Politique et Internet : du côté de chez Valls

Invité à participer au petit déjeuner Politique et Internet : je t’aime moi non plus ? par APCO Worlwide et La Revue Parlementaire, Sébastien Gros, directeur de cabinet –et de campagne pendant la primaire- de Manuel Valls a pris la parole pour expliquer sa vision et celle de son patron sur leurs pratiques internet.

Il estime que pendant les primaires, internet a été utile, mais que ce sont les débats télévisés qui ont eu le plus d’impact. Si internet reste une source d’information et de débat, ce support ne modifie pas forcément le vote : on reste sur une démocratie d’opinion.

Et avec une vraie différence entre l’impact national et local. Pour lui, quelques blogueurs peuvent faire le buzz, ainsi que Twitter, mais Facebook ne sert pas faute de pouvoir accueillir le débat. Pour l’équipe de Manuel Valls, internet reste un lieu d’échanges, mais n’a pas de valeur mobilisatrice, à l’exception des meetings. Sébastien Gros insiste d’ailleurs sur la nécessité de prendre en compte la sociologie de son territoire en ce qui concerne internet, la fracture numérique étant encore tenace.

A l’échelon local, Manuel Valls étant maire d’Evry, ils ont tenté d’installer le réseau social ma résidence.fr, dans lequel ils ont investi une certaine somme. A l’heure actuelle, les retours ne sont pas satisfaisants. Ce qui prime reste le rapport humain et les méthodes classiques –porte à porte, présence sur les marchés, …- sont encore les plus efficaces.

En terme de réseaux sociaux, Sébastien Gros était plutôt réticent à ce que Manuel Valls se lance sur Twitter, car ce support n’a d’intérêt que si c’est le politique qui l’utilise lui-même. Non seulement il s’y est mis, mais a été un temps addict… avant de réguler sa participation.

Finalement, l’équipe de Manuel Valls note qu’internet est surtout utile pour la compilation des fichiers, le nerf de la guerre, la diffusion de l’information, et phénomène plus nouveau, la levée de fonds. En effet, lors de la primaire, internet a permis de récolter des dons à l’issue des débats télévisés. C’est une nouvelle tendance qui sera à creuser.

Primaire PS : et les gagnants sont…

François Hollande et Martine Aubry.

Ces deux candidats s’affronteront la semaine prochaine au second tour de cette primaire socialiste.

Résultats partiels estimés à minuit*:

  • François Hollande : 39%
  • Martine Aubry : 31%
  • Arnaud Montebourg : 17%
  • Ségolène Royal : 7%
  • Manuel Valls : 6%
  • Jean-Michel Baylet : 1%

La grande perdante de ce scrutin est évidemment Ségolène Royal. La dame de Poitou Charentes n’obtient que 7% des suffrages, et à peine 18% dans sa région… C’est une claque pour celle qui avait été désigné candidate à la présidentielle de 2007. Le vote portait, à l’époque, uniquement sur les adhérents du PS. Reste que c’est un échec pour l’ancienne candidate.

La grande gagnante est incontestablement la nouvelle génération. Arnaud Montebourg, d’abord, est LE grand vainqueur de cette primaire, après la participation. Il arrive en troisième position. Manuel Valls, de son côté, dépasse son objectif de 5%. Ces scores sont la marque du renouvellement des générations. Les deux candidats, avec leur style très différent mais neuf, ont su séduire au-delà des prévisions. Jusqu’à, pour Montebourg, vampiriser Royal, et incarner l’espoir de cette frange là de la gauche.

Et pourtant ce soir, rien n’est joué pour le second tour… et encore moins pour la présidentielle. Pour François Hollande, l’avance est trop courte pour imaginer l’emporter à coup sûr. Il devra confirmer cette avance et surtout, obtenir les suffrages manquants nécessaires pour l’emporter. Certes, il dispose du soutien de Manuel Valls, mais c’est mathématiquement trop peu. D’autre part, personne ne sait comment va jouer le report des voix. Rien n’est donc perdu pour Martine Aubry, qui peut vraiment l’emporter. Aussi dimanche prochain… Faîtes vos jeux !

