Pauvre France

Par ce titre de note, je n’évoque pas la pièce de théâtre dans laquelle s’illustra Jean Lefèbvre. Non, je parle de notre pays, la France. Ce matin, j’ai vu le moteur se gripper, et la vie économique s’arrêter.

8h00, Caramel me réveille pour sa sortie du matin. L’occasion de faire un premier tour dehors. Personne dans la rue. Le boulevard, d’ordinaire déjà bouchée à cette heure, est complètement vide. La vois de bus, d’ordinaire prise d’assaut par les cars RATP, mais aussi les deux roues et autres vélib, est vide également. Ni bus, ni voitures, ni taxis, ni deux roues : la vie se serait-elle arrêtée ?

Je me dirige vers le métro. Surprise, les grilles sont carrément abaissées… ce qui signifie que la ligne 3 est fermée. Au pied de l’escalier, incroyable, il reste encore des exemplaires de 20 minutes ! J’en attrape un, et devinez ce qui fait la Une ? La galère dans les transports ? Nan, la Rupture façon Cécilia. Une bonne manière de détourner le sujet… Bravo pour le plan com, même si il était un peu téléphoné.

Je me retourne pour voir au loin la station des vélibs : plus aucun vélo disponible à l’exception des quelques vélos hors service. La rue Montorgueil semble fantomatique. D’ordinaire, elle grouille de monde. Ce matin, seuls les enfants se rendant à l’école l’animent. Je me rends chez le boulanger, qui fait grise mine : l’absence de clientèle nuit bien évidemment à son activité économique.

8h30, je branche I-Télévision. Un syndicaliste représentant les cheminots explique que c’est terrible, mais la plupart des cheminots retraités ont moins de 1500 euros bruts de pension…

Mon dieu, quand je pense à tous ces retraités mantais qui ont à peine 700 euros de pension et qui ne se plaignent pas. Et à tous ces gens qui gagnent en travaillant moins de 1500 euros bruts.

Comment peuvent ils tenir ce discours et appeler à les comprendre, à la solidarité ? Il serait temps que les cheminots et autres réalisent à quel point ils sont en dehors des réalités…

Otage(s)

Ce vendredi 19 octobre, comme des centaines de milliers de franciliens, j’ai été prise en otage par une minorité de nos concitoyens : les grévistes des transports publics.

Selon les médias, peu de syndicats reconduisaient la grève d’hier, et il ne fallait s’attendre qu’à quelques perturbations, le temps que le trafic reprenne, essentiellement parce que la grève s’arrêtant à 8h ce matin, il fallait du temps aux équipes de maintenance pour reprendre le service… et mettre les trains à quai. Soit.

Je vous passe la complexité de savoir si j’avais un train ou non ce matin. Le site de la SNCF était saturé, et la ligne téléphonique… était certes mise à jour en temps réel, mais il a fallu attendre 23h30 pour savoir que j’avais un train à 9h15. Super.

Aucun train n’était annoncé pour rentrer le soir, mais j’ai bêtement pensé que les infos arriveraient plus tard dans la journée. Grave erreur ! Curieusement pourtant, c’est en effet ce soir que j’ai vécu une vraie galère.

Après avoir checké le site de la SNCF une dernière fois, j’ai vu que j’avais un train Mantes la Jolie Paris à 18h12. Raisonnable… Je suis partie en avance, échaudée par la dernière grève où les trains partaient en avance (si, si !) et je suis arrivée à la gare à 17h30. Surprise : aucun train n’était annoncé pour Paris…

Je me suis rabattue sur le car Express A14, qui va de Mantes la Jolie à La Défense. Deuxième erreur : ce car emprunte l’A13 puis l’A14, une autoroute payante donc généralement moins fréquentée. Ce fut le cas, jusqu’à l’arrivée sur Paris : le car a mis 1h15 pour emprunter les 3 kms de tunnel reliant Nanterre à La Défense… Le chauffeur s’est même arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence pour satisfaire un besoin naturel, ne parvenant plus à se retenir !

Et à La Défense ? Il n’y avait aucun RER A. Comme tout le monde, je me suis dirigée vers la ligne 1 du métro, bondée comme jamais. Et j’ai fini à pieds…

Bilan : 3h de transports, au lieu de 1h habituellement. A part ça, il n’y avait pas de grève : c’était sûrement une vue de mon esprit…

SNCF : ensemble, tout devient possible

Hier, je rentrai tranquillement de mon lieu de travail, empruntant le train de banlieue dans le sens inverse du flux, à savoir Province/ Paris, la tête dans les résultats des élections qui ont placées Sarko en tête.

Je dormais paisiblement lorsqu’une contrôleuse fait claquer ses clés sur la barre métallique situé à ma portée. Désagréable, elle me dit « Mademoiselle, on ne cherche pas à échapper à un contrôle en faisant semblant de dormir ».

Interloquée, je lui tends mon pass Navigo. Lorsqu’elle le rend, je lui glisse : « Madame, je dormais paisiblement, j’aurais préféré un réveil plus doux et surtout moins suspicieux : la majorité des voyageurs sont d’honnêtes gens qui payent leur billet et vous permettent ainsi d’avoir un métier et donc de quoi vivre, ne l’oubliez pas. Le respect que je vous dois est réciproque et je vous prierai d’en user. ». Ca l’a mouchée, elle est partie en grommelant.

Je tente de me rendormir, lorsque je suis alertée par du bruit. A mon étage, GI Joe, le pire contrôleur de la ligne, sévit. Apparemment, il a mis une amende à un homme d’une cinquantaine d’années. Celui-ci, dépité, a attendu que le contrôleur se soit éloigné pour laisser échapper un « connard ».

La scène qui se déroule sous mes yeux est surréaliste : GI Joe ayant entendu l’insulte, est remonté à l’étage, pour infliger à ce voyageur une amende supplémentaire de 138 euros pour insulte. De son côté, GI Joe se laisse aller à quelques excès verbaux mais lui, il peut se le permettre, personne ne va lui mettre de prune…

Le contrôle se poursuit, et tout à coup, des hurlements. Une jeune femme black refuse de communiquer son identité pour le procès verbal, estimant être victime d’une injustice. En effet, elle dispose d’un ticket qu’elle n’a pas eu le temps de valider. Elle justifie ne pas avoir vu les contrôleurs pour leur signifier n’avoir pas eu le temps de valider son ticket. Petite précision mais d’importance, la gare de départ est également desservie par des trains grandes lignes dans lesquels cette formalité est acceptée.

Que fait GI Joe ? Après lui avoir expliqué qu’elle n’est qu’une resquilleuse de mauvaise foi –ce alors que la moitié du wagon confirme que la jeune femme est montée dans le train à la dernière minute avec d’importants bagages, confirmant sa version des faits- il lui sort la phrase qui tue : « Madame, la France, aimez la ou quittez la ». Je précise tout de même que GI Joe est black également. Pas de doute, on est bien le 23 avril 2007, lendemain du premier tour qui a placé Nicolas Sarkozy en tête des suffrages. Même les contrôleurs se croient tout permis…