Depuis dimanche, les médias et les politiques s’arrachent François Bayrou. Fort de ses 18,57%, le candidat centriste, en réussissant à fédérer les électeurs non convaincus par les deux grands partis, a multiplié son score de 2002 par 2,5.
Longtemps boudé par les médias, il en est devenu la star, en mettant savamment en scène sa stratégie de second tour. Si chacun savait qu’il annoncerait la création d’un grand parti démocrate, et se doutait qu’il ne donnerait aucune consigne à ses électeurs -ceux-ci étant trop disparates- toute la presse était aux aguets pour guetter les éventuels signes de ralliement à l’un ou à l’autre.
En bon client, Bayrou a consciencieusement tâclé Nicolas Sarkozy, et mis une petite pichenette à Ségolène Royal. Mais personne ne connaitra son choix personnel pour le second tour… qu’il pourrait toutefois éventuellement révéler. Restez branchés, François a un espace médiatique, autant faire durer le plaisir !
Enfin plaisir, pas pour tout le monde. Si Ségolène y croit –a-t-elle vraiment le choix ?- Nicolas, lui, s’agace de la situation. Le candidat de l’UMP, friand de médias, bout de devoir partager son espace médiatique avec un candidat non qualifié. Et n’a pas manqué de le rappeler hier sur TF1.
Il est vrai que la situation n’est pas rose pour Sarkozy. Son score du premier tour le place comme favori pour le second tour. Néanmoins, le pire ennemi de Sarkozy reste lui-même, et il continue de se jouer des tours.
Ses relations passées avec François Bayrou explique que celui-ci ne perde pas une occasion de le tâcler, de la tentative de tuer l’UDF dès son accession à la présidence de l’UMP, ou encore, comme le révèle le quotidien Sud-Ouest, au deal qu’il a proposé à Bayrou pour faire de l’anti-Chirac.
Heureusement pour lui, Sarkozy conserve une crédibilité supérieure à celle de Ségolène Royal pour être Chef de l’Etat. La candidate socialiste ne convainc pas sur son programme… et d’ailleurs plus personne n’évoque le projet socialiste.
Sa campagne de second tour se résume à proposer un catalogue des personnes qui pourraient figurer à ses côtés pour faire oublier qu’elle serait présidente. Après la proposition de ministres UDF -du jamais vu sous la Vème République- il se murmure dans les couloirs qu’elle prendrait pour Premier ministre… DSK !
A ce stade, Sarkozy n’a pas perdu le leadership sur cette élection, et reste en passe de gagner le 6 mai. Son état-major n’affiche aucun triomphalisme et préfère miser sur la prudence. Quoi qu’il en soit, le calcul du report des voix est de toutes façons extrêmement complexe, eu égard à l’exceptionnelle participation à ce scrutin.
Si d’ordinaire la participation augmente au second tour, il devrait y avoir cette année une mobilisation plus importante de la gauche y compris extrême, qui joue son va-tout, que de la droite et du centre, qui n’ont plus de candidat et, pour une partie d’entre eux, ont exprimé un vote protestataire : ceux là s’abstiendront. Dans cette perspective, la parution de sondages trop favorables à Nicolas Sarkozy pourrait affaiblir la mobilisation de ceux qui votent pour lui de raison.
C’est pourquoi, quoi qu’en dise la presse, ce n’est pas Bayrou qui arbitrera le scrutin, mais bel et bien l’abstention.
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