*Les résultats seront mis à jour au fur et à mesure. L’actualisation en temps réel se trouve sur le site de la primaire citoyenne.

Primaire du PS : pourquoi j’ai voté

A 9h pétantes, des milliers de bénévoles ont ouvert les 10000 bureaux de vote pour la primaire citoyenne du PS.

Partout en France, des milliers de gens attendaient déjà devant les bureaux pour participer à ce grand exercice démocratique : désigner le candidat de gauche à la présidentielle de 2012.

Comme eux, j’étais dans les starting-blocks, étant donné que je couvre pour le blog toute cette journée de vote. Dans ce cas, autant voter de suite… Car oui, j’ai décidé de voter. Et là je sens poindre en vous la question : mais comment et pourquoi une fille de droite vote à la primaire socialiste ?

Depuis toujours, mon vote se fait en fonction de deux éléments : un programme, et la capacité d’un candidat à l’incarner en tant que président. Ce qui présuppose donc du candidat des compétences politiques, mas aussi une certaine hauteur. En 1995 et 2002, je n’ai eu aucun problème ni état d’âme à voter Chirac aux deux tours. En 2007, la situation s’est compliquée. D’un côté j’étais totalement opposée à Ségolène Royal -j’étais même très investie dans le site internet Segostop- et de l’autre, il n’était pas question de mettre le bulletin Sarkozy. Résultat au premier tour j’ai voté Bayrou, et au second… Chirac. Un vote nul en forme d’hommage.

Mais cette année, j’ai envie de voter utile. C’est à dire que ma voix de citoyenne compte en tant qu’expression d’une sensibilité politique, et que je n’en sois pas réduite à faire un vote art. Et croyez moi, ça n’a rien de simple pour la chiraco-juppéiste que je suis. D’une part, ni Chirac, ni Juppé ne sont candidats. Et même si l’on sent un frémissement en faveur de Juppé, il est peu probable que mon rêve se réalise. Redescendons sur terre. Villepin, que je soutiens, est franchement mal barré pour y aller. Borloo s’est déjà désisté. Bref, c’est la bérézina à droite, où il ne reste plus que celui-pour-qui-je-ne-veux-toujours-pas-voter, ou l’extrême droite. Ce qui pour moi, n’est pas loin de revenir au même.

En effet, les méthodes de Nicolas Sarkozy, qui confond gestion de la France et pouvoir mis à son service personnel –autrement dit intérêt général et intérêt particulier- le disqualifie d’emblée. Au nom de la conception que je me fais de la République, ce qui n’est tout de même pas anodin. Et il me semble que mon statut de citoyenne doit passer avant mon idéologie, lorsque celle-ci est représentée, à mes yeux naturellement, par quelqu’un qui ne respecte plus les valeurs fondamentales de notre République. Dans ce cas, il faut faire preuve de responsabilité –une valeur fondamentale de droite- et de liberté –en se détachant de l’aspect purement idéologique- pour réaliser le choix en son âme et conscience.

Reste alors la gauche. Mais qui, à gauche ? Je ne veux toujours pas de Ségolène Royal, qui fut désignée par le seul parti socialiste en 2007. Mais cette année, tout le monde peut voter pour désigner le candidat de gauche. Ce qui tombe bien, car comme cela, je peux choisir un candidat qui serait pour moi le choix du moins pire, le pire étant représenté au premier tour par le FN et au second par l’actuel président.

Voilà pourquoi je vote aux primaires du PS : je m’estime légitime à y participer, car in fine, si le candidat désigné me semble acceptable, c’est à dire capable de rassembler une majorité de français, il emportera naturellement ma voix. Rien de plus normal, alors, que de le choisir. D’autant que pour voter, il suffit de régler un euro, et de signer la charte des valeurs de gauche. Enfin valeurs de gauche, il faut le dire vite… Valeurs républicaines préemptées honteusement par la gauche serait plus juste. Même si l’on comprend qu’il fallait bien trouver des valeurs dans lesquels un maximum de personne pourraient se retrouver… On avait compris.

