Des vieux et des ordis… ad vitam eternam !

Cet après midi, j’ai découvert cette note sur le blog d’Une dinde à New-York, sur les vieux –comprendre, les parents, voire parfois les z’amis des parents- qui nous demandent systématiquement à nous, les jeunes -plus si jeunes-, pourquoi « Ca ne marche pas ».

Parce qu’avec eux, quel que soit l’outil informatique, ça ne marche jamais. Et en plus, ça n’est jamais de leur faute. Quoi qu’il arrive, c’est toujours de la faute de l’objet. Et ça n’est jamais eux qui ont cliqué. Ja-mais ! Même si 95% des fois, ils ont cliqué.

Ce billet me rappelle donc des souvenirs… plus ou moins récents. En effet, nos parents ont cette incroyable faculté de ne rien retenir dès qu’il s’agit d’informatique. Un Alzheimer sélectif qui ferait s’arracher les cheveux de Bill Gates ou Steve Jobs. Parce que pour nos parents, Windows 7 est aussi obscur que Windows 3.1, ils semblent totalement hermétiques à la moindre évolution des systèmes et logiciels pourtant destinés à leur simplifier la vie. Comme dirait Gilloux 99, rester sous DOS aurait finalement été plus pertinent.

Bon j’exagère un peu, au fil du temps, ils ont à peu près appris à se débrouiller sous Word –même s’ils sont les seuls sur terre à utiliser encore Word Art- et parviennent à envoyer des emails… depuis leur PC. Voire même depuis un autre PC. Mais pas depuis leur téléphone. Faut pas déconner. Mon père est allé un peu plus loin, j’ai réussi à lui apprendre à mettre des documents en ligne via FTP. Ca en jette, un. Bon, je lui ai naturellement interdit de toucher à tout ce qui pouvait compliquer les choses –ce qu’il a scrupuleusement noté sur son petit carnet- et finalement, il sait juste balancer un document… d’une fenêtre à l’autre. Comme dans l’explorateur Windows.

Reste que depuis près de 20 ans –Gilloux 99 étant féru d’informatique, nous avons eu très tôt la main geek- ils nous bassinent avec les mêmes appels désespérés : « le machin a planté mon PC », « Le truc est parti », suivi du traditionnel « j’ai rien fait » et du tout aussi récurrent « mais non j’ai pas cliqué ». Alors que pour nous, ça s’est passé nettement plus simplement. Mon frère m’a appris à utiliser le bouzin, mais je ne lui ai pas demandé 50 fois les mêmes choses. Et pourtant, je ne suis pas plus intelligente que mes vieux, et je ne m’y connaissais pas plus qu’eux quand j’ai commencé.

Vingt ans qu’ils ne comprennent pas :

  • Qu’on ne sait pas ce qu’est le machin et que toute description sera nécessaire au sauvetage du bouzin : quand vous appelez les pompiers, dites vous « y’a un truc qui est rentré là », ou précisez vous la nature de l’accident ? Bah pour la hotline à distance, c’est pareil
  • Que l’ordinateur, fusse-t-il capable de plein de choses, ne décide de rien tout seul et que par conséquent, une action même involontaire a nécessairement déclenché le problème
  • Que le reconnaître nous mettra dans de meilleures disposition pour aider à le résoudre. Proscrire les phrases commençant par « l’ordinateur a » est un préalable, ainsi que les « j’ai pas fait ça ». Nous, on a admis très vite qu’on faisait des boulettes, et on n’en est pas mort.
  • Qu’ils pourraient faire un effort pour apprendre au lieu de systématiquement compter sur nous pour gérer leur PC, en théorie l’autonomie s’apprend dans les 5 premières années de vie –est-ce qu’on leur demande encore de changer nos couches ?- et le concept s’adapte parfaitement à l’informatique
  • Qu’on est leurs enfants et qu’on peut rendre service, mais on aimerait aussi se limiter au véritable sauvetage de l’ordinateur, qui hélas pour nous et tant mieux pour eux, se limite à 1% des appels

Pour terminer et parce que le monde de l’internet permet aussi de s’entraider, voici un petit guide de survie pour ceux qui ont des parents informatiquement récalcitrants :

  • Etablir des règles strictes : un cours est un cours, l’élève doit être attentif et motivé. Proscrire, donc, les « attends y’a mamie qui appelle ». Mamie rappellera, on n’a pas que ça à foutre. Et si Mamie est prioritaire, c’est donc qu’il n’y a pas une telle urgence. Toujours relativiser.
  • Exiger que l’élève ait son matériel. Comprendre, un carnet dédié et un stylo, dont il devra se servir. Afin de retrouver les choses que vous lui avez déjà expliqué.
  • Cadrer le sujet, en évitant au maximum que ça parte dans tous les sens. Parce que les parents sont champions du monde pour passer d’une question de Word à l’explorateur Windows, en balançant avec la vitesse de l’éclair un « j’ai compris » péremptoire… qui vous mènera immanquablement à ce que la même question soit reposée. Donc on finit sur le problème de Word, on vérifie que le parent a bien noté la procédure, on lui refait faire l’exercice pour assurer le coup (autant de fois que nécessaire), et après, on passe à d’autres questions.
  • Limiter la durée. On a une vie aussi, et l’attention des élèves étant limitée dans le temps, inutile d’essayer d’expliquer tous les logiciels et le système en 2h, ils ne pigeront rien et on sera bon pour recommencer.
  • Eviter le langage de Geek. Que celui qui n’a pas eu à expliquer pourquoi il disait « Pomme C, Pomme V » pour le copier/coller alors que ses parents sont sur PC -et que par conséquent, ils n’ont jamais trouvé la pomme- me jette la première disquette 5 pouces 1/4 ou 3 pouces 1/2 s’il est trop jeune.

Les miens ont un peu évolué, tout de même, et si on a encore droit à des « l’imprimante ne marche pas », on sait qu’ils ont déjà appuyé sur ON, et désormais ça n’est en général plus qu’une question de drivers ou d’installation en mode Wifi.

D’ailleurs, ma mère s’est même mise à aider une de ses copines. Ce qui par extension, nous a valu un ou deux appels, mais grosso modo elles se débrouillent. J’avoue parfois franchement me marrer en les imaginant toutes les deux tenter de se débattre avec le bouzin. Parce que ça fait plusieurs semaines qu’elles se débattent avec la connexion internet (LiveBox en même temps, quelle idée de choisir France Télécom…), un logiciel de télétransmission pour carte vitale, et autres petits soucis. Je ne voudrais pas dire, mais plusieurs semaines sur de tels problèmes, en théorie c’est impossible. Bref.

Ca ne me re-gar-de pas. Mais ça reste über priceless. Moins drôle, comme elle lit ce blog, je pense difficilement échapper à la conversation téléphonique qui ne manquera pas d’arriver, en mode « Tu exagères ! Je ne suis pas comme ça ! ». Maman, c’est un blog, je rigole de ce que je veux, et oui, tu as techniquement bien progressé, mais avoue que tout de même, tu penses encore trop souvent que Lucifer a pris possession de ton ordi, alors qu’au pire il a buggé –ce qui arrive- et que parfois, tu es simplement trop fatiguée pour comprendre la conséquence de l’action commise à l’insu de ton plein gré. Et que cette mauvaise foi tenace fait un bon sujet pour rigoler.

Et les vôtres, ils sont comment ? Courage, vous en avez juste pour l’éternité !

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