Honnêtement, tout le monde a une pensée pour Antoine. Même si personne n’a rien contre Ancelotti. Dures lois du foot !
De retour à l’hôtel, Leonardo se prépare pour son rencard avec Pato. Je lui glisse discrètement : « Proposez lui un magret de canard. Ou du foie gras de canard. » Leo rit. Il me dit que je lui rappelle Barthez. D’un coup, j’ai vaguement l’impression d’avoir échangé mon rôle de nounou contre celui de bouffonne… Pastore me rejoint au bar lounge, et on commence à discuter. « Tu ne sais pas prendre Salvo », me dit il. Nan mais de quoi elle se mêle la mère Maquerelle ??? « C’est un intello et toi tu vas jouer dans une piscine avec Lugano. Ca ne fait pas très sérieux ». Oh le coup bas, il était avec nous le Javier ! Et c’était pas le dernier !
« Et puis d’abord je n’ai rien fait ! C’est mon week-end d’intégration… Dis Javier, tu crois vraiment que me mouiller le T-shirt avec de l’eau pour que tout le vestiaire mâte mes seins, c’est malin ??? ». Javier reconnaît que bon, là, je marque un point. Terriblement agacée, je rétorque : « Nul, l’argument de l’intello. Ca reste un footeux qui court après la baballe hein ». Javier me reprend « Euh, lui, il ne court pas après la balle… ». Pas faux. « Mais il cherche à l’attraper, comme mon chien.» Javier devient blême. Gros silence gêné. Je commence à douter, là. Y’a un mauvais karma. Je me retourne. Ah, Sirigu était là. Il a attendu que je le constate sa présence pour tourner les talons, me plantant ainsi un pénalty en pleine lucarne. Crash en flammes.
Arrive l’heure de dîner. L’ambiance étant glaciale entre Sirigu et moi –on se double snobe- Lugano passe à l’offensive : « Hey Poupette, t’as vu l’escalope que j’ai mise ? ». Ouais, j’ai vu. J’ai kiffé. « Je te l’avais promis, c’était pour toi ». Comment il attaque le défenseur ! Enfin défenseur, ça se discute, hein. Douchez ne veut pas rester sur le banc et tente sa chance dans la conversation : « Et moi j’ai arrêté des boulets ». Depuis quand ça compte, les tirs de vétérans du Vietnam ? Inzaghi a 108 ans !!! Sakho compte les points. Sirigu ne peut s’empêcher de sourire. Homme qui rit…
Pour réchauffer l’ambiance entre nous, il me propose de le rejoindre après le dîner pour jouer à Fifa 12. Je décline : « Salvo, tu t’es déjà pris un but tout à l’heure, pourquoi remuer le couteau dans la plaie ? ». Gameiro et Hoarau, qui l’ont tous les deux écrasés dans le championnat Fifa Pros, confirment. Sirigu pleure. Pastore a raison, je ne sais pas m’y prendre… Je pleure. Et je pars noyer mon chagrin dans le champagne, à l’invitation de Néné, qui veut me présenter Pato. Mais c’est pour le boulot : requête spéciale de Leonardo. Mercato, quand tu nous tiens…
Après un dernier verre, je rejoins ma chambre pour bouquiner dans l’optique de dormir rapidement vu que demain, notre avion décolle à 7h55 heure locale. Ce qui s’apparente à de la torture. Je prend un livre au hasard au fond de mon sac… et tombe sur « L’enfer », de Dante. Là tout de suite, je n’ai pas vraiment envie de découvrir à quel cercle de l’enfer j’appartiens, probablement aux 9 d’ailleurs. Mais très envie d’en défier le gardien. Et pour l’instant, c’est mal barré… A ce stade de loose, j’hésite entre pleurer ma mère et me suicider par overdose de smarties.
Mon portable se met à vibrer, un texto s’affiche : « T’as vu l’effet que ça fait de se prendre un but ? Buona notte Poupée. Il cane che acchiappa dei palloni ». C’est Sirigu. Je suis perplexe sur le sens à donner à ce message, qui souffle le chaud et le froid. Pas le temps de tergiverser, le portable vibre de nouveau : « Nota Bene : La prochaine fois, tu tourneras sept fois ta langue dans ma bouche avant de parler ». Cap ou pas cap ? Suite au prochain épisode…
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