En effet, je ne vois pas en quoi notre devise nationale –liberté, égalité, fraternité- serait de gauche, pas plus que la notion de laïcité, de justice, ou de progrès social. Je suis fondamentalement de droite et pourtant, je signe des deux mains me reconnaître dans ces valeurs là. Même si en tant que Fille de Droite, j’ajouterais à mes valeurs l’humanisme (universel et non de droite ou de gauche), la liberté et la responsabilité (traditionnellement reprises par la droite, mais dans lesquelles tout un chacun peut se reconnaître).

Ce candidat aurait pu être le plus proche de mes idées de Fille de Droite et dans ce cas, Manuel Valls l’aurait emporté. Sauf que ça n’est pas la question posée par la primaire. La primaire demande de désigner le candidat de gauche qui concourra à la présidentielle. Et qui donc, risque de faire face au second tour, sauf accident, à Nicolas Sarkozy. Le choix porte bien sur celui qui peut l’emporter, et non sur celui avec qui on prendrait bien un pot. Si Valls est plus proche de mes idées, il ne me semble pas encore réellement présidentiable ni même capable de l’emporter dans cette primaire, beaucoup de socialistes le trouvant trop marqué à droite. Exit donc, le candidat de coeur… qui semble toutefois avoir gagné –en cas de victoire de la gauche- son ticket pour le ministère de l’Intérieur.

Après avoir vu deux des trois débats des primaires, et m’être beaucoup documentée, j’ai estimé que ni Jean-Michel Baylet (vraiment peu présidentiable), ni Ségolène Royal (je ne suis pas fan des patchworks réalisés à partir d’idées prises à droite à gauche sans véritable cohérence, je ne supporte pas le sectarisme, et encore moins la démagogie), ni Arnaud Montebourg (trop à gauche, pourquoi voter pour la copie de Mélenchon, et en plus beaucoup de points de son programme me semblent irréalistes), ni Martine Aubry (trop secrétaire du PS et également trop sectaire, le tout sans offrir une colonne vertébrale suffisante pour faire face au candidat de droite) ne convenaient à ma position. Restait alors François Hollande, qui me semble avoir acquis une vraie stature de présidentiable, tout en tenant un discours mesuré et applicable.

C’est donc avec conviction que j’ai mis ce matin dans l’urne le bulletin François Hollande, ravie de faire à mon tour un peu d’humour corrézien ; en espérant que je pourrai réitérer l’exercice la semaine prochaine pour le second tour de cette primaire, mais surtout, en avril et mai prochain.

Car lui seul me paraît de taille à affronter Nicolas Sarkozy, et le battre. En ce sens, il me semble que j’ai parfaitement répondu à la question posée par cette primaire citoyenne.

Naturellement, ce choix n’engage pas mon vote lors de la présidentielle. Tout cela dépendra des candidats qui seront dans les starting-blocks au premier puis au second tour. J’espère en effet toujours pouvoir disposer d’un candidat de premier tour plus au centre (Villepin ?) tout en rêvant tout haut à une hélas bien trop hypothétique candidature Juppé.

En fonction, le candidat que je choisis cette semaine pourra être mon candidat de premier ou de second tour, ou pas du tout. Le jeu reste complètement ouvert. Reste que j’ai tout de même mis une sérieuse option… au cas où. Avec fierté.

#Primaire du PS : à la recherche du candidat (de gauche) presque parfait

Ce soir, les candidats socialistes et PRG se retrouvaient pour une nouvelle joute, en prélude à la primaire, qui aura lieu partout en France les 9 et 16 octobre prochain.

Dans un décor digne de Questions pour un Champion, ils entendaient livrer leur vision de la France, afin d’éclairer le peuple de gauche, invité à choisir le candidat qui portera les couleurs du PS lors de la prochaine présidentielle.

Le Contexte

La question n’est pas anodine : il ne s’agit pas de faire vaciller le PS un peu plus à droite ou un peu plus à gauche, mais d’être capable de rassembler certes les socialistes au premier tour, puis la gauche au second tour, mais surtout les Français. Et dans leur esprit, si possible avant la troisième mi-temps, sinon ils pourraient avoir la gueule de bois. Et ça, tout le monde sur le plateau ne semble pas l’avoir compris. Certains se croient manifestement en congrès du PS : les petits candidats à raison, d’autres parce qu’ils ont perdu de vue l’enjeu qui les attend… Oups.

En tant que citoyenne de droite en mal de candidat –je me refuse absolument à voter Sarkozy, Juppé n’ira pas, et Villepin est pour l’instant dans les choux- je pense que la question est centrale : quel candidat de second tour sera en mesure de récupérer les voix orphelines de droite et de centre droit ?

Parce que quoi qu’en croient les adhérents du PS, dont le vote est acté à gauche, la différence de voix nécessaire pour l’emporter se fera bien sur les indécis, et j’en fais partie. Oui, c’est nous, électeurs sans candidat évident pour le second tour, qui allons déterminer quel sera le prochain président. Autant vous dire que ce débat nous intéresse au plus haut point. Eh oui, c’est comme ça : nous autres gens de droite non sarkozystes, nous votons aussi. Reste à savoir pour qui.

Crash Test

C’est pourquoi, pour déterminer celui ou celle qui serait à mes yeux le ou la meilleur(e) candidat(e) pour rassembler plus de 50% des voix au second tour de la prochaine présidentielle -sous réserve qu’il y ait bien un candidat de gauche au second tour et que Marine ne fasse pas le même coup que son pater en 2002, il s’entend- de réaliser un crash test, à partir d’un combo entre Le Candidat Star La Nouvelle Star et Le Candidat Presque Parfait Le Dîner Presque Parfait.

Autrement dit, en attribuant à chaque candidat des rouges et des bleus, selon quatre critères :

  • Capacité à faire face à la crise (Economie)
  • Capacité à répondre aux enjeux sociétaux (Société)
  • Capacité à rassembler les Français (et non juste la gauche)
  • Crédibilité en tant que présidentiable

Naturellement, ce crash test est totalement subjectif. Reste que j’ai une double légitimité à le réaliser. D’une part, je suis électrice, je serai donc appelée aux urnes au printemps 2012, et je suis orpheline de candidat de second tour, voire même peut être dès le premier tour. D’autre part, je suis une observatrice patentée de la vie politique, ce qui m’octroie une certaine connaissance des dossiers, et ce sans dépendre d’une idéologie.

Dernière raison et non des moindres, ma mère veut mon avis, parce que peut être qu’elle va voter aux primaires. Et si elle peut se faire son avis par elle-même –Ségo t’es morte, ma mère était instit et te déteste !!!-, avouez que les réactions de Fifille-qui-connaît-ses-dossiers, ça peut éventuellement éclairer et aider à la décision. Alors maman, c’est AUSSI pour toi que je me suis dévouée à rédiger ce papier. Autrement dit tu as intérêt à le lire !!!

Alors forcément c’est long. Du coup, pour un plus grand confort de lecture, je vous invite à cliquer sur l’article résumant la prestation de chaque candidat. Bah oui, vous ne comptiez tout de même pas vous décider sur un slogan ???

Il faut donc en passer par le fond, et étudier le discours de chacun. C’est parti pour ce crash test, et autant vous le dire tout de suite, certains vont manger le mur !

Résultats

Pour reprendre la métaphore footballistique que j’affectionne tant, le match de ce soir s’est joué en 2-2-1-1.

  • Deux candidats en poste d’ailiers droits et gauche du PS : Manuel Valls, et Arnaud Montebourg, qui ont tenu leur position avec cohérence, visant chacun l’élargissement de leur influence au sein du parti socialiste, car ces deux là ne jouent pas pour gagner. D’où la cohérence affiché par ces deux candidats, chacun à un extrême du spectre socialiste, même si elle ne peut parvenir à une synthèse. Une stratégie qui pourrait porter ces fruits, et qui positionnent ces deux politiques de la « jeune génération » – toute proportion gardée…- favorablement pour la grande distribution des ministères.
  • Deux défenseurs de l’idéologie socialiste : Ségolène Royal, à la recherche de la bonne idée marketing qui pourrait lui donner quelques points, et Martine Aubry, qui voudrait le consensus pour se prévaloir de rassembler tous les courants. Si la première est opportuniste et portée par l’espoir d’emporter la primaire comme en 2007 en accumulant les effets d’annonce à balancier –un coup à bâbord, un coup à tribord,- et risque fort de finir en toupie à tourner sur elle-même, la seconde se croit au congrès du PS et reste cloîtrée dans son ancien rôle de Premier Secrétaire, trop soucieuse de ne pas montrer trop de divisions pour parvenir à vraiment exposer ses idées. Hors sujet.
  • Un remplaçant tout juste sorti du banc de touche et pas encore bien échauffé : Jean-Michel Baylet, qui a le mérite de venir représenter son courant.
  • Un libéro, François Hollande, le seul capable de prendre suffisamment de hauteur dans le débat, et de redistribuer les cartes. Le tout sans faire de fausses promesses, et en intégrant la nécessaire composante européenne car ne rêvez pas, on ne sortira pas de l’Euro d’ici la présidentielle. Pragmatisme ! Bref, le seul à restercalme et à ne pas parler en même temps que tout le monde, il est resté au dessus de la mêlée, se posant souvent en animateur voire réalisant la synthèse, et écoutant ses adversaires pour mieux envisager d’intégrer leur idées au projet final.

Car c’est bien cela qui est en jeu à travers ces débats. Comme le disait très justement Jean-Michel Baylet à l’issue du débat, « le projet commun ne sera pas celui du PS, qui est déjà dépassé ». Un constat que semble partager Arnaud Montebourg : « Il est temps de dépasser le premier étage du projet du PS » même si Martine Aubry défend encore ce projet, logique vu le temps qu’elle a passé à le faire adopter ! Reste une évidence : le candidat issu de cette primaire aura à construire un nouveau projet, celui qui sera présenté aux Français.

Voilà le défi qui attendra très certainement… François Hollande, qui à mon sens, confirme ce soir l’avance que lui donne ces sondages -qui ne veulent absolument rien dire vu qu’on ne connaît pas le corps électoral.

Le corrézien paraît en tout cas le mieux armé pour faire face à la crise que traverse notre pays. Et a confirmé ce soir avoir enfin acquis une vraie stature de président.

Manuel Valls, le réaliste

« Voter pour moi, c’est voter utile »

Un peu échaudé par la surenchère de propositions toutes plus rigides les unes que les autres du trio Royal-Aubry-Montebourg, Manuel Valls remet les pendules à l’heure d’emblée : « je ne crois pas aux effets d’annonce. La première mission du prochain président sera de nommer un vrai premier ministre ». Et vlan, dans les dents de Fillon, le collaborateur de, qui ne peut réellement gouverner face à un président qui s’est fait élire pour occuper le poste de Premier Ministre auquel le Président Chirac s’était toujours refusé à le nommer.

Autre proposition sur les institutions, l’indépendance de la justice : « j’interdirai tout de suite l’ingérence de l’exécutif dans les affaires judiciaires et je sauvegarderai le juge d’instruction ». Une position proche de celle de Villepin, qui va plus loin, en proposant un procureur général de la Nation, déconnecté du pouvoir. On sent là le poids des affaires, qui a remis cette thématique au cœur de la campagne, et dont personne ne pourra sérieusement faire l’économie.

Sur le plan économique, Manuel Valls entend proposer la création d’un ministère de la production industrielle, pour soutenir la compétitivité de notre pays. Encore une thématique chère à Villepin, même si les moyens pour y parvenir diffère. Reste que le soutien de la croissance passe, pour les deux hommes, par la sauvegarde de notre tissu économique, et donc des PME et PMI.

Tout comme sa proposition de TVA sociale, qui dans sa description, n’est pas très éloignée de la TVA 3E du même Villepin. Rappel de ce qu’est la TVA sociale : cela consiste à augmenter la TVA pour financer la protection sociale, en échange d’une baisse des charges des entreprises. Proposition fortement récusée par Arnaud Montebourg, qui l’a qualifiée de proposition de droite. Se prenant en pleine dent un « Personne n’a le monopole de la gauche » bien senti.

Proposition également retoquée par Martine Aubry, qui pense que cela pénalisera les populations les moins favorisées, et préfère la proposition de Baylet. Hey Martine, tu crois qu’on n’a pas compris que tu cherches à pécho les voix de Baylet au second tour ? Chupa ! A noter que les augmentations d’impôts toucheront tout le monde, et que si l’aile gauche aimerait ne faire payer non plus que les riches, mais juste le grand capital, la justice sociale c’est aussi que tout le monde participe à l’effort nécessaire pour le pays. Ce afin de préserver l’emploi, et la croissance.

Pour Valls, les principaux problèmes sont l’endettement trop important et le fort chômage des jeunes : « L’effort que nous devons faire sera aussi important que celui que la France a dû faire après la guerre. La première priorité, c’est le désendettement ». Voilà un discours fort réaliste et profondément audible. Et un constat évident : « On ne pourra pas dépenser un euro supplémentaire sans mettre en oeuvre une politique fiscale majeure. Les prélèvements obligatoires augmenteront, à condition que cela soit juste ». Là encore, Valls est exactement sur la ligne de Villepin, qui part du même constat et annonce des augmentations d’impôts dans son programme selon le même principe de justice fiscale.

Sur la sécurité, un sujet dont il s’est emparé il y a longtemps, Manuel Valls rappelle que « La droite s’est fait élire en grande partie en 2002 comme en  2007 sur la question de la sécurité et avec la volonté de réduire l’insécurité. Or aujourd’hui 1 français sur 5 se sent en insécurité. A gauche, nous devons être crédibles pour parler de ce sujet ». Pour lui, il faut généraliser les police municipales, qui ont un rôle de police de proximité.

Mais avant, tout, « la première des réponses, ça doit être la réorganisation des services publics ». Une position qui recueille l’assentiment de Martine Aubry, laquelle pointe la nécessité de moyens : « Il faut mettre 10 000 policiers en plus ; ça coûte 300 millions d’euros ». Enfin sur l’immigration, je note une énième convergence entre Valls et Villepin, le candidat socialiste prônant le changement des titres de séjour.

Toujours réaliste, le maire d’Evry rappelle que « tout ne viendra pas en haut, il faudra faire avec les énergies du terrain ». Lapalisse n’aurait pas dit mieux, mais il faut bien rappeler certaines évidences à Montebourg et Royal, déconnectés des réalités. Ainsi, il rappellera à plusieurs reprises son leitmotiv : « Nous ne pourrons pas tout faire, nous devrons choisir ». Enfin un discours de vérité…

Son score

  • Capacité à faire face à la crise (Economie) : 1
  • Capacité à répondre aux enjeux sociétaux (Société) : 1
  • Capacité à rassembler les Français (et non juste la gauche) : 0,5
  • Crédibilité en tant que présidentiable : 0

Total : 2,5 bleus – 1,5 rouges.

Made in Tribord

Très inquiet de la surenchère des propositions de certains candidats, tous plus dirigistes et démagogiques les unes que les autres, Manuel Valls a fort bien tiré son épingle du jeu. Cependant, son discours très à droite du PS ne lui permettra pas de remporter cette primaire. Il a cependant le mérite de faire évoluer le parti socialiste vers des positions plus réalistes, notamment en matière économique. Une bonne prestation, donc, pour ce candidat.